Baromètre Energie 2020-L'argus. L'hybride prend le pouvoir
L'argus publie les résultats de la quatrième édition de son baromètre sur l'avenir des énergies automobiles. Si l'électrique frémit dans les intentions d'achat, la tendance 2020 est aux motorisations hybrides au détriment de l'essence.
Selon les acheteurs interrogés, 1/3 envisagent d'acheter un véhicule hybride alors que l'électrique progresse lentement.
ETIENNE ROVILLE
Quel type de moteur envisagent les acheteurs particuliers pour leur prochain véhicule ? Une question primordiale à l’heure où l’industrie automobile doit accélérer sa transition écologique sous la pression des décisions de l’Europe (réduction drastique des émissions de CO2, des particules fines, stratégie axée sur l’électrification des véhicules), mais aussi de l’État français (malus écologique plus sévère, taxe sur le poids des véhicules à partir de 2022, nouvelles zones à faibles émissions en 2021…). Mais ce volontarisme politique a-t-il un impact sur les intentions d’achat ? Pour le mesurer, L’argus a sondé les futurs acheteurs*. Si les moteurs thermiques restent majoritaires dans les achats à court terme (moins de six mois), ils passent pour la première fois sous la barre des 50 % dans notre Baromètre énergies 2020, dont voici les grandes tendances :

Hybride. Rechargeable ou non, cette motorisation prend le pouvoir, avec désormais presque un tiers des intentions d’achat (+ 6 % par rapport à 2019). Elle est perçue comme le meilleur compromis, avec nettement moins de contraintes (autonomie et disponibilité des bornes de recharge) que l’électrique. Cet engouement est aussi lié à une offre qui a pris de l’épaisseur cette année. La plupart des constructeurs proposent désormais un ou plusieurs modèles équipés d’une architecture hybride rechargeable, alors que les constructeurs asiatiques (Hyundai, Kia, Lexus et Toyota) ont été rejoints par Renault sur l’hybride classique.
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Diesel. Il continue son lent déclin et se cantonne à environ un quart des intentions d’achat (– 4 %). Si cette énergie n’est plus en odeur de sainteté, elle conserve, en l’absence d’alternative pertinente, un noyau dur de clients. Le moteur à gazole continue d’offrir des coûts d’usage imbattables pour les grands rouleurs et les sociétés. Cette baisse est d’autant plus inéluctable que nombre de constructeurs ne le proposent plus à leur catalogue, à l’image de Renault sur le récent Captur, ou réduisent considérablement leur offre, comme Peugeot, qui substitue le 2.0 BlueHDi (sauf sur le 5008) par l’hybride rechargeable. À l’inverse, les marques allemandes premiums (Audi, BMW et Mercedes-Benz) investissent encore sur le diesel dans le but de maintenir les ventes de leurs SUV de haut de gamme. Néanmoins, le coût de sa dépollution pour respecter la future norme Euro 7, qui est en cours de discussion au Parlement européen (possible entrée en vigueur en 2025), deviendra exorbitant pour les constructeurs généralistes, d’où son abandon progressif d’ici à 2025.
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Essence. Le sans-plomb poursuit sa baisse d’attractivité dans les intentions d’achat (23 %, soit –8 %). Pourtant, si l’essence est incontournable dans les immatriculations neuves et les transactions en occasion, les acheteurs sont de plus en plus sensibles à l’hybride, une technologie vue comme plus moderne et technologique. D’ailleurs, l’avenir de ces motorisations passent par l’électrification sous la forme d’une micro-hybridation (petite machine électrique et batterie 12 V ou 48 V), qui améliore la récupération de l’énergie, mais ne propose pas (encore) de roulage en 100 % électrique. Ce système a commencé à se répandre en 2020 et va se généraliser à très court terme.
Électrique. Ce type de véhicules progresse, avec 14 % des intentions d’achat (+4 %), et dépasse son plafond de verre. Le marché du VE à batterie enregistre une hausse de ses ventes grâce à l’arrivée de nombreux modèles (Peugeot e-208, Volkswagen ID.3…) et surtout aux aides de l’État (bonus écologique de 7000 € et prime à la conversion). Néanmoins, au regard de sa part de marché, la voiture électrique progresse à son rythme, toujours pénalisée par son prix, les difficultés pour recharger (en zone urbaine) et son autonomie limitée (en zone rurale). On note toutefois que les possesseurs d’un véhicule à énergie alternative sont fidèles : ils sont 91 % à vouloir renouveler leur achat, là où les possesseurs de véhicule diesel ne sont que 39 %.
Hydrogène. Sans offre réellement disponible, l’hydrogène représente surtout une curiosité pour les consommateurs et son intérêt commercial reste à confirmer.
Image de marque. Toyota et sa large gamme hybride, Tesla et son audace, Renault et sa vision de l’électrique grand public sont les marques les plus associées aux énergies alternatives. Si les Renault Zoé et Toyota Prius sont les modèles les plus cités, les répondants ont du mal à se souvenir d’un modèle Tesla précis.
L’occasion préfère toujours le diesel
La première motivation d’achat d’un véhicule d’occasion demeure le prix et le coût d’usage. Par conséquent, le diesel reste incontournable en occasion, avec encore 39 % d’intentions d’achat (niveau égal à celui de 2019) et 32 % pour l’essence (– 2 %). Ce dernier type d’automobile est concurrencée par les prix accessibles du diesel. 15 % se tourneront vers une seconde main hybride, alors que l’électrique, certes en légère hausse (+3 %), ne rassemble que 7 % des intentions d’achat. L’offre limitée en occasion expliquant aussi cela.
(*) Méthodologie. Enquête réalisée en ligne sur L’argus.fr entre le 1er septembre et le 10 octobre 2020. 1493 répondants. Le profil moyen du panel du Baromètre énergies 2020 est un homme de 56ans, retraité (42%) et vivant dans une petite ville (40%).
L'étude complète est commercialisée par le service valorisation de L'argus (contact Nicolas Carron).