Boîtes noires. Non, elles ne seront pas obligatoires en occasion
Des enregistreurs de données imposés même sur les voitures d'occasion dès 2024 ? Cette information, vous l'avez peut-être lue sur les réseaux sociaux, sur d'autres sites, voire dans certains journaux. Mais cet équipement controversé sera pourtant seulement obligatoire sur des modèles neufs.
Même si on lit beaucoup cette information, les voitures d'occasion ne devraient jamais être obligées d'embarquer une "boîte noire" : ce dispositif sera seulement obligatoire sur les modèles neufs.
PATRICK BERNARD
Qu'elle soit vraie ou fausse, l'information circule très vite sur Internet. Depuis quelques jours, il y a ainsi un sujet qui "fait le buzz" : celui des boîtes noires bientôt obligatoires dans nos voitures. En cas d'accident, elles seront ainsi capables d'envoyer diverses informations pour aider à éclaircir les circonstances du crash, comme c'est aujourd'hui le cas dans l'aviation : vitesse du véhicule, freinage, position et inclinaison sur la route… L'argus, qui a été l'un des premiers à vous en parler, est souvent cité. Mais hélas, si cette réglementation européenne controversée est bien une réalité, l'interprétation qui en a été faite est bien souvent erronée. Il n'a, en effet, jamais été question d'appliquer le même traitement aux véhicules d'occasion.
Voitures neuves équipées en deux temps

Cette erreur provient, en partie, d'un communiqué du parlement européen imparfaitement traduit. Daté d'avril 2019, il indiquait que « cette législation devrait s'appliquer à partir de mai 2022 pour les nouveaux modèles et en mai 2024 pour les modèles existants ». Une phrase qui peut laisser penser que, dans à peine trois ans, toutes les voitures en circulation devront être équipées de ce fameux "enregistreur de données", y compris celles de seconde main. Mais en réalité, comme de coutume avec ce type de réglementation, seuls les constructeurs automobiles sont visés. La première date, qui devrait finalement être plutôt le 6 juillet 2022 d'après le règlement UE 2019/2144 du 27 novembre 2019, s'applique seulement aux nouvelles homologations. Ensuite, les marques disposent d'un délai de deux ans pour équiper toute leur gamme disponible au catalogue, y compris les modèles qui n'auraient pas évolué durant cet intervalle de temps. Un moyen pour eux d'adapter leurs outils de production progressivement.
Le véhicule d'occasion, jamais obligé de s'adapter


Cette généralisation en deux temps est d'ailleurs habituelle. L'Union européenne a déjà procédé ainsi pour imposer peu à peu l'antidérapage ESP, l'appel d'urgence automatique ou les airbags. Autant d'équipements obligatoires en neuf parfois depuis longtemps, mais qui n'ont jamais été imposés en occasion si votre voiture n'en disposait pas d'origine. Même topo pour les normes antipollution Euro. Alors qu'elles se sont durcies peu à peu, il n'a jamais été demandé aux automobilistes d'adapter leur fidèle monture aux nouvelles exigences dans le domaine. Si vous êtes propriétaire d'une voiture d'occasion, vous n'aurez donc pas à l'équiper d'une boîte noire capable d'envoyer des informations en cas d'accident.
"Big Brother" est déjà à bord aujourd'hui

Mais en neuf, dès la mi-2024, il devrait devenir impossible d'échapper à ce dispositif. Un "Big Brother" intégré qui peut légitimement inquiéter, même si les données seront anonymisées et si elles sont déjà récupérées par le calculateur central de votre véhicule depuis longtemps. Sachez d'ailleurs que, depuis janvier 2021, la Commission Européenne demande déjà à pouvoir connaître la consommation de carburant, le nombre de kilomètres parcourus ou encore la vitesse pour chaque trajet grâce à un petit logiciel. Sans oublier, pour les modèles hybrides rechargeables, souvent pointés du doigt par les associations écologistes, le temps réellement passé à rouler en électrique. Un autre type de mouchard qui est passé nettement plus inaperçu.