Chiffres exclusifs boîtiers E85. Les régions qui en ont installé le plus en 2022
Dans certaines régions comme les Hauts-de-France ou l’Île-de-France, des aides permettent de réduire les coûts d’installation d’un boîtier de conversion à l’éthanol. Ces subventions sont-elles réellement efficaces ? L’argus vous propose de le découvrir grâce aux données de NGC-Data®.
Grâce aux données de transformations de cartes grises fournies par NGC-Data®, L'argus vous propose de découvrir en exclusivité quelles régions ont installé le plus de boîtiers E85.
L'argus
Comment faire un geste pour les automobilistes en ces temps de prix des carburants très élevés ? Quatre régions ont dégainé la même solution : aider à payer la transformation d’un véhicule pour qu’il roule au superéthanol E85. Ce mélange d’alcool d’origine végétale et de sans-plomb affiche en effet des tarifs plancher à la pompe grâce à une fiscalité très avantageuse. Même s’il engendre une surconsommation et si son prix a augmenté plus vite que celui de l’essence ces derniers mois, l'éthanol peut donc permettre de faire des économies. Mais, pour respecter la loi, les automobilistes qui souhaitent l’utiliser doivent faire poser un boîtier homologué. Cet appareil se charge ensuite d’augmenter la durée d’injection du carburant pour s’adapter aux propriétés de l’éthanol. Pose comprise, cette modification peut exiger entre 700 et 1 500 € environ en fonction de la complexité du moteur. C’est cet investissement qui est partiellement pris en charge par l’Île-de-France, les Hauts-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une liste dont faisait également partie le Grand Est jusqu’au 31 janvier 2022. L’argus a voulu vérifier l’efficacité de ces subventions grâce aux données de NGC-Data®.
Comment avons-nous procédé ?
Comme évoqué dans notre précédent article sur les marques, modèles et tranches d’âges les plus souvent convertis, nos statistiques recensent seulement les transformations de cartes grises. Elles ne tiennent donc pas compte des automobilistes qui auraient fait poser un kit de conversion homologué sans accomplir cette démarche administrative, obligatoire pour éviter une contre-visite au contrôle technique et pour compléter les différents dossiers de demande d’aides régionales. Cela explique au moins partiellement pourquoi nous arrivons à un total de 52 332 véhicules particuliers, alors que la filière du bioéthanol avait évoqué environ 85 000 boîtiers installés en 2022 lors de sa conférence annuelle. Les possibles retards dans le traitement des dossiers ont également pu engendrer un décalage. Mais nos chiffres demeurent assez élevés pour être représentatifs.
Palmarès des régions
C’est dans le Grand Est qu’il y a eu le plus grand nombre de certificats d’immatriculation modifiés après un passage à l’éthanol l’an dernier : 8 445, soit environ 16 % du total. La présence d’une aide régionale qui se terminait en fin d’année dernière a sans doute motivé bon nombre de ces habitants à passer le cap rapidement. Mais la palme de la plus grosse progression revient à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui se classe deuxième. Le nombre de conversions y a été multiplié par 7,5, passant de 981 en 2021 à 7 361 en 2022 ! Cette fois, c’est sans doute le doublement du « chèque transition énergie » entre le 1er mars et le 31 juin 2022 qui a joué le rôle d’accélérateur. Durant cette brève période, 500 € étaient accordés pour le montage d’un boîtier homologué, au lieu de 250 € en temps normal. La troisième position montre toutefois que les subventions ne font pas tout. Elle est en effet occupée par l’Occitanie, qui ne propose aucune aide de ce type. Mais c’est aussi dans cette région que l’on trouve le plus grand nombre de stations distribuant de l’éthanol en France.
Adoption timide en Île-de-France
Au quatrième rang, on retrouve une collectivité locale « généreuse » : les Hauts-de-France. En revanche, il faut descendre à la sixième place pour trouver l’Île-de-France, qui offre pourtant 500 € en cas de passage à l’éthanol depuis le 1er juillet dernier. En 2022, seuls 4 711 automobilistes ont profité de ce coup de pouce. C’est 389 % de plus qu'en 2021, ce qui en fait la deuxième plus forte progression du classement. Mais on reste bien loin de l’objectif de « 30 000 boîtiers installés d’ici à la fin de l’année […] soit 15 millions d’euros d’aide » qui avait été annoncé par la présidente de la région, Valérie Pécresse, lors de la mise en place de ce dispositif. On comprend donc mieux pourquoi cette subvention a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2023, alors qu’elle devait initialement s’arrêter un an plus tôt.
Pour les territoires qui ferment la marche dans notre classement, c’est davantage le manque de stations-service proposant de l’E85 qui semble en cause. La Corse, bonne dernière, n’en dénombre même aucune. Les trois automobilistes qui se sont convertis à l’éthanol là-bas risquent donc d’avoir du mal à se ravitailler. Mais, en janvier 2023, chacune des cinq autres régions qui figurent en bas du palmarès comptait aussi moins de 200 établissements distribuant ce carburant « vert ». Un nombre bien éloigné des 455 pompes recensées en Occitanie.
Le classement complet des installations par région
Position | Région | Nombre de boîtiers en 2021 | Nombre de boîtiers en 2022 | Évolution 2021/2022 |
1 | Grand Est | 2 467 | 8 445 | 242,3 % |
2 | Provence-Alpes-Côte d'Azur | 981 | 7 361 | 650,4 % |
3 | Occitanie | 1 522 | 5 588 | 267,1 % |
4 | Hauts-de-France | 1 677 | 5 228 | 211,7 % |
5 | Nouvelle-Aquitaine | 1 290 | 5 021 | 289,2 % |
6 | Ile-de-France | 963 | 4 711 | 389,2 % |
7 | Auvergne-Rhone-Alpes | 1 205 | 4 704 | 290,4 % |
8 | Pays de la Loire | 1 035 | 3 511 | 239,2 % |
9 | Normandie | 651 | 2 371 | 264,2 % |
10 | Bourgogne-Franche-Comte | 550 | 2 059 | 274,4 % |
11 | Bretagne | 431 | 1 958 | 354,3 % |
12 | Centre-Val-de-Loire | 320 | 1 372 | 328,8 % |
13 | Corse | 1 | 3 | 200 % |
Total | 13 093 | 52 332 | 299,7 % |