Citroën C4 2020 vs Toyota C-HR : premier match de la berline française
Après sa présentation, la C4 III doit affronter ses premières rivales. Plutôt que de l'opposer à une berline classique, Renault Mégane ou Ford Focus, notre choix s'est porté sur la Toyota C-HR, à la philosophie décalée très proche de celle de la nouvelle berline compacte de Citroën.
A peine vient-elle d'être présentée que la nouvelle C4 se retrouve déjà face à sa première rivale, la Toyota C-HR.
Adrien Cortesi
[Mise à jour le 16/11/2020] Le projet C41, concernant la nouvelle berline compacte de Citroën est intéressant à bien des égards. En effet, dès le départ cette C4 a été conçue comme une « véritable berline du segment C » nous a confié Marc Pinson, responsable design du projet. De là à affirmer que le modèle qui occupait alors cet espace ne l’était pas véritablement, il n’y a qu’un pas que notre homme n’a pas franchi. Pourtant, la C4 Cactus, née SUV urbain et repositionnée, lors de son restylage en 2018, en berline compacte, a eu bien des difficultés à rentrer dans ce nouveau costume, trop grand pour elle. Ainsi, la C4 III (mettons de côté le modèle de 1928…) ne devait laisser aucun doute sur son positionnement. Et pourtant…
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Depuis que L’argus vous parle de cette nouvelle génération, les premiers articles remontent à plus de deux ans, la hauteur de caisse de cette auto intrigue : Citroën veut une garde au sol élevée. L’expérience d’une berline compacte relevée a déjà été tentée, au sein même du groupe PSA. Marc Pinson, était déjà à la manœuvre en tant que designer du duo C4 II / DS4. Toutefois, depuis cette époque, la tendance des SUV a explosé, et elle s’est surtout diversifiée en intégrant des codes d’autres segments, notamment celui des coupés. Pour preuve, le Toyota C-HR, qui mélange les genres avec une originalité certaine, parvient à tirer son épingle du jeu. Ainsi, malgré un positionnement entre deux mondes (SUV urbain ou compact), il est la deuxième meilleure vente de la marque en France en 2019, et il devance le Renault Kadjar, au niveau européen.
SUV tendance décalée
N’allez pas croire que le C-HR tombe dans ce face-à-face comme un cheveux sur la soupe. Le SUV Toyota affiche de nombreuses similitudes avec la nouvelle C4. A commencer par la philosophie : dans les deux cas il s’agit d’offrir au consommateur un objet décalé au style volontairement clivant. Issu du concept éponyme présenté au Mondial de Paris 2014, le C-HR a su trouver son public malgré, ou plutôt grâce à un design particulier, très loin de l’image policée et passe-partout véhiculée alors par la marque japonaise. C’est également l’objectif de Citroën en proposant cette C4 qui entend « rompre avec la monotonie ambiante de ce marché très normé », insiste Marc Pinson. La C4 III surprend autant qu’elle intrigue, comme le C-HR à sa sortie. Ainsi, nos deux protagonistes du jour arborent des flancs très marqués et des éléments graphiques prononcés. Bref, ils ne passent clairement pas inaperçus.
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Quant à la tendance SUV, si le modèle japonais l’assume à 100 %, Citroën se montre plus réservé. Dans les éléments de langage imaginés par le marketing, il s’agit plus d’une « berline SUVisée » que d’un véritable SUV. Quelle différence ? Officiellement, l’auto est une berline, au même titre que la Peugeot 308 ou la Ford Focus, mais entend se démarquer par son look. Officieusement, Citroën ne veut pas renvoyer l’image ostentatoire du SUV, mais veut néanmoins surfer sur cette tendance… D’où une garde au sol légèrement rehaussée par rapport à la norme, mais l’effet est accentué par la taille des roues 690 mm, identique à celle d’une DS 3 Crossback. Ajoutez à cela les accastillages habituels de l’univers des SUV (plastique sur les bas de caisse et sur les passages de roues) et vous obtenez un esprit SUV. Toutefois, la C4 pousse le bouchon un peu plus loin encore en adoptant un capot moteur assez haut et surtout plus horizontal que celui du C-HR. Sa forme et ses creux rappellent d’ailleurs l’élément du C5 Aircross, assurément le plus SUV des modèles Citroën. Enfin, la ligne de pavillon des deux autos est fuyante pour se terminer sur une lunette très inclinée, pour offrir une silhouette de coupé plutôt dynamique. Finalement, nos deux protagonistes du jour tendent vers la silhouette du SUV-Coupé que Renault assume totalement avec son Arkana, prévu pour débarquer sur le marché au printemps 2021.
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Des dimensions très proches

Un autre élément a également pesé dans la balance pour opposer ces deux véhicules : leurs dimensions. En effet, la C4 comme le C-HR mesure 4,36 m de longueur pour 1,80 m de largeur. Difficile de faire plus proche. Pourtant, à les voir côtes à côtes, il apparaît que la Citroën est plus longiligne, alors que le Toyota ressemble à une petite boule de nerfs. Cela vient, en grande partie, de la hauteur générale : la C4 toise 1,53 m, quand son adversaire atteint 1,57 m de hauteur. Ces quelques cm, ajoutés au dessin du vitrage extérieur de nos deux modèles donnent ces deux effets opposés. Celui de la C4 s’étire loin vers l’arrière en retombant légèrement, alors qu’il est réduit au maximum et semble remonté sur le C-HR. A noter qu'en
>>> Les photos du face-à-face Citroën C4 vs Toyota C-HR<<<
Ne vous fiez pas uniquement aux chiffres

A bord, les différences se creusent entre nos deux modèles. Une fois n’est pas coutume, la visite commence par les places arrière. Y accéder n’est pas chose aisée, surtout concernant le SUV Toyota dont la poignée est placée très hauteur et la ligne du pavillon oblige à faire attention au risque de se cogner. La silhouette d’un coupé a forcément quelques inconvénients… C’est encore plus flagrant pour la C4, en effet, entre la garde au sol surélevée et la ligne du toit fuyante, l’espace se rétrécit, à l'image de ce que Citroën souhaitait montrer avec son concept 19_19 présenté au printemps 2019. Il faut, par ailleurs, enjamber un longeron plutôt épais.
Côtes d'habitabilité | Citroën C4 2020 | Toyota C-HR |
Largeur aux coudes AV / AR (en mm) | 143 / 144 | 148 / 145 |
Largeur aux épaules AV / AR (en mm) | 140 / 136 | 139 / 134 |
Garde au toit AV / AR (en mm) | 98 / 91 | 99 / 92 |
Espace aux jambes AR (en mm) | 28 | 25 |
Longueur assise AR (en mm) | 45 | 48 |
Hauteur du seuil de coffre (en mm) | 72 | 80 |
Volume du coffre (en l)* | 380 | 377 |
(*) Donnée constructeur.
Côté habitabilité, la C4 troisième génération devrait remporter la mise haut la main grâce à son empattement supérieur de 2,67 m, le plus grand proposé par la plateforme CMP du groupe PSA. C’est 3 cm de mieux que le C-HR. Pourtant, selon nos mesures, les deux modèles se tiennent dans un mouchoir. Le C-HR propose un espace moins important entre les sièges, mais son assise est plus longue que celle de la C4. Une fois à bord, un individu d’un gabarit moyen disposera d’une aisance tout à fait correcte dans les deux cas. Les caves à pied sont plus généreuses à bord du modèle japonais qui dispose également d’une garde au toit plus favorable, malgré l’effort de Citroën pour avoir creuser le pavillon, ainsi que d’une largeur aux coudes légèrement meilleure.

Pourtant, c’est bel et bien à bord de la C4 qu’il fait bon être : la luminosité y est bien meilleure grâce à ces custodes étirées rappelant celles de feue la GS. Le manque de luminosité à l’arrière du C-HR peut être vécu comme une punition. Par ailleurs, la C4 propose une ventilation centrale pour les passagers arrière, contrairement au C-HR. Un détail qui place clairement la Citroën dans le segment des compactes, et le modèle Toyota plutôt dans celui des SUV urbains. Toutefois, si l’utilisation de ces places reste ponctuelle, il est possible de s’en satisfaire. Enfin, concernant le coffre, le volume proposé par la C4 n’est pas immense (380 l), et il est au niveau de celui du C-HR (377 l). En revanche, son seuil de chargement est bien plus bas que celui du japonais, et il dispose, en sus, d’un double plancher.
La C4 soigne ses rangements

Même constat aux places avant où les côtes sont plutôt en faveur du SUV Toyota. Concernant l’ambiance, elle est résolument tournée vers le numérique dans les deux cas, avec un écran tactile trônant sur le tableau de bord : il peut atteindre 10 pouces dans la Citroën, mais ne peut dépasser 8 pouces dans la Toyota. Toutefois, la C4 pousse un peu plus loin la modernité en proposant une instrumentation numérique de série, ainsi que la possibilité d’opter pour un affichage tête haute. « L’ensemble fait 12 pouces » assure Audrey Amar, chef du projet C41. Dans la réalité, les compteurs ne reposent que sur une dalle de 5 pouces, non personnalisable, quand la lame reflétant les informations sur le pare-brise fait 7 pouces. C’est peu, mais le SUV Toyota ne fait pas mieux : il dispose toujours de compteurs analogiques très lisibles encadrant un ordinateur de bord de 4,2 pouces.


Dans les deux cas, la climatisation est en accès directe : Citroën revient, en effet, à un réglage par molettes, très pratiques en conduisant. Par ailleurs, la française prend un net avantage sur le rangement : la C4 III offre pas moins de 39 l disponibles ici et là dans l’habitacle. La palme revenant à ce tiroir placé au-dessus de la boîte à gants classiques pour ranger des magazines ou une tablette tactile qui viendra se fixer sur un support devant le passager avant. En termes de connectivité, la C4 creuse encore l’écart avec quatre prises USB, deux à l’avant (dont une de type C) et deux à l’arrière (dont une de type C), quand le C-HR n’en propose que deux (de type A).
Quid de la qualité ?

Nos deux modèles du jour offrent une présentation plutôt valorisante. Ainsi, la coiffe du tableau de bord de la C4 (encore une présérie, certains plastiques n'ont pas le grain définitif), comme celle du C-HR affiche une belle facture : le revêtement est agréable à l’œil comme au toucher. Si c’est clairement l’une des parties les plus visibles, ce n’est pas celle sur laquelle les passagers passent leurs mains continuellement. En revanche, sur les zones de contact, notamment autour de la console centrale, les plastiques sont bien plus durs. Cela s’étend également aux contre-portes à l’aspect visuel certes attractif, à l’exception, dans les deux cas, de la poignée de la portière qui adopte un matériau plus doux. Par ailleurs, le laqué noir se répand malheureusement sur les consoles : si ce matériau peut faire son effet en concession, il doit s’accompagner d’un chiffon pour nettoyer les traces de doigts.
Une dotation similaire

Au rayon des équipements proposés, si la gamme C4 n’est pas encore finalisée, il est d’ores et déjà possible de connaître la liste des éléments qui seront ou pourront être intégrés. Elle comprend de nombreux éléments en commun avec la dotation du C-HR :
- Freinage automatique d’urgence en ville avec détection des piétons et des cyclistes, y compris de nuit,
- Le régulateur de vitesse adaptatif avec fonction embouteillage,
- L’aide active au maintien dans la voie,
- La gestion automatique des feux de route,
- La reconnaissance des panneaux de signalisation,
- Les détecteurs d’angle mort,
- L’aide au stationnement semi-automatique (la Citroën gère l’allure en plus de la direction),
- Aide au démarrage en côte,
- L’accès et le démarrage mains-libres,
- La compatibilité Apple CarPlay et Androïd Auto,
- Caméra de recul (avec fonction Vision 360 sur la C4),
- Système audio Arkamys (Citroën) / JBL (Toyota).

Citroën ajoute l’affichage tête haute, la recharge par induction du téléphone portable, les doubles butées de suspension hydrauliques, les sièges Advanced Comfort et une dashcam au niveau du rétroviseur intérieur. De son côté, Toyota propose la mise à jour à distance (Over The Air) de la cartographie du GPS ainsi que l’alerte de sortie de stationnement arrière.
Des gammes moteurs très différentes


Côté motorisations, la confrontation tourne court. Le SUV Toyota ne propose que deux options hybrides essence : 122 ou 184 ch associées à une boîte CVT. Dans tous les cas, le malus est hors de propos, ce qui permet à l’auto d’être éligible à la prime à la conversion. Côté Citroën, l’offre est plus importante avec trois versions essence tirées du 1.2 PureTech (100, 130 et 155 ch), et deux blocs diesel 1.5 BlueHDi 110 et 130. La boîte automatique EAT8 est proposée en option sur le PureTech 130, et de série sur les PureTech 155 et BlueHDi 130. Ces versions pourraient être malussées. La gamme est complétée par une inédite offre 100 % électrique : 100 kW (136 ch) alimenté par une batterie de 50 kWh offrant une autonomie de 350 km, selon le cycle WLTP. L’ensemble de ces motorisations sera disponible au même moment en fin d’année.
A partir de 2022, elle sera aussi équipée d’un système hybride léger avec une boîte à double embrayage électrifiée (Punch Powertrain). Et en 2024, la version électrique recevra un nouveau moteur offrant un meilleur rendement.
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Question prix…

Un petit mot concernant les tarifs de notre duo. Si certains voient le C-HR comme un SUV plutôt urbain, ses tarifs, sont clairement positionnés sur le segment supérieur : entre 30 200 et 39 200 €. Tout le contraire de la Citroën C4, qui a calé ses prix sur ceux de sa rivale désignée sur le marché européen, la Ford Focus qui s’étalent de 20 800 à 33 500 €. En effet, la fourchette des tarifs de la nouvelle C4 est comprise entre 20 900 et 32 300 €. Mais l'offre électrique de la C4 débute plus haut, à 35 600 € et culmine à 38 800 €, hors bonus écologique.
Bilan : une C4 bien née...

Cette première confrontation est riche d’enseignements. La C4 III s’est certes inspirée du style décalé du C-HR sans pour autant le copier. Mieux, Citroën s’est attaché à gommer les défaut du SUV Toyota pour en faire des points forts, comme la luminosité. La française se montre également plus accueillante en termes d’ergonomie et de rangements à bord. L’auto semble bien née et si design clivant est accepté, elle pourrait séduire ceux qui ne veulent pas d’un SUV mais qui privilégie une position de conduite plus haute que dans une berline traditionnelle. Le C-HR a su trouver son public, pourquoi pas la C4 III…
L'argus remercie vivement le Domaine de Grand'Maisons à Villepreux (78) pour sa disponibilité et son accueil