Le 17 décembre 1922, une caravane de cinq autochenilles Citroën B2 10 HP partait de Touggourt, en Algérie, pour rallier Tombouctou au Mali puis revenir à son point de départ. Cette expédition médiatisée de 89 jours s’inscrivit immédiatement parmi les coups d’éclats publicitaires d’André Citroën. Elle démontra la fiabilité des véhicules de la marque, aux capacités de franchissement décuplées pour l'événement grâce à des chenilles dont le brevet déposé par Adolphe Kégresse en 1917 avait été racheté par Citroën en 1920. Elle donna par la même occasion le coup d’envoi des célèbres Croisières Citroën, qui ont donc 100 ans en 2022.
De la science au colonialisme, une portée qui dépasse l’automobile
Fort des retombées de cette « Croisière des Sables » en termes d’image, André Citroën mit sur pied une nouvelle aventure encore plus ambitieuse baptisée Mission Centre Afrique. Surnommée la « Croisière Noire », cette seconde expédition entreprit de traverser l’Afrique du nord au sud. Elle partit d’Algérie en octobre 1924 pour arriver à Madagascar en juin 1925, soit un périple d’environ 20 000 km sur huit mois.
Mené par Georges-Marie Haardt (directeur général des usines Citroën) et Louis Audouin-Dubreuil (pilote d’avion et explorateur) comme le premier, ce nouveau convoi comptait huit voitures. Journalistes, scientifiques et politiques manifestaient, pour des raisons différentes, un intérêt certain pour ces épopées allant d’une colonie française à une autre. De nombreuses informations furent collectées durant la « Croisière Noire », et cette initiative ouvrit la voie aux expéditions scientifiques motorisées du 20e siècle.
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Après l’Afrique, l’Asie puis l’Amérique
En 1931, Citroën vit encore plus grand pour l’Asie : pas moins de 14 autochenilles et 48 personnes prirent part à la Mission Centre Asie, ou « Croisière Jaune ». Scientifiques, journalistes et même cinéastes figuraient dans les équipages. Un groupe partit de Beyrouth (Liban) et un autre de Tien-Tsin (Chine) en avril, pour se rejoindre en route avant de rallier Pékin (Chine) en février 1932. Chaque voiture portait un surnom comme Scarabée d’Or (voiture de commandement) ou Croissant d’Argent (véhicule scientifique). Georges-Marie Haardt, toujours aux commandes avec Louis Audouin-Dubreuil, mourut environ un mois après l’arrivée.
Ce périple asiatique ne fut pas la dernière des Croisières Citroën pour autant. En juillet 1934, l’entrepreneur Charles Bedaux fit appel à Citroën pour organiser sa « Croisière Blanche » au Canada, emmenant 5 autochenilles à skis et 30 personnes de la province d’Alberta à celle de Colombie-Britannique, soit 1 700 km parcourus en trois mois sur des terrains très difficiles. André Citroën s’éteignit en 1935 et l’épopée des Croisières avec lui.
La Croisière Citroën électrique des 100 ans annulée
Citroën avait annoncé début 2020 une nouvelle Croisière qui célèbrerait le centenaire de la première mission de ses autochenilles. Cette expédition devait débuter le 19 décembre 2022 et s’achever le 7 janvier 2023. Mais entre-temps, la pandémie de coronavirus et la pénurie de semi-conducteurs ont poussé le constructeur à suspendre ce projet, qui est annulé jusqu'à nouvel ordre. Baptisée Ë.Popée, cette Croisière devait mettre en avant la mobilité électrique, Citroën devant devenir une marque « zéro émission » en Europe d’ici 2030. Selon le Club Citroën France, le parcours devait suivre l’itinéraire de 3 170 km de la première Croisière et réunir des autochenilles d’époque, des véhicules électriques de série en assistance, ainsi qu’un concept-car électrique. Rien n'est dit sur le devenir de ce dernier ; on peut toujours espérer une présentation au Mondial de Paris 2022 en octobre prochain.
Sources : Citroën, Gallica
