Émissions de CO2. Le top-flop 2021 des constructeurs en Europe

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Le cabinet Jato Dynamics fait le point sur les émissions de CO2 des constructeurs automobiles.

L'Europe a fait de la chasse aux émissions de CO2 son cheval de bataille. Pour que les constructeurs automobiles se mettent au pas, la Commission a fixé des objectifs drastiques et taxe les marques qui ne les respectent pas. Quels sont les meilleurs élèves en 2021 ? L'argus fait le point.

L’Union européenne va interdire la vente de véhicules à moteur thermique sur le Vieux Continent en 2035 dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050. L’objectif fixé implique que les constructeurs convertissent leurs gammes au 100 % électrique. Ils s’y mettent à marche forcée tout en répondant à des objectifs de court terme fixés par la Commission européenne.

CO2 marque europe
Les constructeurs travaillent d'arrache-pied pour abaisser leur moyenne de rejets de CO2.

En effet, les fabricants d'automobiles ne doivent déjà plus dépasser un objectif moyen d’émissions de CO2. Celui-ci est différent pour chaque marque afin de respecter une certaine équité. En cas de dépassement, les constructeurs sont pénalisés d’une amende de 95 € par gramme excédentaire et par véhicule vendu. De quoi les inciter à ne pas sortir des clous… Alors quels sont les constructeurs qui ont le plus abaissé leurs émissions de CO2 en 2021 ? Le cabinet Jato Dynamics dresse le bilan.
 

Des ventes de SUV en hausse, des émissions de CO2 en baisse

Avec la pandémie et la crise des semi-conducteurs, l’année 2021 a été difficile pour les constructeurs. Afin de ne pas être trop pénalisés, ils ont souvent décidé de rationaliser leurs gammes, se recentrant sur leurs modèles les plus rentables et les plus vendus. « Dans la plupart des cas, il s'agissait de voitures électriques et de SUV », détaille Jato. Bien que les SUV soient plus grands et plus lourds, l’arrivée d’un grand nombre de modèles zéro émission a permis d’équilibrer le bilan.

Peugeot 3008 SUV segment C
Les SUV de taille moyenne sont considérés par Jato comme les véhicules les plus « verts » en 2021 en Europe.

« Les SUV de taille moyenne sont apparus comme les véhicules les plus verts en Europe avec une moyenne totale de 65,4 g/km », soulignent d’ailleurs les experts. À l’inverse, les modèles citadins sont plus difficiles à électrifier afin de contenir les prix. D'ailleurs, ces SUV du segment B ont affiché « la deuxième moyenne la plus élevée parmi tous les sous-segments de SUV, derrière les modèles de luxe » mentionne Jato, qui alerte sur le fait que les constructeurs vont devoir « trouver des solutions puisque ce segment enregistre la croissance la plus rapide ». Autre phénomène notable dans ce bilan : le succès de la Tesla Model 3. Cette auto a permis à elle seule d’abaisser la moyenne des émissions de CO2 de la catégorie des berlines – pourtant de moins en moins plébiscitées – à 75,9 g/km. C'est aussi bien que la moyenne du segment des citadines (76,9 g/km) ! 

moyenne des émissions de CO2 par segment
Moyenne des émissions de CO2 par segment de véhicules en Europe
moyenne des émissions de CO2 2021 2020
Moyenne des émissions de CO2 de l'ensemble des marques automobiles en Europe
Au final, la moyenne des émissions de CO2 de l'ensemble des marques automobiles en Europe est passée de 117,7 g/km en 2020 à 99 g/km en 2021. « Cette diminution est le résultat de l'amélioration du mix des ventes, qui contient plus de voitures à faibles émissions et des SUV moins polluants. Elle procède aussi de la baisse générale des ventes, constatée à la suite de la pandémie », explique Jato Dynamics.

 

Renault brille !

Renault Zoe
Le succès de la Zoe permet encore à Renault d'abaisser sa moyenne d'émissions de CO2.

Du côté du classement des constructeurs, Tesla (seul constructeur 100 % électrique de ce top 25 des marques les plus vendues en Europe) occupe sans surprise la première place. Renault et Hyundai arrivent toujours deuxième et troisième avec respectivement 86,7 et 89,8 g/km de CO2. Le constructeur au losange a réduit de 11,5 % la moyenne des émissions de dioxyde de carbone de sa gamme, grâce notamment au succès de la Zoe et au lancement de plusieurs versions hybrides rechargeables. Toutefois, « une majorité des véhicules Renault vendus en 2021 étaient encore équipés de moteurs à essence, produisant une moyenne de 123,4 g/km », rapporte Jato. De son côté, Hyundai s’est également amélioré en abaissant de 16 % ses rejets moyens de CO2. La raison ? Un gros succès de ses voitures zéro émission et hybrides rechargeables, qui ont vu leurs ventes progresser de respectivement 26 % et 246 %. « La marque coréenne figure désormais parmi les dix plus populaires auprès des personnes en quête de véhicules à faibles émissions », souligne Jato.


Les marques qui s'améliorent le plus

jeep emissions CO2
Jeep reste en queue de peloton mais fait partie des marques qui ont le plus réduit leurs rejets de CO2.

Du côté des marques qui ont le plus abaissé leurs émissions moyennes, citons : Mini, Skoda et Jeep. La marque britannique a réduit son score de 20 % (90,1 g/km) grâce aux bonnes ventes de sa Cooper SE. Skoda a diminué ses émissions de 22 % avec le succès de son SUV électrique Enyaq. Quant à Jeep, s’il ne pointe qu’à la 23e place du classement, le constructeur américain est parvenu à diminuer de 23,2 % ses rejets de CO2. Il peut remercier l’arrivée des déclinaisons hybrides rechargeables (4Xe) sur les Renegade et Compass. Ces deux modèles ont représenté 26 % du volume total de la marque en Europe. Enfin, si Cupra ne fait pas partie des 25 marques les plus vendues sur le Vieux Continent, c’est elle qui enregistre la baisse la plus forte de ses rejets de CO2. Ceux-ci sont en chute de 40 % grâce à ses modèles PHEV et à sa compacte électrique Born, cousine de la Volkswagen ID.3.
 

Les rejets de CO2 de nos voitures par pays

europe pays moyenne des émissions de CO2
Moyenne des émissions de CO2 par pays en Europe

Dans son étude, le cabinet Jato Dynamics s’attarde aussi sur le classement des pays. Sans surprise, c’est en Norvège – où les véhicules électrifiés sont rois – que les émissions de CO2 sont les plus basses. La moyenne s'élève à seulement 16,9 g/km ! Il faut dire que près de deux voitures particulières sur trois immatriculées en 2021 sont purement électriques. Et les SUV y sont particulièrement populaires, relève Jato. Ils ont représenté 65 % des ventes en 2021. En bas du tableau, la Slovénie, la Croatie ou la Grèce affichent des moyennes de CO2 très élevées. Dans ces pays, où le revenu moyen par habitant est inférieur à celui de nombreux États d'Europe du Nord, les automobilistes n’investissent pas dans de coûteux modèles zéro émission par manque de pouvoir d’achat et d’incitations financières importantes des Gouvernements.

À LIRE. Bornes de recharge. Bientôt des quotas imposés aux pays par l'Europe ?

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Commentaires
SergeMaroie

Excellente analyse de ChristophedeN qui montre bien la débilité des règles fixées par les technocrates de la Commission Européenne , dont on peut se demander si la puérilité de leurs mesures n'entrainera pas à terme la disparition de pans entiers de notre industrie. Car on peut être écolo pragmatique sans tomber dans l'imbécilité du dogmatisme. Un autre point important, pas cité dans le commentaire de ChristophedeN : le poids des véhicules électriques de taille moyenne , supérieur de 200 ç 400 kg par rapport à des véhicules thermiques ou hybrides de la même catégorie: qui s'est ^posé la question de l'accélération de l'usure des revêtements routiers, et dses conséquences ( coût , remplacement plus fréquent) ? Nos brillants technocrates sont bien taiseux sur le sujet .

ChristophedeN

Cela fait quand même rire jaune de lire qu'une voiture électrique est "zéro émission". Ce n'est évidemment pas vrai puisqu'il y a des émissions indirectes : - à la fabrication de la voiture : https://www.tcs.ch/fr/tests-conseils/conseils/achat-vente-vehicule/recherche-auto-comparaison.php "Empreinte carbone" "Fabrication 19.0 t CO2eq" - à l'utilisation de la voiture : pour la voiture prise en exemple l'Argus trouve une conso. autoroutière de 19,3 kWh/100 km soit 23 kWh/100 km à la prise et 14 g CO2e/km avec le mix électrique français (merci le nucléaire) mais 97 g CO2e/km avec le mix électrique européen. Qui plus est avec 1752 kg sur la balance cette voiture n'est absolument pas zéro émission de polluants puisque ses pneus en 235/45 R18 s'usent et usent la chaussée en émettant des particules d'abrasion (particule = polluant le plus tueur, sans seuil d'innocuité). Donc la non résolution de la pollution des villes par la voiture électrique ne peut amener qu'au bannissement de la voiture dans les villes. Avec 19 t CO2e émis pour sa fabrication soit plus d'une tonne par an et donc plus que le crédit carbone annuel d'un membre du foyer, la possession d'une voiture électrique ne permet pas d'atteindre la neutralité carbone. La seule solution pour atteindre la neutralité carbone, c'est de réduire drastiquement l'usage de la voiture et se les partager pour les trajets où elles restent encore pertinente. C'est bien là toute la débilité des règles européennes : - CAFE et son objectif inversement proportionnel à la masse et tenant compte uniquement des émissions à l'échappement sans faire de distinction fossile / biogénique, - norme Euro et ses émissions uniquement à l'échappement et oubliant la source la plus importante de particules (particule = polluant le plus tueur, sans seuil d'innocuité) l'abrasion, - la norme wltp privilégiant l'urbain (alors que l'existence des particules d'abrasion condamne les bagnoles en ville), - l'interdiction des moteurs thermiques. Comme type de trajet où la voiture reste encore pertinente, il y a le gare TGV de St Pierre des Corps Nord du Mans dans le cadre d'un trajet Sud-Ouest Nord du Mans (et tant que le TER Tours Le Mans n'est pas plus développé). A ce titre j'aimerai que l'on m'amène les preuves irréfutables que sur ce trajet une voiture électrique capable de le faire sans plus de contrainte qu'une voiture thermique de segment A est bien moins : - polluante, - nocive pour le climat. Pour la pollution, les preuves devront prendre en compte tous les polluants émis et les hiérarchiser en fonction de leur dangerosité. A ce titre, les particules les plus fines devront avoir la pondération la plus forte. Et pour une même taille, les plus dangereuses (parce que par exemple contenant des HAP) devront avoir la pondération la plus forte. Pour la nocivité pour le climat, les preuves devront prendre en compte tous les gaz à effet de serre en émissions directes et indirectes.

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