Enquête Fiabilité. Surconsommation d'huile : les moteurs à risque
La surconsommation d'huile est loin d'être un problème isolé puisqu'au moins une dizaine de marques sont touchées, notamment les groupes PSA et Volkswagen tout comme Mini, Renault et Toyota. Voici la liste noire des motorisations qui pèchent par excès de gourmandise.
Le voyant d'huile qui s'allume... les conducteurs en avaient perdu l'habitude. La surconsommation d'huile est un phénomène qui revient à la mode chez de nombreux constructeurs, notamment sur des moteurs modernes.
[Mise à jour le 17/01/2022] Bien après avoir vu sa production arrêtée, le moteur Renault-Nissan 1.2 TCe et ses problèmes de surconsommation d'huile conduisant souvent jusqu'à la casse continue à faire parler de lui. Début 2022, quatre avocats ont lancé une action collective conjointe contre la marque au Losange. Ils lui reprochent d'avoir trompé ses clients en masquant les défauts de conception de ce quatre-cylindres, et, surtout, d'avoir mis leur vie en danger, nombre de pannes ayant eu lieu sur autoroute.
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“Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître”, chante Aznavour dans "La Bohème". Une époque où les moteurs "mangeaient" de l’huile au point qu’il fallait souvent mettre le nez sous le capot et garder le bidon à portée de main. Un temps que le conducteur d’aujourd’hui, dans bien des cas, croit révolu…

La modernisation des véhicules aidant, l’automobiliste lambda en est venu à négliger cette précaution de base : vérifier régulièrement le niveau de l’huile.
Une tâche ingrate, qui a disparu avec l’apparition de l’indicateur de maintenance, l’allongement des intervalles de révision et l’amélioration de la qualité du lubrifiant. Pire, quelques ingénieurs ont purement et simplement supprimé l’indicateur du niveau d’huile, à leurs dépens.
A LIRE. Les moteurs touchés par la surconsommation d'huile en images.
Surtout en essence
Que l’on se le dise, un moteur consomme naturellement de l’huile. C’est pourquoi les constructeurs préconisent une vidange tous les 15 000 à 20 000 km selon l’usage, les petits trajets en ville ou l’utilisation d’un moteur à haut régime accentuant la dégradation du lubrifiant. Toutefois, tous les professionnels reconnaissent qu’au-delà de 0,5 l pour 1 000 km, la consommation est anormale.
"0,25 l, c’est la consommation normale pour 1 000 km admise par PSA sur ses moteurs à essence pour un véhicule de plus de 15 000 km. En phase de rodage, cette valeur grimpe à 0,4 l."

Depuis une dizaine années, et la sortie des nouvelles générations de motorisations, le problème est à nouveau d’actualité.
Principale constatation, il concerne surtout les blocs à essence, si ce n’est chez Toyota, mal loti avec ses diesels D-4D, ou chez Renault sur certains dCi.
En ligne de mire, les quatre marques du groupe Volkswagen dont les moteurs TSI/TFSI (lire notre enquête Tous les problèmes des moteurs TSI), sans exception, sont affectés par ce mal. Ceux de la dernière génération, lancée en 2012, ne sont pas davantage épargnés.
Citroën et Peugeot, tout comme Mini, figurent également sur cette "black list", s’agissant des VTi et THP développés par BMW (lire notre enquête Tous les soucis des moteurs VTi et THP). Sans parler de Renault dont le 1.2 TCe est devenu le symbole le plus récent de ce phénomène (lire notre article sur ce moteur).
Notes à l'appui

Récurrente ou non, la surconsommation d’huile est souvent difficile à faire admettre aux constructeurs, peu enclins à mettre la main à la poche.
Aux critiques de leurs clients, ils rétorquent souvent qu’il s’agit d’un phénomène normal, que leur style de conduite peut être en cause, voire nient totalement le problème. Sauf que les notes techniques confidentielles adressées par les constructeurs à leur réseau prouvent le contraire…
Gare à la dilution de l’huile

Si certains moteurs voient leur niveau d’huile baisser anormalement, c’est le phénomène inverse pour d’autres.
Connue sur les versions diesels dotées d’un filtre à particules, la dilution consiste en une augmentation de la quantité d’huile, due à l’écoulement de carburant le long des parois des cylindres lors de la régénération du FAP.
Cette présence de gazole dans le carter d’huile a pour conséquences une baisse de la pression d’huile, une dégradation, une surconsommation, et surtout un risque d’emballement du moteur qui aspire l’huile… jusqu’à la casse complète. Fiat a rencontré ce souci sur le 1.3 diesel (notamment sur la 500), tout comme Opel et Suzuki. Chez Volvo, c'est le bloc D5 qui est victime de ce phénomène.