Essai Alfa Romeo 4C Spider : un joujou extra à prix d'or
Le coupé Alfa 4C vous plaît ? Le Spider est encore plus beau, encore meilleur pour exacerber les sensations à son volant. Mais l'acheter relève d'un sacré caprice : ce petit jouet à coque carbone se facture 73 000 €. Oups !
La 4C Spider est disponible à la commande. Son moteur 1750 TBI de 240 ch est identique au coupé. Photos C. Hunsicker (ace-team).
ACE - Team
Alfa Romeo est une marque attachante, chargée d’histoire, pleine de caractère mais exsangue avec trois modèles au catalogue : une MiTo vieillisante, une Giulietta aux belles courbes et l’incroyable 4C. Incroyable car la 4C se paye le luxe d’une coque en carbone aussi coûteuse que rare : seules les Ferrari Enzo et Lamborghini Aventador font comme elle, mais elles jouent dans une autre catégorie.
Depuis son lancement en mars 2013, le petit coupé Alfa 4C (3,99 m de long, seulement 1,18 m de haut) a séduit 2100 clients en Europe, Asie et Etats-Unis. Il reçoit aujourd’hui le renfort de sa version découvrable Spider, présentée pour la première fois au salon de Genève 2015.
Près de 10 000 € de plus que le coupé 4C !
Cette 4C Spider est facturée 73 000 €, soit 9 800 € de plus que le coupé. Avec une telle hausse de prix, on pourrait penser que l’italienne joue les divas et s’offre une capote en or ! Non, la Spider est coiffée par une toile noire semi-rigide à installer manuellement (il faut un peu d’habitude) avec six points d’ancrage à effectuer. Voir vidéo Alfa Romeo 4C Spider ci-dessous.
Une fois ôtée, cette toile se roule, se glisse dans un sac dédié et prend place au fond du petit coffre situé derrière le moteur.
Poids en hausse de 45 kg pour le Spider
Puisque la toile de la 4C n’a rien d’extraordinaire, pourquoi une telle hausse de prix ? Chez Alfa Romeo, on justifie le prix plus fort par des équipements de série plus nombreux qu’à bord du coupé. Il est vrai que l’on gagne la climatisation, le siège passager réglable (il est fixe dans le coupé !), la radio et les feux bi-xénon.
Pas mal, mais le compte n’y est pas. C’est donc volant en mains que l’Alfa 4C Spider doit justifier ses émoluments. Premier bon point, le surpoids de cette version découvrable se limite à 45 kg. La masse reste donc sous la tonne avec 940 kg contre 895 kg au coupé. Enfin sous la tonne… Les 940 kg, c’est le poids à sec (sans les fluides donc), quelle voiture roule comme ça ?

Au volant de l'Alfa 4C Spider
L’installation à bord commence par un petit exercice. On enjambe la poutre de carbone apparente, puis on « tombe » dans le siège baquet. Jambes allongées vers le pédalier vertical, bras en V sur le petit volant et doigts tendus pour claquer une pichenette sur la palette de commande de la boîte et c’est parti !

Notre modèle n’est pas pourvu de l’échappement Racing (660 €), reconnaissable au double cerclage de ses embouts et sa sonorité plus sportive, mais l’ambiance sportive est déjà là. La direction sans assistance est ultra-directe et elle renforce le sentiment de conduire un gros kart, un gros jouet, en tous cas une auto comme il y en a peu.
La 4C danse, virevolte, s'amuse...
La légèreté de l’Alfa 4C Spider est aussi une sensation que l’on ne connaît plus dans les sportives d'aujourd’hui. Du coup, les 240 ch du quatre cylindres turbo 1750 TBi font bondir la voiture à la moindre pression sur l’accélérateur. Ca pousse fort, très fort même : 4,5 s annoncés de 0 à 100 km/h. On est donc vite vite sur les petites routes, surtout que la boîte TCT à double embrayage assure un relais efficace, même s’il faut passer en mode manuel pour plus de rapidité entre deux passages de rapports.

Finalement, le plus déconcertant au départ ce sont les réactions du train avant, trop influencé par le profil de la route (une remarque déjà faite sur le 4C Coupé). Mais on finit par prendre le pli de cette direction qui fait un peu trop le balancier sur les routes défoncées (c’est surtout le cas avec le châssis sport et la surmonte pneumatique), et qui demande à être tenue fermement sur les gros freinages.
“La 4C Spider est efficace mais elle sait aussi être amusante “
Du frein justement, il y en a : puissant, facile à doser. Voilà qui rassure pour hausser le rythme et profiter d’une 4C efficace, douée en motricité et qui n’a pas oublié d’être amusante.
La 4C virevolte, danse d’un virage à l’autre et le train arrière se déhanche facilement. L’antidérapage ESP est tolérant pour laisser la voiture dériver en mode Dynamic du DNA et il peut même se déconnecter entièrement (il se remet automatiquement si il y a un déclenchement de l’ABS).
Tornade à bord de la 4C Spider

Amusante, la Spider 4C est également tolérante en confort grâce à des suspensions bienveillantes. Par contre, les sièges baquets ne maintiennent pas assez et le niveau sonore à bord est important. Claquements de la boîte et bruits de roulement se mêlent au son assourdissant de l’air au-dessus de la tête lorsque la toile est retirée et que les fenêtres sont remontées.
Fenêtres baissées c’est mieux, mais c’est alors la tornade qui souffle sur les passagers dès 80 km/h ! Pour les longs parcours, il sera donc préférable d’installer la toile du toit, mais la 4C n’est de toute façon pas conçue pour avaler des centaines de kilomètres d’un trait, tant elle fait vivre la mécanique à l’état brut.
Une finition décevante pour le prix

Ce peu de polyvalence est un trait de caractère de l’Alfa 4C. A 73 000 €, c’est dommage. Tout comme c’est dommage à ce prix de constater la finition datée de la planche de bord. Hormis l’instrumentation numérique qui apporte un pouce de technologie, tout le reste ne se trouve même plus dans une Fiat 500 !
La radio est digne d’un système des années 80, les commandes de ventilation ont plus leur place dans une Panda et les plastiques sont basiques quand le cuir ne vient pas les recouvrir. Et ne cherchez pas dans les options un écran multimédia, tactile ou GPS, ça n’existe pas dans la 4C. A 73 000 €, c’est osé !


Bilan de l’essai Alfa 4C Spider
En se découvrant, l’Alfa 4C a pris la grosse tête côté tarif. Chez Alfa, on note le manque de concurrente directe pour justifier le tarif. Il est vrai que la 4C prend finalement une position intermédiaire entre une Caterham encore plus radicale et une Porsche Boxster plus luxueuse, polyvalente et poussée par un six cylindres... mais aussi moins chère, un comble !
L'italienne doit donc compter sur son charme fou pour perçer -elle en a, c'est incontestable- mais il faudra faire avec ses caprices. Elle peut aussi jouer la carte du futur collector, comme l’a fait la somptueuse 8C avant elle.

On aime
Un style adorable
Une conduite sportive et amusante
Elle pousse fort !
Elle freine fort !
On regrette
Le prix délirant pour une finition indigente
Les baquets ne maintiennent pas assez
Le niveau sonore à bord
Sans le toit, ça souffle fort à bord !
Un vieil autoradio… mais Alpine (un appel à la future concurrente !)
