Essai Audi Q4 e-tron : l'électrique à tout prix
Audi double la mise sur le segment du SUV électrique. Après l'e-tron, voici le Q4 e-tron aux dimensions plus compactes et à l'autonomie flirtant avec les 500 km en version 40 à grosse batterie. Design et vie à bord jouent en sa faveur.
L'Audi Q4 e-tron à moteur électrique est lancé en France le 8 juillet 2021 au prix de départ de 42 800 €.
tibo
AUDI Q4 e-tron 40 S line
- - Moteur : Electrique
- - Puissance: 204 ch
- - Lancement : Juillet 2021
- - A partir de 58 700 €
- - 2000 € de bonus.
- Voir la fiche technique
Positionné en taille entre un Q3 et un Q5, le nouvel Audi Q4 e-tron affiche un gabarit de 4,59 m. Il se distingue surtout de ses voisins de gamme par sa motorisation 100 % électrique, une proposition qu’il doit à sa plate-forme MEB dédiée aux véhicules électriques du groupe Volkswagen et déjà déclinée sur les Skoda Enyaq et Volkswagen ID.4. Le Q4 est le troisième véhicule à batteries de la marque après le grand SUV e-tron et la berline e-tron GT. Ce n’est que le début du feu d’artifice, puisque Audi promet 20 modèles électriques en France en 2025… et présentera son dernier modèle thermique en 2026.

Le virage vers l’électrique est aussi effrayant que fascinant, et la majorité des marques prend la même trajectoire qu’Audi pour répondre aux objectifs de rejets de CO2 fixés par l’Europe. Un pari qui sera réussi si les clients sont séduits et le Q4 compte donc bien les mettre dans sa poche avec une approche digne de la marque côté design. Ses lignes saillantes et son profil ramassé lui offrent une allure plaisante, alors que sa face avant dévoile une imposante calandre pleine et une signature lumineuse personnalisable depuis l’écran de bord (avec phares Matrix LED). Le moteur électrique du Q4 est situé sur l’essieu arrière pour les versions à deux roues motrices 35 (170 ch) et 40 (204 ch), et il est épaulé par un second moteur sur l’essieu avant pour la version à quatre roues motrices 50 quattro (299 ch).
Prix Audi Q4 e-tron
La gamme démarre à 42 800 €, ce qui permet d’accéder au bonus de 6 000 €. Mais le prix moyen des Audi Q4 e-tron sera plus proche des 60 000 €, une limite à ne pas dépasser pour récolter 2 000 € de bonus. Notre version d’essai Q4 40 S line est dans cette cible avec un tarif de 58 700 €. Son équipement de série intègre le nouvel affichage tête haute à réalité augmentée, une première chez Audi. Si la dotation standard est déjà complète et technologique dans cette finition, sans surprise les options restent nombreuses et tentantes (voir page suivante tous les prix et les équipements).
Autonomie et recharge
L’Audi Q4 e-tron propose deux capacités de batterie : 55 kWh (52 utiles) pour le modèle d’entrée de gamme Q4 35, qui affiche 310 km d’autonomie, et 82 kWh (77 utiles) pour les versions Q4 40 et 50 quattro, qui annoncent des autonomies plus intéressantes de 472 et 412 km en homologation WLTP. Ce sont ces propositions qui seront le plus demandées car elles lèvent un peu l’obstacle du rayon d’action des véhicules électriques. Le Q4 40 est équipé d’un chargeur embarqué de 11 kW en courant alternatif et il accepte la charge rapide jusqu’à 125 kW en courant continu pour récupérer une charge complète en 30 minutes sur une borne de haute capacité. Toutefois, cela reste théorique car l’expérience montre que les débits de charge des bornes ont souvent tendance à faire le Yo-Yo. À noter que le chargeur compact à domicile proposé par Audi (760 €) permet d’obtenir une puissance de 7,4 kW à partir d’une prise monophasée 32 A qu’il faudra faire installer. Le câble de recharge type 2 pour les bornes publiques AC est, lui, fourni en série.
Au volant

Si, au sein du groupe, la marque Volkswagen a bousculé la présentation de ses habitacles (pas toujours en bien) en passant à la voiture électrique, ce n’est pas le cas chez Audi. La planche de bord du Q4 s’inspire de celle de la compacte Audi A3. On retrouve ainsi une ergonomie bien pensée pour commander aisément les fonctions de la voiture avec, par exemple, un accès direct au bloc de climatisation. Seule fausse note, les touches tactiles sur le volant sont trop sensibles, au point que l’on saute souvent plusieurs menus d’un coup. À revoir car tout le monde n’a pas des doigts de fée. Le volant, justement, avec son double méplat est nouveau et plutôt sympa à prendre en main. La bonne position de conduite et la qualité des sièges en S line complètent avec efficacité le dispositif de l’installation à bord. Enfin, si le conducteur peut se réjouir d’avoir une planche de bord orientée vers lui, le passager doit composer avec un mobilier imposant face à lui.
Sur les premiers mètres effectués avec le Q4, on tire un peu sur le cou car les contours de la voiture ne sont pas faciles à cerner en manœuvres (comme avec le Volkswagen ID.4), et la confiance envers les radars a forcément ses limites au départ. La suite du programme est plus relaxante grâce au silence de la propulsion électrique, renforcé par une bonne isolation phonique, et au confort de roulement de notre version d’essai. La combinaison des jantes de 20 pouces et de l'amortissement adaptatif prend soin du bien-être à bord tout en canalisant correctement les mouvements de caisse. D’ailleurs, le toucher de route du Q4 offre une conduite agréable et précise, même si une direction un peu moins filtrée et un châssis un peu plus agile auraient été appréciés pour le plaisir dans les parties sinueuses. L’amusement vient des palettes au volant qui permettent de régler la force de régénération du moteur en complément du mode B, comme sur le Mercedes EQA. À gauche on augmente la régénération, donc le frein moteur. A droite c’est l’inverse et le système est ludique en entrée de virage ou en arrivée en ville.
Les valeurs du moteur électrique de la version 40 sont flatteuses (204 ch et 310 Nm de couple), mais la masse de 2,1 t à emmener pèse sur les performances. Cependant, le Q4 ne s’est jamais montré à la peine et a même fait preuve de vigueur dans les relances ou pour doubler. Merci au couple instantané du moteur électrique qui sauve la mise. Pour les sensations, il faudra quand même repasser… ou sauter à bord du Q4 50 quattro fort de 299 ch et surtout de 460 Nm. Cette version offre une conduite plus tonique, des accélérations de sportive (6,2 s de 0 à 100 km/h) et une motricité sans faille grâce aux quatre roues motrices. Revers de la médaille : l’inconfort règne à bord à basse vitesse avec la combinaison associant jantes de 21 pouces et amortissement classique présent sur la version Q4 e-tron 50 quattro testée. À savoir avant de s’emballer.
Côté consommation électrique, nous avons effectué un parcours routier de 277 km avec le Q4 40. Et le débit s’est établi à 16,7 kWh/100 km. À ce rythme et compte tenu de la capacité utile de la batterie, l’autonomie aurait atteint 460 km, une donnée en phase avec la promesse initiale. Comme les autres modèles électriques récents, le Q4 montre donc que l’autonomie n’est plus un problème au quotidien. Grosso modo, on tient la semaine avec une charge. Reste à vérifier la capacité à voyager, ce qui est légitime lorsqu’on débourse près de 60 000 € pour une voiture. On le sait, la densité du réseau de recharge rapide est encore insuffisante pour être serein sur l’ensemble du territoire, et il faudra vérifier la consommation sur autoroute. Nous n’avons pu le faire cette fois-ci et développerons ce point dans un prochain test dédié à l’autonomie.
À bord

Audi ne cède pas à la tentation de l’écran central géant. La planche de bord du Q4 est aménagée de manière assez classique, et elle distribue de nombreux rangements. L’empreinte technologique est évidente avec les deux écrans dotés d’une belle qualité graphique et l’affichage tête haute à réalité augmentée qui projette des informations de guidage loin sur la route. Le dessin du mobilier s'avère assez agressif avec beaucoup d’arêtes, un peu comme à bord de la nouvelle Peugeot 308. Ceux qui aiment les habitacles épurés passeront donc leur chemin. Enfin, la qualité perçue est indéniable mais inégale. Par exemple, les panneaux des portes arrière sont moulés dans un plastique rigide, même sur les parties hautes.


Dans son gabarit compact, l’Audi Q4 offre une belle habitabilité grâce à l’architecture de sa plate-forme qui se passe notamment de tunnel de servitude. Soulignons surtout l’empattement généreux (2,76 m), qui profite aux places arrière, où les passagers peuvent étendre leurs jambes. Avec le volume du coffre qui émarge à 520 l, le Q4 confirme sa fibre familiale. La modularité que l’on attend d’un SUV n’est pas oubliée avec un plancher plat de chargement quand les dossiers de banquette 60-40 sont rabattus. On dispose également de deux espaces sous le plancher de coffre pour les câbles de recharge, mais Audi aurait pu faire plus pratique en installant un bac sous le capot moteur (il y a de la place !) pour accueillir sans délicatesse les câbles souvent sales après usage.
Concurrence

Il n’aura pas fallu longtemps pour que les trois marques allemandes se retrouvent sur ce nouveau segment du SUV électrique et premium. Le Q4 trouve face à lui le Mercedes EQA très séduisant au gabarit plus court, et le BMW iX3 qui évolue à l'étage supérieur en taille et en prix. Comme pour les modèles thermiques, l’alternative vient de Volvo avec son puissant XC40 Recharge de 408 ch. Le Tesla Model Y se fait, lui, attendre en Europe à cause des retards dans la construction de l’usine de Berlin. Ford est présent avec son Mach-E proposé à un tarif moins élitiste, tandis que les coréens montrent leurs fortes ambitions à travers le Hyundai Ioniq 5 et le Kia EV6. Voilà donc un segment du SUV électrique déjà bien rempli avec un prix moyen autour de 55 000 €. Reste maintenant le plus dur pour les constructeurs : faire signer des bons de commande.