Essai comparatif : le Renault Arkana défie déjà le Peugeot 3008 !
Un profil de SUV coupé, un tempérament promis joueur, une finition RS Line évocatrice : en prenant le contrepied du placide Kadjar, le nouveau Renault Arkana provoque ouvertement le Peugeot 3008, toujours considéré comme le plus dynamique de la bande des SUV. Premier match en versions à essence.
Le Renault Arkana arrive en concessions en mars 2021, deux mois seulement après le Peugeot 3008 restylé. Premier match en version à essence et boîte automatique.
Thomas Antoine
PEUGEOT 3008 1.2 PureTech 130 EAT8 GT
- - Moteur : Essence
- - Puissance: 130 ch
- - Lancement : Janvier 2021
- - A partir de 38 700 €
- - 360 € de malus.
- Voir la fiche technique
RENAULT Arkana 1.3 TCe 140 EDC7 R.S. Line
- - Moteur : Essence
- - Puissance: 140 ch
- - Lancement : Mars 2021
- - A partir de 34 700 €
- - 50 € de malus.
Un jour, peut-être, comme les berlines et les monospaces avant eux, les SUV paraîtront démodés. Prévoyants, les constructeurs anticipent déjà la prochaine vogue et dégainent des silhouettes hybrides (on vous épargne l’appellation crossover), à garde au sol surélevée mais pavillon abaissé, parfois en pente douce. Toyota C-HR, Kia XCeed, Mazda CX-30, voire nouvelle Citroën C4, tous adoptent ce concept et voient aujourd’hui venir un arrivant plus vaste : le Renault Arkana, long de 4,57 m.
Sur une plate-forme de Renault… Captur (commune à la Clio, quand le SUV Kadjar partage la sienne avec la Mégane), l’Arkana étire son empattement, allonge son porte-à-faux arrière, élargit ses voies et comprime son pavillon à la manière d’un BMW X6. Et s’il se contente de deux modestes motorisations à essence électrifiées (un 1.6 E-Tech 145 full hybrid au printemps et un 1.3 TCe 140 à hybridation légère ici à l’essai), il adopte une finition RS Line pour prouver son statut de SUV « amusant à conduire », comme le promettent ses géniteurs.

Il n’en fallait pas plus pour l’opposer au plus dynamique des SUV compacts, le Peugeot 3008 restylé : sa face avant remodelée acère encore ses traits, son poste de conduite à petit volant continue d’évoquer celui d’un coupé, et son comportement routier fait toujours référence cinq ans après sa sortie. La fameuse allure de SUV coupé attendra toutefois la prochaine 308 et sa croustillante déclinaison « P54 », mais chaque chose en son temps.
Moteurs et prix Arkana vs 3008
Au 4 cylindres 1.3 140 ch à hybridation légère du nouvel Arkana, le 3008 oppose son célèbre 3 cylindres 1.2 130 ch. Il est ici relié à la boîte automatique EAT8 facturée 1 950 €, car l’Arkana impose la boîte robotisée EDC à double embrayage et 7 rapports (aucune boîte mécanique n'est prévue, même en TCe 160 attendu fin 2021). Gamme courte et plate-forme de segment B permettent ici de serrer les tarifs, très inférieurs à ceux pratiqués par Peugeot en général, et par le 3008 en particulier.
À 34 700 € en niveau haut de gamme RS Line, le Renault Arkana s’affiche ainsi 4 000 € moins cher que le Peugeot 3008 en finition GT. La dotation de série ne compense pas ce surcoût, car hormis le système de conduite autonome de niveau 2 (facturé 600 € en Arkana), le toit noir (encore 400 €) et le siège avant droit repliable (indisponible chez Renault), tous les équipements suivants viennent d’office en Arkana et en supplément en 3008 : sellerie cuir, sièges avant électriques et chauffants, système de stationnement semi-automatique, chargeur de smartphone par induction (voir dotation comparée en page suivante). Le premier point va donc à l’Arkana, mais le match ne fait que commencer…
À conduire
Bienvenue en Renault Arkana. Planche de bord de Captur et position de conduite surélevée semblent trahir les promesses de dynamisme mais finalement, les premiers kilomètres surprennent en bien. Le 1.3 TCE 140 se signale d’emblée par sa rondeur et sa nervosité malgré son bref temps de réponse lors d’un besoin de puissance. La boîte EDC égrène ses rapports en douceur, même si elle gagne à être basculée en mode Manuel lors d’une conduite dynamique. Quant au châssis, il vire bien à plat en virages et s’appuie sur un antidérapage discret, à défaut d’adopter un équilibre joueur au lâcher d’accélérateur en appui.

Le conducteur ne s’ennuie donc pas au volant, et les passagers ne le paient guère. Un poil raide à basse vitesse, la suspension absorbe efficacement les irrégularités avec l’allure, le duo moteur/boîte ne génère ni à-coups ni vibrations à bas régimes, et l’alterno-démarreur fluidifie le fonctionnement du système Stop & Start en ville. En usage urbain, il faudra juste intégrer la longueur respectable de l’engin (34 cm plus long qu’un Captur !), et l’assistance de direction un peu lourde en manœuvres (puis trop légère en appui, l’inverse eût été plus logique...).
Le passage au Peugeot 3008 n’a rien d’un retour dans le passé. La console centrale plus enveloppante n’altère pas la largeur supérieure de l’habitacle, la position de conduite plus basse plaira davantage aux nostalgiques des berlines (comme quoi…), tandis que l’excellence du calibrage de la direction et de la suspension confirme le savoir-faire Peugeot sur ces points. Tout aussi efficace sur route sinueuse, le 3008 offre en effet une meilleure sensation d’agilité grâce à son petit volant tout en absorbant mieux les déformations de la route, même à faible allure.
Cette supériorité ne se prolonge pas en matière d’agrément moteur/boîte, moins soigné que celui de l’Arkana. En ville, le système Stop & Start génère davantage d’à-coups avant l’arrêt et se montre plus bruyant au redémarrage. Sur route, le déficit de puissance et de couple oblige à davantage puiser dans les ressources du 3 cylindres, qui gronde alors dans l’habitacle. Sur autoroute, les moindres relances ou faux-plats font enfin rétrograder la boîte EAT8, au détriment de la douceur et du silence de marche. Malgré des choix techniques différents, nos deux SUV se neutralisent en matière de consommation, affichée à 7,5 l/100 km aux deux ordinateurs de bord, après un parcours mêlant routes secondaires et voies rapides.
À vivre

Comme évoqué précédemment, l’Arkana récupère la plate-forme et le mobilier intérieur du petit frère Captur. Cela ne pose aucun problème en matière de qualité perçue, toujours correcte pour le segment et servie par les petits bonus esthétiques du niveau RS Line, qui arbore des sièges Sport à sellerie cuir et faux daim, des surpiqûres blanches et rouges, et des inserts en faux carbone verni sur les contre-portes. Les amateurs de grands écrans seront servis grâce à l’instrumentation numérique de 10” derrière le volant et à la dalle centrale tactile de 9,7” implantée verticalement.
Jolis graphismes, pages d’accueil personnalisables, navigation GPS à applications connectées et recherche de destination en ligne (pas besoin de taper l’adresse exacte d’un restaurant, son nom suffit généralement) : l’interface EasyLink Renault séduit au quotidien et gère naturellement les connexions Apple CarPlay et Android Auto.


Les molettes de ventilation à afficheur intégré participent à la modernité de l’ensemble, mais l’Arkana TCe 140 n’hérite pas de la jolie commande de boîte impulsionnelle e-Shifter réservée à la version E-Tech hybrid (comme le Captur désormais. Cela sacrifie le petit rangement inférieur et, à ce propos, la pratique boîte à gants coulissante du Captur haut de gamme n’a pas été retenue. Dommage.

Si la cellule avant de l’Arkana RS Line séduit, celle du 3008 GT semble évoluer à un niveau encore supérieur. Les sièges apparaissent mieux dessinés, l’Alcantara s’invite aussi sur la planche de bord comme sur les contre-portes, et les commandes participent au l’effet « waouh » des habitacles Peugeot (touches piano sous l’écran central, commande de boîte impulsionnelle en forme de crosse). Mais malgré des rangements plus nombreux et vastes, le 3008 ne parvient pas tout à fait à supplanter son rival au quotidien.
Le principal responsable ? L’écran tactile, regroupant la quasi-totalité des fonctions et insuffisamment modifié au restylage. Certes agrandi à 10” de diagonale, l’affichage principal se limite toujours à 8” en réalité, deux barrettes de température s’invitant simplement sur les côtés. Elles ne dispensent pas de multiplier les pressions sur l’écran pour ajuster la ventilation en roulant, alors que l’interface commence à montrer de petits coups de vieux (cartographie GPS surannée, pas de widgets personnalisables, commande vocale basique). Et si la connexion Apple CarPay ou Android Auto reste disponible, elle occupe alors l’unique prise USB avant.
Malgré leur allure bien différente, nos acolytes peinent ensuite à se départager en matière d’espace à bord. Aux places arrière latérales, c’est l’Arkana qui prend le premier l’avantage : dossiers plus creusés et inclinés, assise de banquette plus haute repoussant les maux de fesses sur longs trajets, espace aux jambes légèrement supérieur (on peut facilement glisser ses pieds sous les sièges avant du Renault).
Le Peugeot se venge au niveau du coffre, en dépit d’un volume supérieur de… 7 l seulement. L’espace plus cubique du 3008 facilite la récupération d’objets au fond du coffre, et les brocanteurs apprécieront les attentions à leur égard, comme les poignées de rabattage de la banquette près du hayon ou le siège avant droit repliable de série. En option à 450 €, le volet de coffre devient même motorisé et ouvrant au passage d'un pied sous le bouclier arrière si les bras sont chargés. Galant.
Retrouvez le résultat du match, les fiches techniques et équipements comparés en page suivante...