Essai comparatif. Le Renault Austral hybride défie le Nissan Qashqai e-Power
Le Renault Austral et le Nissan Qashqai sont cousins mais cultivent leurs différences, à commencer par leurs motorisations hybrides radicalement opposées. Système E-Tech à transmission multimode pour le français et hybride série pour le japonais : lequel remporte la palme de l'efficacité ?
Prix, fiche technique, essais comparés : retrouvez notre match entre le nouveau Renault Austral E-Tech hybride et le Nissan Qashqai E-Power.
Alexandre Krassovsky
NISSAN Qashqai e-Power Tekna+
- - Moteur : Electrique
- - Puissance: 190 ch
- - Lancement : Février 2021
- - A partir de 46 000 €
- - 50 € de malus.
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RENAULT Austral 1.2 E-Tech Hybrid Iconic Esprit Alpine
- - Moteur : Hybride
- - Puissance: 200 ch
- - Lancement : Décembre 2022
- - A partir de 45 300 €
- - Ni bonus ni malus
- Voir la fiche technique
Contrairement aux groupes Volkswagen et Stellantis, l’alliance Renault-Nissan n’est pas une fabrique de clones techniques. On laissera aux spécialistes de la finance le soin de juger si cette diversité est profitable, mais elle est flagrante lorsqu’on découvre les nouveaux Renault Austral E-Tech et Nissan Qashqai e-Power, qui partagent pourtant la même plate-forme CMF.
Les deux modèles font appel à des systèmes hybrides totalement originaux. Le premier étrenne l’évolution du système hybride avec la transmission multimode inaugurée en 2020 par la Clio et le Captur. Pour la petite histoire, il abandonne son 1.6 atmosphérique d’origine Nissan au profit d’un nouveau trois-cylindres 1.2 entièrement maison. Le second retire la fonction de propulsion au moteur thermique, qui n’est plus chargé que de produire du courant pour la machine électrique entraînant les roues avant.
Nous le verrons, ce ne sont pas les seuls points de divergence entre le Qashqai, pionnier des « crossover », et l'Austral, qui espère offrir enfin à Renault une part substantielle du marché des SUV compacts. Les deux cousins se rejoignent cependant sur l'idée de faire de l'hybride une alternative au diesel qu'ils ne proposent pas dans leur gamme. Une vraie prise de risque alors que cette motorisation est encore appréciée dans leur segment.
Prix Nissan Qashqai e-Power et Renault Austral E-Tech
À 46 000 € en finition haute Tekna+, le Nissan Qashqai e-Power est plus cher de 700 € que son rival français, lequel a pourtant déjà la main lourde. Mais, lorsqu’on examine la liste des équipements, on constate rapidement que le rapport prix-équipement du japonais est plus favorable. En effet, tout ou presque est en série, depuis la sellerie cuir jusqu’à l’affichage tête haute, en passant par le toit ouvrant panoramique et le train arrière multibras avec jantes de 20 pouces ; une monte à laquelle il est possible de renoncer pour des jantes de 19 pouces plus favorables au confort.
La liste des options résume à elle seule le parti pris du Qashqai, puisque celle-ci se limite à la peinture métallisée ! Notons toutefois que le véhicule est désavantagé sur le plan fiscal : moins que son petit malus de 50 €, ce sont ses émissions supérieures à 120 g/km qui feront grincer les dents des gestionnaires de parc. Pour 3 g/km de trop, le japonais passe en effet à côté de l’exonération de TVS de trois ans pour les entreprises. Quand on sait le poids actuel des ventes aux sociétés, cela n’a rien d’anodin.
Affiché à 45 300 €, l'ambitieux Renault Austral E-Tech Iconic Esprit Alpine (soit la finition la plus huppée) joue la carte de la technologie… optionnelle, donc facturée. Pour disposer d’un équipement équivalent à celui de son rival, il faut ainsi rajouter la bagatelle de 3 400 € d'options. En contrepartie, cet Austral en habit Iconic Esprit Alpine joue sur des apparences plus sportives que le Qashqai avec ses jantes diamantées noires, ses surpiqûres bleues, ses enjoliveurs de carrosserie en plastique noir et ses logos spécifiques. Il a également l’exclusivité du système de roues arrière directrices 4Control (1 800 €), dont était équipé notre modèle d’essai. Sur le plan fiscal, l’Austral est un peu plus favorisé grâce à sa puissance fiscale inférieure de 1 CV et surtout à ses émissions de CO2 particulièrement basses. Il peut ainsi revendiquer l’exonération de TVS pendant trois ans, ce qui lui permettra de s’offrir une place de choix dans les catalogues des entreprises.
À conduire
L’originalité de la technologie hybride du Qashqai se perçoit immédiatement au volant. Certes, le grognement à froid du moteur thermique déconcerte, mais il se fait très vite oublier au profit de sensations de conduite très électriques. Aucun à-coup ne vient en effet troubler son fonctionnement, tandis que le conducteur profite de la précision diabolique de la pédale d’accélérateur. Elle peut être utilisée pratiquement seule grâce au système e-Pedal Step, même si celui-ci a mis de l’eau dans son vin : il ne fonctionne plus jusqu’à l’arrêt. Les phases de fonctionnement 100 % électrique sont nombreuses, mais le Nissan Qashqai e-Power reste un pur hybride doté d’une petite batterie. Le moteur thermique s’allume donc fréquemment pour alimenter en électricité le système, et son régime s’élève lors des fortes demandes de puissance, un peu comme un modèle Toyota doté d’une transmission à variation continue.
Néanmoins l’ensemble offre un agrément de conduite élevé, d’autant que la qualité d’insonorisation est en rapport. Le châssis se montre également efficace et propose un niveau de confort correct, particulièrement lorsque le véhicule est équipé de jantes de 19 pouces, comme notre exemplaire d'essai. Un bilan globalement positif, jusqu’au moment d’aborder le chapitre consommation. Plutôt efficace en ville, où il est possible de passer sous la barre des 6 l/100 km, le système e-Power se montre gourmand à mesure que la vitesse s’élève. Il faut ainsi compter 8,5 l/100 km à 130 km/h stabilisé. C’est trop. La consommation moyenne au terme de notre essai mené avec un œuf sous le pied en raison des routes givrées s’est établie à 7,4 l/100 km. Un chiffre qui n’en fait pas une alternative au diesel.
Un Renault Austral plus sobre
Après avoir goûté à l’agrément du système e-Power, rouler à bord du Renault Austral E-Tech inspire des sensations plus mitigées. Certes, le système a fait des progrès depuis son lancement et dispense beaucoup moins d’à-coups, mais il ne répond pas de manière limpide aux sollicitations du conducteur, qui ne sait jamais vraiment comme réagira sa monture en appuyant sur l’accélérateur. La réponse est en effet plus ou moins nerveuse, et la voiture donne parfois le sentiment de continuer à accélérer après que la pédale a été relâchée. À basse vitesse au freinage, la motorisation paraît résister, comme si elle ne débrayait pas assez vite. Enfin, les phases où le moteur thermique recharge la batterie contribuent à rendre le fonctionnement peu naturel.
Malgré sa masse inférieure, l’Austral ne donne pas une grande impression de performance. Et cela se vérifie dans les chiffres, avec un 0 à 100 km/h plus favorable de 0,5 s pour le japonais. Tout n’est cependant pas noir pour le Renault, qui offre un châssis nettement plus dynamique que le Nissan grâce aux roues arrière directrices optionnelles. Celles-ci se révèlent également très utiles en manœuvre. Le français se montre toutefois un peu moins prévenant au chapitre du confort, d’autant que son insonorisation est plus légère. C’est surtout au plan de la consommation que l’Austral prend sa revanche. Non seulement il absorbe pratiquement 1 l/100 km de moins sur autoroute, mais il s’est révélé plus économe sur l’ensemble de notre parcours d’essai en réclamant 6,8 l/100 km. Si la motorisation e-Tech offre moins d’agrément que le système e-Power, elle fait la preuve d'une meilleure efficience.
À vivre
Pays réputé pour son goût des technologies, le Japon est paradoxalement toujours un cran en retard en ce qui concerne l’électronique automobile embarquée. Une tendance qui se vérifie une nouvelle fois en comparant nos concurrents. Là encore, nos deux rivaux ne mutualisent pas leurs technologies et choisissent des voies opposées en matière de dessin intérieur. Plus futuriste, le Renault juxtapose les écrans et emprunte à la Mégane E-Tech son système conçu avec Google, qui s’inspire pleinement de l’univers des smartphones. Plutôt bien conçu et ludique, il fait partie des points forts du français. Plus traditionnel, le Qashqai propose un mobilier intérieur classique. Son système multimédia reste au goût du jour mais propose moins de fonctionnalités connectées. Il ne commet cependant aucune faute d’ergonomie, et tout est à portée de main grâce à des boutons bien placés. Ainsi, selon les goûts et les habitudes, les deux partis pris peuvent trouver leurs adeptes.

Le Nissan Qashqai propose une ergonomie plutôt traditionnelle et une qualité de finition de très haut niveau. Alexandre Krassovsky

Pas de banquette coulissante mais une habitabilité suffisante à l'arrière du Nissan Qashqai e-Power 2023. Alexandre Krassovsky

Le plancher en deux partie du Nissan Qashqai e-Power permet de séparer la zone de chargement et de maintenir certains objets si besoin. Alexandre Krassovsky

Bien pensée, la modularité du Nissan Qashqai e-Power est identique à celle des modèles thermiques. Alexandre Krassovsky

Beaucoup plus futuriste que celle du Qashqai, la planche de bord de l'Austral E-Tech arbore une qualité de finition tout aussi appréciable. Alexandre Krassovsky

Contrairement à celle du Nissan Qashqai, l'instrumentation numérique de l'Austral permet d'afficher la carte de navigation. Alexandre Krassovsky

Le Renault Austral propose certes une banquette coulissante mais il délivre moins d'espace à bord que le Qashqai, pourtant plus court. Alexandre Krassovsky
En matière de finition, l'Austral et le Qashqai font jeu égal : la qualité des matériaux et le soin apporté aux assemblages apparaît dans les deux cas très appréciables. Plus long de 8 cm que le Nissan, le Renault n’est pas celui qui offre le plus d’espace intérieur. Certes, il peut se prévaloir d'une banquette coulissante en deux parties, mais la batterie du système hybride entame largement le volume du coffre, qui ne propose donc aucun espace sous le seuil de chargement, contrairement à celui du Nissan. Lorsque la banquette du Renault est reculée, la soute à bagages doit donc concéder 74 l de volume sans pour autant offrir d'espace à l’arrière beaucoup plus important. Enfin le japonais profite d'une modularité supérieure grâce notamment à ses dossiers de banquette qui se rabattent en plancher plat.
Notre choix : Nissan Qashqai
- Certes, la motorisation du Nissan Qashqai ne brille pas là où on l’attendait, c’est-à-dire la sobriété. Mais le SUV japonais se rattrape par son agrément de conduite, son rapport équipement-prix plus favorable et son coffre plus logeable, toujours appréciable pour une voiture à vocation familiale. De son côté, le Renault Austral apparaît un peu moins abouti au niveau de sa motorisation et du confort de marche, et il cherche un peu trop à jouer au premium sur le plan financier. Mais cela ne l’empêchera pas de briller auprès des entreprises grâce à ses émissions de CO2 limitées.
Renault Austral E-Tech
On aime
- Consommation très maîtrisée
- Dynamisme avec 4Control
- Finition de qualité
On regrette
- Agrément mécanique perfectible
- Bruits d’air
- Options nombreuses et coûteuses
Nissan Qashqai e-Power
On aime
- Agrément de conduite
- Performances
- Rapport encombrement-habitabilité
On regrette
- Consommation élevée
- Trépidations avec jantes de 20 pouces
- Système E-Pedal dénaturé
Prix et fiche technique Nissan Qashqai et Renault Austral
Marque modèle | Nissan Qashqai | Renault Austral |
Version | e-Power | E-Tech Full Hybrid 200 |
Finition | Tekna+ | Iconic Esprit Alpine |
Prix (€) | 46 000 | 45 300 |
Puissance fiscale (CV) | 8 | 7 |
Rejets de CO2 (g/km) | 122 à 123 | 105 |
Malus 2023 (€) | 0 à 50 | aucun |
Malus au poids (€) | aucun | aucun |
Garantie voiture | 3 ans - 100 000 km | 2 ans - km illimité |
Dimensions | ||
Longueur (m) | 4,43 | 4,51 |
Largeur sans rétroviseurs (m) | 1,84 | 1,83 |
Hauteur (m) | 1,63 | 1,62 |
Empattement (m) | 2,67 | 2,67 |
Volume de coffre (l) | 504 | 430 à 555 |
Capacité du réservoir (l) | 55 | 55 |
Pneus sur modèle d'essai | 235/45 R20 | 235/45 R20 |
Poids à vide (kg) | 1 685 | 1 510 |
Fiche technique | ||
Moteur thermique | 3 cyl. turbo essence | 3 cyl. turbo essence |
Cylindrée (cm3) | 1 497 | 1 199 |
Puissance (ch)-couple (Nm) | 158-250 | 130-205 |
Puissance (ch)-couple (Nm) moteur électrique | 190-330 | 50-205 + 25-50 |
Puissance cumulée (ch) | 190 | 200 |
Couple cumulé (Nm) | 330 | nc |
Capacité utile batterie (kWh) | 1,97 | 2 |
Transmission | aux roues avant | aux roues avant |
Boîte de vitesses | auto, réducteur | auto, crabots - multimode |
De 0 à 100 km/h (s) | 7,9 | 8,4 |
Vitesse maximale (km/h) | 170 | 175 |
Équipements de série en commun
- Conduite semi-autonome
- Climatisation automatique
- Hayon mains libres
- Instrumentation numérique de 12,3 pouces
- Jantes de 20 pouces
- Ouverture mains libres
- Rétroviseurs électriques et dégivrants
- Siège conducteur électrique
- Sièges chauffants
Équipements différenciants et options
Nissan Qashqai | Renault Austral | |
Peinture métallisée | 650 € | 650 € |
Affichage tête haute | série | 700 € |
Banquette coulissante | non | série |
Chargeur à induction | série | 150 € |
Phares avant Matrix | série | 800 € |
Pare-brise chauffant | série | 100 € |
Stationnement automatisé | série | non |
Sellerie cuir | série | non disponible |
Système 4Control | non disponible | 1 800 € |
Système audio haut de gamme | série | 850 € |
Toit panoramique | série | 800 € |