Essai comparatif : le Volkswagen Taigo défie le Peugeot 2008

Les SUV affluent dans les gammes, pleuvent sur les routes, inondent les pubs TV et, dans cette histoire, le pompier Volkswagen n’est pas tout à fait innocent. En 2022 il compte huit SUV au catalogue, dont trois au format urbain ! Après le T-Roc (à plate-forme de Golf et 4,25 m de long), le T-Cross (à plate-forme de Polo et 4,11 m de long), voici le nouveau Taigo, issu du « petit » T-Cross mais 3 cm plus long que le « grand » T-Roc. Particularité du Taigo ? Sa silhouette de SUV coupé, à pavillon en fuite et lunette très inclinée. Inaugurée par les marques premium, elle descend aujourd’hui en cascade chez les généralistes.

Si son pavillon reste parfaitement vertical, le Peugeot 2008 cherche lui aussi à draguer les jeunes pères allergiques aux monospaces. Calandre carnassière, feux en griffe, vitrage latéral cintré, le 2008 file la métaphore sportive sans renier ses aptitudes familiales. Il a pour cela grandi depuis l’ancienne génération : 4,30 m et 434 l de coffre, et affiche à présent des dimensions très proches de celles de son rival du jour (4,27 m et 438 l). Le format reste compatible avec un usage urbain et justifie le choix d’une boîte automatique. Chez Peugeot, cette dernière impose un moteur de 130 ch minimum quand le Taigo peut s’en doter dès 110 ch. Un écart de puissance qui génère d’emblée un écart de tarif…

Prix Peugeot 2008 vs VW Taigo

Pour son premier match face au leader des SUV urbains en France, le Taigo délaisse ses finitions Life et R-Line et coche le dernier échelon, baptisé Style et facturé 30 740 € en TSI 110 DSG. Un tarif coquet mais compensé par la dotation de série archi-complète. Instrumentation numérique, navigation GPS, système de conduite semi-autonome, radars de stationnement avant et arrière, caméra de recul, clef mains libres, jantes alliage, tout est livré d’office… comme à bord du 2008 GT Pack, facturé 33 150 €. Pour justifier son surcoût de 2 400 €, le français tente de brandir sa surveillance d’angle mort et ses jantes de 18 pouces au lieu de 17, mais il se heurte rapidement à la générosité de l’allemand.

Aux équipements précités, le Taigo Style ajoute la climatisation deux zones, les connexions Android Auto et Apple CarPlay sans fil (pas besoin de raccorder le câble USB pour dupliquer ses applis sur l’écran central), la recharge par induction et les feux Matrix LED. Comme sur les modèles haut de gamme, les optiques avant sont alors censées conserver les pleins phares le plus souvent possible et n’éteindre que certaines diodes à l’approche d’autres usagers. Sur autoroute urbaine lors de notre essai nocturne, les « mauvaises » diodes s’allumaient hélas régulièrement, au grand dam des automobilistes éblouis sans raison sur la même file de circulation… À revoir donc, même si cette fonction (désactivable) ne suffira pas pour disqualifier le Taigo. En route !

À conduire

Notre essai comparatif débute en ville, où nos SUV urbains concentrent paradoxalement leurs principaux défauts. En Taigo, le décollage au feu vert génère une désagréable secousse (due à la lenteur du Stop & Start au redémarrage), et l’arrivée du couple manque de progressivité dès que le conducteur réclame un peu de punch. Le 2008, lui, génère des secousses quand il passe du rampage à l'arrêt et davantage de vibrations quand il évolue à très bas régimes.

Dommage car, pour le reste, ces petits SUV s’échinent à faciliter les explorations urbaines : capot bien visible grâce au siège possiblement haut perché, carrosserie bardée de capteurs d’obstacles, caméra de recul de série. Avec sa suspension plus moelleuse sur les cahots et sa direction plus douce et maniable (merci au petit volant !), le Peugeot 2008 marque un premier avantage. Il les multipliera hors des remparts de la cité.

Son trois-cylindres, plus puissant et fort en couple (20 ch et 30 Nm supplémentaires), garantit d’abord de meilleures relances si le relief s’amplifie ou si les passagers s’additionnent à bord. Ses bruits d’air et de roulement sont aussi davantage calfeutrés, garantissant un meilleur silence de marche malgré un moteur légèrement plus grondant en charge. Quant au compromis confort/tenue de route, il demeure plus favorable avec une adhérence aussi élevée en virage mais obtenue avec une suspension plus confortable.

Fermons ce chapitre en évoquant les fonctions de conduite semi-autonome de série, mêlant un régulateur de vitesse adaptatif à un centrage actif dans la voie. Un système reposant sur longs trajets et bien géré dans les deux cas, notamment en 2008, qui permet de choisir une position voulue dans la file pour faciliter la cohabitation avec les deux-roues. Sa facilité d’activation (un bouton physique à gauche du volant, comme pour la simple alerte de sortie de voie) achève de convaincre.

À vivre

Sur les dernières Volkswagen (Golf 8, ID.3), la multiplication des dalles numériques a autant servi la modernité que dégradé la facilité d’usage. Le SUV Taigo récupère la planche de bord de la Polo restylée qui ne tombe pas dans ce piège : instrumentation numérique certes, écran central tactile bien sûr, mais certaines commandes demeurent physiques pour un usage plus naturel en roulant. C’est le cas de la ventilation, qui reste séparée de l’écran central sans conserver ses antiques molettes. Pour ajuster la température ou le débit d’air, on peut tantôt glisser le doigt le long de la commande, tantôt tapoter sur les extrémités. Notre Taigo d’essai embarquait en option l’écran central de 9,2 pouces au lieu de 8 (+ 600 €), intégrant la reconnaissance vocale et la cartographie GPS affichable au niveau des compteurs.

La commande gestuelle est apparue plus futile (on passe la main devant l’écran pour faire défiler certains menus), alors que l'impossibilité de conserver la cartographie au centre si on l’appelle au niveau des compteurs suscite la déception. Mais l’écueil principal du Taigo se situe ailleurs : les plastiques durs et fragiles habillant les contre-portes et la console centrale font tiquer dans une auto facturée plus de 30 000 €. L’ambiance de série manque aussi de fantaisie, à moins de cocher le pack Design Vert Visual en option gratuite. Il invite des plastiques et des selleries plus claires, ainsi qu'un bandeau de planche de bord vert plutôt que gris foncé. Gare aux amateurs d’associations douteuses : les coloris extérieurs bleu Récife et rouge Roi deviennent alors indisponibles.

Si le Volkswagen Taigo aime singer les coupés à l'extérieur, le 2008 préfère les imiter à bord avec son mobilier plus enveloppant, son écran central légèrement orienté vers le conducteur et son petit volant surplombé par les compteurs (qui les cache malheureusement dans certaines positions de conduite). Cet aménagement n’altère en rien les aspects pratiques, puisque le 2008 dégage des rangements plus spacieux (boîte à gants et vide-poches entre les siège notamment) et plus pratiques. Citons ici l’astucieux couvercle rotatif qui, une fois ouvert, sert de support pour smartphone.

Dommage qu’il faille obligatoirement raccorder son téléphone à la prise USB pour profiter des applications Android Auto ou Apple CarPlay sur l’écran (pas de fonction sans fil ici), trahissant un léger retard technologique du système d'info-divertissement. Promis sur 10 pouces de diagonale, l'affichage est moindre en réalité car il est encadré par deux barrettes rappelant les températures intérieures souhaitées. Une info d’ailleurs mensongère puisque la climatisation demeure monozone (pas de réglage séparé entre conducteur et passager) et exige de recourir au menu dédié pour être ajustée.

Places arrière et coffre
Issu du T-Cross, le Volkswagen Taigo perd l’un de ses principaux arguments à l’arrière : une banquette coulissant sur 14 cm. Les voyages n’y ont pourtant rien d’un supplice grâce à une place aux jambes très correcte, à une garde au toit toujours suffisante malgré le pavillon abaissé de 4 cm et à une banquette bien dessinée. Celle du 2008 soutient moins bien le cuisses et les jambes, mais elle dégage un espace aux jambes très légèrement supérieur aux places latérales. C’est moins vrai au centre, où le passager occasionnel sera accueilli plus fermement malgré un tunnel central moins proéminent que celui du Taigo.

Quasi identiques en matière de volume (434 l chez Peugeot, 438 l chez Volkswagen), les coffres partagent le même plancher amovible à deux positions, le même cache-bagages rigide dissimulable au-dessous et la même petite pente ascendante formée par les dossiers une fois rabattus. À l’heure de saturer la soute pour les départs en vacances, le 2008 avance tout de même son seuil de chargement moins élevé et sa lunette moins inclinée, qui autorise plus facilement les chargements jusqu’au plafond. Les jeunes parents apprécieront !

Retrouvez le bilan du match Taigo vs 2008 et les fiches techniques, prix, équipements et options comparés en page suivante.