Essai Maserati Grecale : le SUV de conquête

Le Grecale dépasse son statut de second SUV de la gamme Maserati. Il vient épauler le grand frère Levante (5,01 m), qui compte déjà six années d’existence, mais il permet surtout à la marque italienne de poser ses roues dans un segment à fort potentiel à l’échelle de la planète, celui des SUV compacts de luxe. Avec sa taille de 4,85 m, le Grecale se positionne dans la fourchette haute de ce segment, et c’est surtout aux États-Unis et en Chine, premiers marchés pour le constructeur italien, qu’il fera son miel.

Pour bâtir cette nouvelle offre, Maserati est allé faire ses courses chez Alfa Romeo (les deux firmes appartiennent à la galaxie Stellantis), puisque le Grecale partage la plate-forme Giorgio et l’usine de Cassino en Italie avec le Stelvio. Son allure est, en revanche, bien imprégnée de l’ADN de la marque. La calandre rappelle la supercar MC20, et le trident trône fièrement en plusieurs endroits sur la carrosserie. Sans oublier la triple ouïe d’aération sur les ailes avant, une signature maison. Le nouveau venu est surtout armé d’équipements qu’aucune Maserati avant lui n’avait eus, à l’image de l’affichage tête haute, de la commande vocale intelligente Alexa (celle d’Amazon) et du double écran tactile.

Même l’emblématique montre trônant en tête de la planche de bord passe dans un nouveau siècle. Ses aiguilles sont remplacées par un cadran numérique qui permet de choisir entre différents affichages : montre, boussole ou indicateur de G. Le SUV Maserati se décline avec trois motorisations. Il adopte au choix un 2.0 quatre cylindres avec hybridation légère 48 V accessible en deux puissances (300 ch en GT et 330 ch en Modena) et un V6 biturbo de 530 ch pour la version de pointe Trofeo. Tous les moteurs sont reliés à une boîte automatique à huit rapports et passent leur puissance au sol via la transmission intégrale. Sans surprise, les tarifs se positionnent à haute altitude. 
 

Prix Maserati Grecale

La clientèle Maserati est fortunée, et les tarifs ne sont généralement pas un obstacle. Les prix démarrent à 75 450 € pour le Grecale GT de 300 ch et passent à 86 000 € en version Modena de 330 ch dotée d’un différentiel à glissement limité et mieux équipée (voir les équipements en page 2). Mais, pour des acheteurs qui payent déjà beaucoup d’impôts, le malus de 16 000 à 26 000 € risque de coincer. Surtout quand la concurrence propose des versions hybrides rechargeables sans taxe. En tête de gamme, le Grecale Trofeo de 530 ch avance une facture de 115 400 € (avant options !) et un malus de 40 000 €. Ici, pour se consoler, on dira que le plaisir est dans le prix…
 

Au volant

Autant l'avouer tout de suite, on a été déçu à l'issue de cet essai. Le Grecale n’est pas en cause, mais plutôt le choix du parcours imposé par la marque sur un temps très court. Jamais nous n'avions testé une voiture sur des routes aussi peu appropriées à ses compétences. Contrairement à ce que laissent penser les images d'illustration, nous avons fait principalement de la ville (à Milan), parcouru quelques kilomètres de rocade et avalé beaucoup de ronds-points. Dommage pour un SUV à tendance sportive. Cerise sur le gâteau : les modèles étaient équipés de pneus hiver, très peu utiles quand il fait 20 °C !

La direction précise emmène un train avant bien guidé à vitesse moyenne, mais un peu plus de réactivité aurait renforcé le sentiment d’agilité. Le confort est bien servi par la suspension pneumatique (en option sur les quatre-cylindres), avantageusement relayé par les sièges avant larges et accueillants. À noter que le Grecale propose quatre modes de conduite – Off-Road, Confort, GT et Sport –, qui agissent sur la réponse de la direction, l’accélérateur et la boîte. Si ,pour chacun des modes, on peut choisir la fermeté de la suspension, il n’existe pas de mode Individual permettant de personnaliser les paramètres un par un.

Quelques kilomètres avec le bouillonnant Trofeo ont fait monter le curseur de l’agrément, mais aussi celui de la frustration de ne pouvoir exploiter cette mécanique noble, rageuse, et qui a laissé entrevoir un grand potentiel. Ici, le V6 biturbo de 530 ch est dérivé de celui de la sportive MC 20. Il reprend la double combustion avec préchambre mais se passe du carter sec. On trouve, en plus, un mode de conduite Corsa qui libère tout le potentiel sportif du Grecale Trofeo avec, notamment, un prometteur 0 à 100 km/h en 3,8 s.

Il faudra donc faire un véritable essai pour cerner le vrai potentiel de ce SUV Maserati car, pour l'heure, il ne nous a pas laissé un sentiment de domination face à l’Alfa Romeo Stelvio en matière d’agilité et de réactivité. Le poids supérieur et l’empattement plus long (+ 8 cm) du Grecale sont, il est vrai, peu favorables à la sportivité. Mais le véhicule profite aussi de ses mensurations généreuses pour développer un vrai sens de l’accueil. Son confort et son espace à bord le positionnent d’ailleurs comme un SUV GT pour ses versions à quatre cylindres, plutôt qu’un SUV sportif pur et dur.
 

À bord

Commençons par le réflexe de beaucoup d’acheteurs d’une voiture familiale : soulever le hayon. Le Grecale dévoile alors une belle surprise avec un coffre large d’accès et volumineux affichant 535 l sur les versions micro-hybrides ou 570 l sur la V6. Avec les dossiers de banquette rabattus, le plan de chargement est bien plat. Voilà donc un SUV chic pour aller chiner. Même satisfaction aux places arrière, où l'espace est important pour les jambes et l’endroit très accueillant pour deux passagers.

La planche de bord du Grecale est habillée d’un mobilier élégant intégrant des matériaux nobles, tels que le cuir, le carbone et l'aluminium. L’ensemble envoie une image flatteuse et haut de gamme, renforcée par la technologie digitale. Sur ce dernier point, Maserati a bien saisi qu’un seul écran pour piloter toutes les fonctions ne suffirait pas. Le constructeur installe donc en partie basse une seconde tablette pour la climatisation et des accès directs (éclairage, Stop & Start, contrôle en descente et ESP) ; un dispositif déjà vu chez Audi.

Mais tout n’est pas parfait à bord du dernier-né de Maserati, puisque quelques assemblages sont apparus approximatifs sur notre version d’essai. Quant au raffinement attendu à ce niveau de gamme, il passe parfois par les options, à l’image du réglage électrique de la position du volant, du système audio avec 21 HP et des finitions bois ou carbone. D'ailleurs, avec les options et les programmes de personnalisation, le prix grimpe en flèche. Mais ce n’est pas une surprise dans l’univers des voitures de luxe.
 

Concurrence

Le Grecale Modena muni de son quatre-cylindres de 330 ch est facturé 86 000 €. Il trouve face à lui une concurrence sévère, emmenée par les BMW X3 M40i, Mercedes GLC AMG 43 et Porsche Macan S, tous équipés d’un noble six-cylindres. Mais le Mercedes et le Porsche en payent le prix côté malus (voir tableau ci-dessous), alors que le Grecale s’en sort mieux grâce à sa micro-hybridation. Évidemment, les X3 et GLC ont dans leurs gammes des versions hybrides rechargeables qui leur permettent d’échapper complètement au malus. Ce n'est pas le cas du Grecale, qui préfère le pari d’une déclinaison 100 % électrique en 2023 nommée Folgore. Il retrouvera sur ce terrain-là le futur Porsche Macan à batteries.

Retrouvez le bilan de l'essai, la fiche technique, les prix et les équipements de série en page suivante.