Essai Peugeot Landtrek : le retour du pick-up français
Peugeot et le pick-up, c'est une longue histoire qui se répète avec le nouveau Landtrek, tout juste lancé en Amérique du Sud et en Afrique. Nous avons conduit une version mexicaine, de passage en France.
Peugeot se relance sur le marché du pick-up avec ce nouveau Landtrek. Sa carrière internationale ne passera pas par la France.
CLEMENT CHOULOT
Peugeot s’est bâti une solide réputation dans le monde du pick-up avec les modèles 404 et 504, lancés respectivement en 1967 et 1979. La production de la 504 a duré jusqu’en 2005 en Afrique, où beaucoup de modèles roulent encore, mais Peugeot fait profil bas depuis sur ce segment. La marque au lion retrouve aujourd’hui de l'ambition avec le Landtrek, un beau bébé de 5,33 m de long à l’identité Peugeot indéniable en dépit de sa fabrication en Chine. Peugeot s’est en effet associé avec Chang’an (un spécialiste des utilitaires) pour signer son retour sur le marché du pick-up « 1 tonne » avec trois versions : double cabine (4 places, 4 portes), simple cabine (2 places, 2 portes) et châssis-cabine pour les aménageurs.

Le Landtrek a déjà démarré sa carrière dans quelques pays d’Amérique du Sud et d’Afrique et son déploiement se poursuit avec pour objectif une présence dans 65 États. Peugeot vise les trois régions du monde qui représentent 94 % des ventes mondiales de pick-up « 1 tonne » : Amérique du Sud, Afrique et Asie. Le potentiel de ce marché est grand et le français dresse ses capacités à la hauteur de l’enjeu grâce à une conception partagée avec son partenaire Chang’an. Entendez par là que Peugeot ne se contente pas de rebadger un modèle existant, mais qu'il est partie prenante du projet depuis le départ pour imposer son propre cahier des charges d’un pick-up à vocation internationale.
La benne et la bête
Un pick-up doit avoir un aspect robuste pour séduire, et c’est réussi pour le Landtrek en version double cabine. Il ne réinvente pas la formule, mais les effets de style propres aux voitures de la marque se retrouvent sur la face avant. La calandre, encadrée de crocs lumineux, évoque celle du SUV 5008 avant restylage, tandis qu'à l’arrière la ridelle affiche clairement le nom de la marque. Le Landtrek soigne surtout les fondamentaux du pick-up : sa charge utile dépasse les 1 000 kg, sa capacité de traction peut atteindre 3 000 kg et sa benne est la plus grande du segment (voir dimensions page suivante). Une euro-palette se glisse entre ses passages de roue (1,22 m), ce qui permet d’en embarquer deux pour la version double cabine et trois pour la version simple cabine, qui allonge son gabarit à 5,39 m pour l’occasion. À ces solides arguments le Landtrek ajoute des capacités hors route dignes des meilleurs 4 x 4. Pour le vérifier, rien de mieux qu’un bain de boue.
Au volant

Le Landtrek accueille deux motorisations : un 1.9 turbo-diesel de 150 ch d’origine chinoise avec boîte mécanique Getrag et un 2.4 essence de 210 ch d'origine Mitsubishi donnant accès à la boîte automatique de l’équipementier Punch. C’est la proposition 2.4 essence BVA que nous avons testée avec une cartographie moteur étudiée pour les évolutions en altitude puisque notre Landtrek double cabine est une version mexicaine.
Notre test sur des petites routes détrempées confirme que ces pick-up ne sont pas à l’aise dans cet exercice. On conduit sur des œufs avec la direction assez floue et le mode propulsion (le mode 4 x 4 s’enclenche sous les 70 km/h), surtout que la cartographie rend le moteur réactif dès les bas régimes. En revanche, le Landtrek s’en sort un peu mieux que certains concurrents côté confort de suspension (notre version était lestée de 250 kg dans la benne). On ne parlera pas d’ambiance douillette, mais c’est supportable. Pour agrémenter la vie à bord, le Landrek profite d’un équipement moderne avec le démarrage sans clé, l'aide à la descente, la caméra 360° (utile pour se garer et en tout-terrain) et les connexions Apple CarPlay et Android Auto sur le grand écran tactile. Quelques passages et manœuvres dans les villages confirment qu’avec son gabarit, le Landtrek préfère fuir les centres-ville au profit des grands espaces et des chemins forestiers. Direction donc le domaine 4 x 4 de Forest Hill en région parisienne.

Les chemins devenus boueux avec la pluie n’ont pas fait peur au français, capable de plonger dans un gué de 60 mm. C’est même étonnant de voir à quel point on va loin en restant en 4 x 2 avec les pneus Goodyear Wrangler montés sur le modèle. Dès qu’il y a de la pente, on enclenche la transmission 4 x 4 et le Landtrek passe partout grâce à sa garde au sol de 235 mm et à ses grands angles d’attaque (30°) et de fuite (26°). Les marchepieds seront à éviter pour ce type d’exercice (notamment les croisements de ponts), mais ils étaient là pour montrer la large gamme d’accessoires proposés sur le véhicule. Dans les passages les plus raides, le réducteur de boîte, voire le blocage du pont arrière, permet de se sortir d’un faux pas.
Dans toutes les évolutions à basse vitesse, la souplesse de l’attelage gros moteur à essence et boîte automatique est un régal. En prenant de la vitesse sur les chemins, le Landtrek prouve qu’il encaisse sans broncher trous et bosses. C’est un peu rude à bord dans les ornières les plus profondes, mais le sentiment de solidité domine. Peugeot a évidemment équipé son pick-up d’une plaque de protection sous le moteur pour prévenir des frottements et autres chocs que le Landtrek devra supporter sur les pistes africaines, asiatiques et sud-américaines, où robustesse et fiabilité doivent primer.
À bord





Concurrence
Les rivaux n’ont pas attendu le retour de Peugeot pour prendre des positions solides sur ce marché. Le Toyota Hilux est le leader et celui que l’on voit dans les régions du monde les plus reculées. Sa réputation de robustesse n’est plus à faire. Le Mitsubishi L200, le Nissan Navara et l’Isuzu D-Max sont les autres grands acteurs. Le Landtrek arrive donc sur un marché déjà structuré, et l’histoire récente montre que lancer un nouveau pick-up n’est pas facile : Renault et Mercedes ont fait un flop retentissant avec leurs Alaskan et Classe X. Si l’Europe ne représente qu’une petite part du marché mondial du pick-up, tous les acteurs y sont quand même. Le Landtrek, lui, ne pourra y poser ses roues puisque ses moteurs sont loin des normes antipollution en vigueur chez nous.
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