Essai Renault Twingo 1 : la populaire française fête ses 30 ans
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Essai Renault Twingo 1 : la populaire française fête ses 30 ans

La Twingo est la dernière petite française à s’inscrire pleinement dans le roman national, dans la lignée des Citroën 2CV, Renault 4CV et 4L. Universellement connue grâce à sa bouille de grenouille et son concept novateur, elle est en passe de devenir une icône. Nous l'avons reconduite.

Par Camille Pinet
Publié le Mis à jour le

La Renault Twingo a été présentée au Mondial de l'auto 1992, mais sa commercialisation effective remonte à 1993.

Benjamin Brillante

RENAULT Twingo 1.2 55ch

  • - Moteur : Essence
  • - Puissance: 55 ch
  • - Lancement : Mars 1993
  • - A partir de 9 040 €
  • - Ni bonus ni malus

C’est une véritable émeute qui envahit le stand Renault du Mondial de Paris 1992, où est présentée pour la première fois la petite Twingo dans ses quatre coloris de série : jaune Indien, vert Coriandre, bleu Outremer et rouge Corail. La foule se presse pour découvrir la petite citadine comme elle se pressait pour admirer la Citroën DS en 1955. Il faut dire que son lancement est un petit événement national, qui figure même sur la Une des grands quotidiens et fait l’objet de reportages au journal de 20 heures télévisé. Avec sa ligne monocorps décalée, son faciès en forme de sourire et ses coloris acidulés, la citadine se démarque d’un monde automobile devenu déjà très sérieux au début des années 1990.

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Si les volumes de la Twingo doivent beaucoup à Jean-Pierre Ploué, sa face avant a été dessinée à partir d'un schéma de Patrick le Quément.

Benjamin Brillante

Une naissance sous les meilleures auspices dont peut témoigner le propriétaire de la Renault Twingo bleu Outremer que nous redécouvrons trente après sa commercialisation. « Quand cette voiture sort en 1992 je suis un ado passionné qui colle des posters de voitures de sport dans sa chambre. Elle me fait cependant immédiatement envie, et je me dis que je pourrai vraiment me la payer un jour. Mon premier achat dans une boutique Renault a alors été la miniature Solido au 1/43 de couleur bleu Outremer. Des années plus tard, celle qui est devenue ma femme partageant ma passion, nous nous sommes mis à chercher l'une des premières Twingo dans ce fameux coloris, qui n’a subsisté que sur la première collection. J’en souhaitais une qui possède toutes les particularités des premiers millésimes : les clignotants orange, le support de capot vert ou encore le coffre ouvrable uniquement avec la clé. J’ai fini par dégotter celle-ci en Bretagne que j’ai fait entièrement restaurer », témoigne Alain Le Meur.

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La graphie du nom du modèle et l'ensemble du matériel publicitaire ont participé à l'image sympathique de la Twingo.

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Le propriétaire, Alain Le Meur, n'a pas hésité à parcourir 700 km pour nous présenter sa magnifique Twingo. Qu'il en soit remercié !

Dépourvue des baguettes latérales accessoires, notre exemplaire se présente dans l’émouvante pureté des origines, qui témoigne de l’intelligence d’une conception tenue par les coûts. L’antenne intégrée dans le rétroviseur, les trois petites ouïes d’aération, la face avant souriante et la teinte non métallisée éclatante tranchaient déjà en 1992 avec le reste de la production automobile. Aujourd’hui, la Twingo devient un petit objet roulant très identifiable parmi les SUV aussi imposants qu’omniprésents. C’est à l’intérieur pourtant que le décalage est encore plus grand. Certes, avec son instrumentation centrale digitale et ses témoins lumineux placés derrière le volant elle préfigurait sans le savoir l’ère du « tout-écran », mais là n’est pas son plus beau tour de magie. Il réside dans son habitabilité, qui laisse rêveuses toutes les citadines d’aujourd’hui. Autant d’espace dans 3,43 m de long, c’est énorme !

Non contente d'offrir un tel intérieur, la Twingo démontre en prime une vocation transformiste grâce à sa banquette coulissante dont les dossiers rabattables permettent de constituer un petit lit double pour camper à l'improviste. Une manière, là encore, de s’inscrire dans la lignée des populaires mythiques. Souvenez-vous des banquettes amovibles de la Citroën 2CV ou des sièges pliables en tous sens de la Fiat Panda. La Renault y ajoute une manière bien à elle de ne pas se prendre au sérieux avec ses boutons et commandes de couleur qui évoquent des jouets premier âge, mais surtout cette incomparable sellerie Soho chamarrée. Comme l’affirmait sa publicité : « Twingo n’est pas faite pour broyer du noir. »

Au volant de la Twingo 1 de 1993

Le démarrage invite dans l’habitacle une sonorité bien familière. Jusqu’en 1996 et l’introduction du D7F plus moderne, la Twingo reprenait en effet le bon vieux « Cléon », dont les origines remontent à la Renault 8. Choisi pour des raisons d’économie de projet, ce moteur rend aujourd’hui la petite française encore plus sympathique en la rattachant à une lignée impressionnante de voitures de la Régie, de la R4 à la R19 en passant par la R5 Turbo. Mais oui ! Docile, le quatre-cylindres n’a aucun mal à entraîner les 790 kg de l’auto. Toujours bonne pâte, il n’a pas beaucoup changé de caractère avec le passage à l’injection. Même son bruit de gros ventilateur énervé reste proche de celui d’une bonne vieille 4L, tout comme le niveau sonore. Carrosserie monocorps oblige, les passagers sont justement priés de « faire corps » avec la mécanique…

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Jusqu'en 1997 la Twingo 1 ne proposait qu'un seul moteur, le Cléon de 55 ch. La petite Renault a ensuite évolué en permanence sur le plan mécanique.

Surprise pourtant, la Twingo n’est pas la citadine accomplie que l’on peut imaginer. Ses immenses portes ne se montrent pas des plus pratique en ville, et elles sont les premières à subir les accrocs de la vie urbaine. Et si sa direction non assistée ne requiert pas les biceps de Hulk, impossible néanmoins à l'arrêt d’ignorer que le moteur pèse sur le train avant. C’est finalement sur route que la Twingo se révèle, en avouant sa vocation typiquement hexagonale : celle d’une « citadine des campagnes », bonne à tout faire grâce au confort de ses suspensions, à son espace intérieur géant et à ses performances encore actuelles. Fidèle à un autre slogan de lancement, la Twingo avait bien « les idées larges » en dépit d'un freinage un peu juste et d'un train avant assez pataud. Des capacités qui ont fait d’elle la première voiture de beaucoup de Français, d’autant qu’elle a gagné des manières avec les années. Nouveaux moteurs, sécurité renforcée, équipement enrichi… À la fin de sa carrière, en 2007, la petite voiture rustique et ascétique était devenue beaucoup plus sophistiquée.  

Et aujourd'hui ?

Lorsque la Twingo originelle rencontre sa descendante, difficile d’imaginer un contraste plus grand, et pas seulement parce que la troisième du nom est mue par des électrons. Adolescente en crise, elle prend l’exact contre-pied de son aïeule : son moteur est situé à l’arrière, elle possède quatre portes, et son espace intérieur est compté malgré ses 19 cm de plus en longueur. Il s’agit bien d’une citadine pure et dure, capable de tourner sur elle-même avec son faible rayon de braquage. Silencieuse, la Twingo 3 se révèle d’une facilité déconcertante en ville grâce à sa direction surassistée et à l’absence de boîte de vitesses.

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Plus que leurs techniques, c'est surtout la philosophie des Twingo 1 et 3 qui les distingue radicalement : la moderne est réservée à la ville, tandis que l'ancienne est polyvalente.

Benjamin Brillante

En revanche, la jeunette perd ses moyens dans les grands espaces, desservie par son autonomie réelle qui dépasse à peine les 150 km avec un œuf sous le pied. De quoi transformer un Paris-Nice en aventure quand la grand-mère s’acquitte de la tâche avec bruit, mais sans fureur. Entre les deux subsiste cependant un point commun : cet adorable côté jouet. Certes, avec ses jantes alliage et ses strippings latéraux la moderne se donne de faux airs de sportive, mais son sympathique faciès se conjugue à un habitacle enjoué grâce à des inserts de couleur et à une sellerie à rayures. On regrettera donc sans doute cette dernière Twingo qui, malgré sa conception mutualisée avec les Smart Fortwo et Fourfour, ne survivra pas à la déchéance du segment A.

Trouver une Twingo 1

Même si la Twingo 1 commence à être collectionnée par certains amateurs, elle reste une voiture d’occasion très abordable. C’est le moment de s’y intéresser, car il ne fait aucun doute qu’elle deviendra de plus en plus recherchée. D’ores et déjà les modèles de la première « collection », produits de septembre 1992 à août 1994, ne font pas long feu en annonce lorsqu’ils sont en bel état. Et c’est justement la principale difficulté d’une recherche de Twingo : voiture peu coûteuse, corvéable à merci, elle a rarement été soignée tout au long de ses trente ans de vie. La grande majorité des modèles proposés à la vente porte les stigmates d’un usage intensif et d’un manque de soin. L’offre est donc abondante, mais les exemplaires « état concours » sont rares. N’hésitez pas à mettre le prix quand il se présente, c’est-à-dire entre 3 000 et 4 000 €. Il faut compter un peu plus pour l’une des très rares versions équipées du toit ouvrant toilé optionnel à partir du millésime 1994. Surtout en jaune Indien.

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Le bleu Outremer est l'une des quatre teintes de série proposées lors de la première collection de 1993 et 1994 avec le jaune Indien, le rouge Corail et le vert Coriandre, de loin le plus répandu.

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Une seule finition et un seul enjoliveur sont proposés au lancement. Le catalogue d'options ne compte que la peinture métallisée. À partir du millésime 1994, le choix s'élargit.

Ces premières Twingo sont certes les plus demandées, mais des modèles un peu plus récents nous semblent tout aussi intéressants. C’est le cas des nombreuses séries limitées qui ont émaillé la carrière de l'auto, particulièrement la première « Kenzo » avec sa sellerie à fleurs signée par le célèbre couturier et la Benetton de 1996 avec ses sièges à carreaux colorés. Simple de conception et robuste, la petite Renault cache tout de même quelques pièges à l’achat, à commencer par la rouille qui peut se dissimuler sous la boîte à fusibles au niveau de la tôle de longeron. Surveiller également les bas de caisse, l’entourage de goulotte d’essence et celui du pare-brise. Il faut aussi être attentif aux lourdes portes qui mettent à rude épreuve le système de charnière, aux lèche-vitres qui vieillissent mal, tout comme certains plastiques intérieurs. Une belle sellerie est un plus, puisqu’il s’agit comme pour beaucoup d’anciennes d’un élément difficile à retrouver. Côté mécanique, toutes les motorisations se révèlent fiables, même si le Cléon n’échappe pas à sa traditionnelle faiblesse de joint de culasse.

Fiche technique comparée des Twingo

Twingo 1 Twingo 3 E-Tech
Longueur (m) 3,43 3,62
Largeur (m) 1,63 1,65
Hauteur (m) 1,42 1,56
Empattement (m) 2,35 2,49
Pneus de série 145/70 R13 165/65 R15 (AV) - 185/60 R15 (AR)
Poids à vide (kg) 790 1 168
Moteur 4 cyl. essence électrique
Cylindrée (cm3) 1 239 -
Puissance (ch à tr/min) 55 82
Couple (Nm à tr/min) 94 160
Transmission aux roues avant aux roues arrière
Boîte de vitesses mécanique, 5 rapports non
0 à 100 km/h (s) 15 12,9
Vitesse maximale (km/h) 150 135
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Envoi en cours
Limousine Le 21/05/2023 - 08:40
Performances actuelles, façon de parler… j’ai surtout le souvenir d’un bruit assourdissant passé 110 km/h, parce que le 130, ce n’était pas toujours… côté pratique c’était une belle réussite, avec cet avantage pour les personnes de grande taille. Avantage qui avait déjà disparu dès le second opus.
ChristophedeN Le 21/05/2023 - 08:13
"Poids à vide (kg)" "Twingo 1" "790" "Twingo 3 E-Tech" "1 168" Différence 378 kg. J'attends les preuves irréfutables que la Twingo 1 pollue plus que la Twingo 3 E-Tech. Les preuves devront prendre en compte tous les polluants émis et les hiérarchiser en fonction de leur dangerosité. A ce titre, les particules les plus fines devront avoir la pondération la plus forte puisque particule = polluant le plus tueur, sans seuil d'innocuité. Et pour une même taille, les plus dangereuses (parce que par exemple contenant des HAP) devront avoir la pondération la plus forte. Comme j'attends les preuves irréfutables qu'elle est plus climaticide en intégrant toutes les émissions de GES émises (directes et indirectes) et notamment si utilisation de bio-carburants n'entrant pas en conccurence avec l'alimentation. "la moderne est réservée à la ville, tandis que l'ancienne est polyvalente", à prendre en compte dans l'analyse de l'impact sur le climat et d'autant plus en fonction du résultat de l'analyse sur la pollution.
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