Essai Subaru Outback 2.5 Boxer (2023) : cuisine du monde
Même s'il est cuisiné au Japon, l’Outback propose une recette surtout populaire outre-Atlantique. Mais les saveurs de ce break baroudeur Subaru peuvent-elles aussi s'adapter aux goûts des automobilistes français ? Pour le savoir, nous avons pris le volant de sa dernière génération.
Prix, fiche technique et essai : retrouvez notre avis sur le nouveau Subaru Outback.
Etienne Roville
SUBARU Outback 2.5i Touring Exclusive
- - Moteur : Essence
- - Puissance: 169 ch
- - Lancement : Avril 2021
- - A partir de 54 990 €
- - 16810 € de malus.
- Voir la fiche technique
Sur un marché nord-américain pourtant peu friand de breaks, l'Outback parvient à se vendre comme des hamburgers. En 2022, aux États-Unis, près de 150 000 acheteurs ont succombé aux charmes de cette japonaise. Un sacré contraste avec les… trois exemplaires immatriculés en France sur la même période ! Eh oui, dans l’Hexagone, cette Subaru n’a pas été plus diffusée que les McLaren 720S, Aston Martin DB11 et Ford GT. Il s'agit donc d'un mets particulièrement rare. En le dégustant, ne vous attendez cependant pas à aimanter les regards comme vous le feriez au volant d’une sportive. L’actuelle génération de ce break surélevé, lancée en France en avril 2021, cultive toujours un penchant affirmé pour la discrétion. De profil, il vous sera d’ailleurs peut-être difficile de faire la différence avec la précédente mouture, le vitrage latéral étant resté quasi identique. La longueur a, elle, augmenté de 5 cm, pour atteindre 4,87 m, mais l’empattement a stagné à 2,75 m.
La changement est un peu flagrant à l’avant, avec des optiques au traitement plus moderne et acéré ou une grille de calandre en nid-d’abeilles. L’accastillage baroudeur, fidèle au poste, a également été redessiné, et les feux arrière prennent désormais une forme de « pince de crabe ». Mais c’est surtout l’habitacle qui a évolué, avec l’arrivée d’un écran tactile de 11,6 pouces au format portrait. Pour espérer sortir de l’anonymat dans l’Hexagone, c’est sans doute un peu juste. Surtout qu’un gros quatre-cylindres à plat 2.5 atmosphérique demeure le seul moteur proposé, sans la moindre hybridation. Uniquement associé à une boîte automatique CVT à variation continue et à une transmission intégrale, il engendre des émissions de CO2 élevées, synonymes de malus écologique colossal : 16 810 € viennent saler l'addition depuis le 1er janvier 2023. Cela suffit en grande partie à expliquer pourquoi les acheteurs français sont beaucoup moins enthousiastes que leurs homologues américains.
Le montant de cette écotaxe pourra toutefois tomber à 260 € si vous avez trois enfants à charge, grâce à un abattement de 20 g/km de CO2 par enfant dans ce cas de figure. Si vous en étiez resté au deuxième, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire… Du moins, si vous êtes en quête d’un break un peu cossu et capable de s’aventurer hors du bitume sans broncher. L'Outback figure en effet parmi les rares survivants de l’espèce, avec les Volkswagen Passat Alltrack, Volvo V60 Cross Country ou Mercedes Classe C et Classe E All-Terrain. Même Audi, l’un des pionniers du genre, ne propose plus les Audi A4 et A6 Allroad en France, au moins provisoirement. La Skoda Octavia Scout a également disparu depuis quelques mois faute de ventes suffisantes, alors que les Dacia Jogger et Fiat Tipo Cross, plus compacts et bien moins raffinés, ne jouent pas dans la même cour. Quant aux Peugeot 508 RXH ou Opel Insignia Country Tourer, elles ont connu le sort des dinosaures depuis longtemps !
Au volant du Subaru Outback
Dans l’Hexagone, le nom de Subaru réveille souvent les souvenirs des succès de la marque en rallye dans les années 1990 et 2000. Mais ne comptez pas vous prendre pour le regretté Colin McRae au volant de cet Outback. Sa philosophie se trouve à l’opposé des fameuses Impreza WRC bleu et or. Même si le moteur dispose toujours ses quatre-cylindres à plat, comme le veut la tradition du constructeur japonais, ses vocalises apparaissent moins caractéristiques que par le passé. Seule sa sonorité un peu sourde et quelques « glouglous » viennent rappeler par moments que c’est bien une grosse cylindrée à l’architecture atypique qui loge sous le capot. En l’absence de turbo, les performances n’ont d'ailleurs rien de transcendant, alors que les montées en régime demeurent assez linéaires.
Ce tempérament placide est renforcé par l’unique transmission proposée, baptisée Lineartronic et de type CVT. Contrairement à Nissan, Renault ou Honda, Subaru n’a pas cherché à rapprocher son fonctionnement de celui d’une boîte automatique classique en simulant des passages de rapport. Elle peut ainsi avoir tendance à faire « mouliner » le moteur lors des accélérations appuyées. Une sensation pas vraiment agréable, qui incite rapidement à privilégier une conduite coulée. Des palettes au volant permettent bien de passer les rapports manuellement, mais elles devraient surtout servir à récupérer du frein moteur en descente. Sans elles, ce dernier est quasi inexistant.
Le châssis de cet Outback n’encourage pas davantage à confondre les routes sinueuses avec des spéciales de rallye. La transmission intégrale, autre marotte de la marque, évite toute perte de motricité, et la prise de roulis demeure bien contenue. Mais le train avant peu incisif et la direction assez démultipliée n’invitent pas vraiment à hausser le rythme. Le mode de conduite S, comme Sport, ne change pas grand-chose à l’affaire, puisqu’il agit essentiellement sur le gestion de la boîte CVT et de l’accélérateur. Ce break se sent ainsi bien plus à l’aise dans les grandes courbes que dans les épingles. En contrepartie, ses suspensions très conciliantes et ses pneus à flancs hauts prennent soin des vertèbres de tous les passagers.
Bref, ce japonais affiche un typage un peu « à l’américaine » qui n’a rien de surprenant compte tenu de son marché de prédilection. La majorité des acheteurs ne devrait d’ailleurs pas forcément se plaindre de ce choix, plutôt bien adapté aux conditions de circulation actuelles. En prime, grâce aux quatre roues motrices et à une garde au sol de 21 cm, identique à celle d’un SUV comme le Volvo XC40, cette Subaru peut s’offrir quelques escapades en tout-chemin ou monter plus sereinement que la moyenne aux stations de sports d’hiver. Depuis l’écran tactile, il est même possible de sélectionner des modes de conduite baptisés « neige-saleté » et « neige-boue », dans un français imparfait.
En ville, l’Outback se montrera de nouveau moins à l’aise. La bonne visibilité périphérique et la grande onctuosité de la transmission CVT ne suffisent pas à compenser un gabarit déjà imposant, un rayon de braquage important et une direction un peu lourde en manœuvre. Sans parler du manque de douceur des redémarrages du Stop & Start, qui rappellent bien l’absence totale d’hybridation, même légère. Dans la petite gamme française du constructeur, ce modèle est en effet le seul à faire l’impasse sur la technologie « e-Boxer », qui associe un petit moteur électrique au quatre-cylindres à plat. Comme le laissaient supposer les 193 g/km de CO2 indiqués sur la fiche technique, il est donc inutile de tabler sur un appétit d’oiseau.
Lors de courts trajets dans une zone urbaine assez encombrée, la consommation affichée à l’ordinateur de bord a même dépassé les 16 l/100 km. À l’opposé, nous avons tout juste réussi à descendre sous les 9 l/100 km lors d’un parcours très fluide, composé essentiellement de voies rapides limitées à 110 km/h. Encore une fois, voilà une caractéristique bien plus facile à digérer de l’autre côté de l’Atlantique, où le sans-plomb demeure plus abordable que chez nous. Notre exemplaire d’essai disposait cependant d’une particularité qui pourrait donner des idées à certains. Il était en effet équipé d’un kit de conversion GPL développé par le spécialiste français Borel. Une solution qui ne sera malheureusement pas proposée de manière officielle et que nous n’avons donc pas testée. Mais certains concessionnaires devraient accepter de vous aider à effectuer les modifications nécessaires et ainsi vous permettre de rouler avec un carburant dont les prix sont encore plus bas en France que ceux de l’essence aux États-Unis.
À bord du Subaru Outback

Des assemblages soignés, du cuir à de nombreux endroits… Malgré quelques plastiques durs moins flatteurs, la planche de bord dégage une belle impression de qualité dans cette finition Touring Exclusive. Etienne Roville

Le grand écran tactile de 11,6 pouces, plutôt réactif et intuitif, reste épaulé par des boutons physiques et des molettes bien utiles. Etienne Roville

Signé TomTom, le système de navigation peut souffrir de quelques lenteurs. Android Auto ou Apple CarPlay permettent d'y suppléer, mais l’affichage n'occupe alors qu’un tiers de l’écran environ. Etienne Roville

Des compteurs à aiguilles ? Ce vestige du passé pourra plaire à certains nostalgiques, allergiques au règne actuel du tout-écran. Etienne Roville

L'aide au maintien dans la file marche mieux que chez des marques plus renommées, et un bouton sur le volant permet de la désactiver aisément quand le besoin s'en fait sentir. Etienne Roville

Véritables fauteuils, les sièges avant sont moelleux, réglables électriquement et permettent de s'installer plus bas que dans un SUV sans renoncer totalement à un véhicule surélevé. Etienne Roville

Si un troisième enfant peut réduire le malus à 260 €, il lui faudra composer avec une place centrale un peu dure et moins large que les deux latérales. C’est le seul reproche à adresser à cette banquette qui sait choyer les autres passagers. Etienne Roville
Prix et concurrence Subaru Outback
Nous l’avons vu en début d’article : les breaks familiaux au look aventurier sont devenus une denrée rare sur le marché français. Disponible à partir de 49 990 €, l’Outback fait partie des moins chers d’entre eux. Surtout qu’il a eu la bonne idée de garder les mêmes tarifs depuis février 2022, une véritable exception en ces temps d’inflation. La version d’accès, Onyx Field, est déjà très bien dotée et garantie cinq ans, avec un kilométrage illimité. Mais nous disposions de la finition haut de gamme Touring Exclusive, facturée 54 990 €. Une rallonge de 5 000 € qui permet de profiter d’une sellerie en cuir Nappa, d’un toit ouvrant électrique en verre ou encore d’un système audio Harman Kardon avec 12 haut-parleurs. C'est l'Amérique ! Dans un cas comme dans l’autre, la peinture métallisée est la seule option proposée, moyennant 650 €. Le principal bémol provient donc du malus écologique de 16 810 € dont nous vous avons déjà parlé… sauf si vous rentrez dans les critères qui permettent de le réduire, voire de le supprimer. En plus de l'abattement accordé aux familles avec trois enfants à charge, qui le fait tomber à 260 €, il existe une exonération totale pour les titulaires de la carte mobilité inclusion portant la mention invalidité ou d’une carte d’invalidité militaire. Le japonais peut en outre se targuer d'échapper au récent malus sur le poids, qui touche bon nombre de SUV au format comparable.
Les quelques concurrents directs rescapés sont cependant tous beaucoup plus épargnés par la fiscalité française. Il faut dire que la plupart d’entre eux s’alimentent au gazole, un carburant qui permet toujours de réduire les émissions de CO2… même s’il n’est plus du tout en odeur de sainteté auprès des autorités. L’unique version du break Volkswagen Passat Alltrack est ainsi animée par un quatre-cylindres 2.0 TDI de 200 ch associé à une boîte DSG, dont l’écotaxe est comprise entre 2 918 et 7 462 € selon l’équipement. Sa dotation est toutefois bien moins riche que celle de l’Outback, malgré un tarif de 54 990 € identique à celui de notre modèle d’essai. Les autres rivaux sont tous « premium », et leur prix s’en ressent. Le Volvo V60 Cross Country démarre ainsi à 61 250 €, avec un diesel micro-hybride B4 de 197 ch, et la Mercedes Classe C All-Terrain ne s’offre pas à moins de 59 250 €. Cette dernière est cependant la seule à pouvoir carburer à l’essence, avec un quatre-cylindres turbo de 197 ch épaulé par un moteur électrique de 20 ch. Cette hybridation légère aide à limiter les émissions de CO2 à 156 g/km et le malus à 2 370 €, ce qui rend ainsi la facture totale moins élevée que pour la Subaru. Mais la tendance pourra facilement s’inverser si vous piochez dans la longue liste des options pour tenter d'approcher le niveau d’équipement de l’Outback Touring Exclusive.
Bilan de l’essai Subaru Outback
- En matière de cuisine comme d’automobile, les goûts des Européens diffèrent bien souvent de ceux des Américains. Cet Outback en donne une nouvelle illustration : il est aussi plébiscité outre-Atlantique que boudé dans l’Hexagone. Pourtant, le menu qu’il propose ne peut être comparé à celui d’un fast-food. Sa qualité de fabrication soignée, son confort de bon aloi, ses places arrière accueillantes ou sa dotation riche sont davantage dignes d’un chef étoilé. Même le caractère très placide de son châssis et de son groupe motopropulseur pourraient mettre en appétit ceux qui aiment prendre le temps de déguster un trajet. Mais il sera plus difficile de digérer sa soif pour l’essence et son malus dissuasif… à moins d’être à la tête d’une famille de trois bambins pour presque réduire cette écotaxe à néant. Pour une fois, emmener vos enfants au restaurant pourrait bien vous faire faire de grosses économies !
On aime
- L'un des derniers breaks baroudeurs
- L'équipement très riche et la garantie 5 ans
- Le bon confort de suspension
- L'espace à l'arrière et dans le coffre
On regrette
- Le solide appétit en carburant
- Le malus écologique déprimant
- Le diamètre de braquage important
- La boîte CVT peu futée
Fiche technique Subaru Outback 2.5 Boxer CVT | |
Dimensions et poids | |
Longueur | 4,87 m |
Largeur sans rétroviseurs | 1,88 m |
Hauteur | 1,68 m |
Empattement | 2,75 m |
Volume du coffre 5/2 places | 561/1 822 l |
Capacité du réservoir | 63 l |
Pneus sur modèle d'essai | 225/60 R18 |
Poids à vide | 1 649 kg |
Moteur et performances | |
Type de moteur | essence, 4 cylindres à plat |
Cylindrée | 2 498 cm3 |
Puissance | 169 ch à 5 000 tr/min |
Couple | 252 Nm à 3 800 tr/min |
Transmission | intégrale permanente |
Boîte de vitesses | auto, variation continue |
0 à 100 km/h | 10,2 s |
Vitesse maximale | 193 km/h |
Mixte WLTP | 7,4 l/100 km |
Rejets de CO2 | 193 g/km |
Malus CO2 - 2023 | 16 810 € |
Malus au poids - 2023 | aucun |
Puissance fiscale | 8 CV |
Garantie | 5 ans - km illimité |
Pays de production | Japon |
Prix et équipements Subaru Outback
Outback Onyx Field : 49 990 € hors malus
- Climatisation automatique bizone
- Sièges avant, arrière et volant chauffants
- Sièges avant réglables électriquement en simili
- Système multimédia avec écran tactile 11,6”, Android Auto et Apple CarPlay
- Caméra de recul
- Jantes alliage 18” noires
- Freinage d'urgence anticollision et en marche arrière
- Régulateur de vitesse actif, aide au maintien dans la voie, surveillance d'angle mort
- Phares full LED directionnels et adaptatifs
- Accès, démarrage et ouverture du hayon mains libres
- Frein à main électrique
Outback Touring Exclusive : 54 990 € hors malus
- Toit ouvrant électrique en verre
- Sièges en cuir Nappa et volant en cuir moussé
- Système audio Harman Kardon avec 12 HP
- Fonction mémoire sur siège conducteur
- Jantes alliage 18” et pare-chocs couleur argent
- Rétroviseurs extérieurs avec mode marche arrière
- Caméra avant et latérale rétroviseur droit