Gel de la Cote Argus : « C'est un acte fort, inédit depuis 80 ans »
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Gel de la Cote Argus : « C'est un acte fort, inédit depuis 80 ans »

Pour la 1ère fois depuis 1940, le Groupe Argus suspend sa cote durant la période de confinement. Il entend ainsi soutenir les professionnels de l'automobile et maintenir le pouvoir d'achat des Français. Olivier Flavier, directeur général du Groupe Argus, explique cette mesure exceptionnelle.

Par L'argus
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Le Groupe Argus suspend sa cote durant la période de confinement. Olivier Flavier, directeur général du Groupe Argus, explique cette mesure exceptionnelle.

Lors de la crise de 2008 et celle du dieselgate, L’argus n’avait pas pris une telle mesure pour soutenir le marché des véhicules d’occasion. Quelles raisons ont motivé votre décision en avril 2020 et pourquoi si tard ? Y-a-t ’il déjà eu un précédent dans l’histoire de L’argus ? Avez-vous connaissance d’autres initiatives de ce genre en Europe ?

Olivier Flavier (Directeur Général du Groupe Argus). La situation exceptionnelle du confinement nous a mis dans une bulle, pendant deux mois, avec quasiment aucun mouvement économique dans les ventes automobiles. Nous avons donc souhaité apporter notre contribution autant pour les professionnels de l’automobile que pour les particuliers, en confinant notre Cote Argus pour une période de deux mois. C’est un acte fort, inédit depuis 80 ans, et qui nous a semblé nécessaire pour contribuer, à notre niveau, à la relance économique de notre pays.
Le métier de nos experts de la Cote Argus (environ 25 personnes) est de donner la juste valeur des véhicules, en prenant du recul, avec neutralité, et sans agir dans la précipitation. Aujourd’hui nous en sommes à plus de 40 jours de confinement, les ventes vont reprendre en mai, et donc c’est au moment où l’activité reprend que les particuliers et les professionnels vont avoir besoin de regarder la valeur de leurs biens et de leurs stocks.
Pour faire ce type d’initiative, il faut qu’une cote référence reconnue existe sur un marché, ce n’est pas le cas sur tous les marchés en Europe. La plupart des marchés ont des cotes de vente, mais pas des cotes références de reprise par un professionnel, telle que la Cote Argus.

Cette décision a été prise en concertation avec les organismes représentatifs de la filière automobile, voire avec les constructeurs et leur réseau de distribution ?

O.F. La décision a été prise car nous sommes restés en contact avec les professionnels de l’automobile pendant cette période de confinement, et nous avons suivi quotidiennement avec intérêt les nombreuses informations et initiatives du marché, notamment celles du CNPA. Nous avons constaté du côté de l’Argus la détresse des professionnels qui ont leurs stocks de véhicule d’occasion invendus depuis fin mars, ce qui engendre des difficultés de trésoreries réelles - les voitures d’occasion sont en général payées au moment de la reprise. Nous avons donc voulu agir, de notre propre initiative, pour protéger la dépréciation sur les stocks, pour aider l’économie, alors que quasi aucune vente ne pouvait techniquement être réalisée sur ces 2 mois de confinement.

Notre contribution équivaut à figer une dépréciation des stocks d’environ 180 millions €


Concrètement que signifie le gel de la cote et quel est l’enjeu financier pour les professionnels de l’automobile ? Avez-vous une estimation ?

O.F. Pour la première fois depuis 80 ans (depuis mai 1940, pour des motifs d’arrêt de fabrication), notre Cote Argus sera suspendue de toute dépréciation. Elle sera donc figée au 30 avril (pour le mois de mai) et aussi fin mai : donc lorsque l’activité de vente et de reprise de véhicules va reprendre. Notre contribution de Cote Argus confinée équivaut à figer une dépréciation des stocks d’environ 180 millions € sur le marché français pour les clients professionnels.

Pouvez-vous préciser le mode de calcul ?

O.F. Nous avons mesuré au travers de nos logiciels de gestion de stock que les professionnels de l’automobile, sont stockés au même niveau qu’avant le confinement, en janvier ou février. Ainsi plus de 400 000 voitures d’occasion sont en portefeuille, « gelées dans une bulle » sur une période de 2 mois. Pour une valeur de stock d’environ 6 milliards € (calculs valorisés sur des valeurs de la Cote Argus). Le fait de « confiner » notre Cote Argus de reprise permet, en lien avec ces 2 mois de quasi impossibilité de vente, d’éviter une dépréciation additionnelle des stocks de professionnels de 180 millions d’euros, à valeur cote Argus.

Ce gel de la Cote Argus ne s’applique qu’aux voitures d’occasion ?

O.F. Il s’applique aux voitures d’occasion, mais aussi aux véhicules utilitaires et aux motos.

Dans la grande majorité, les transactions sur le marché de l’occasion se font, hors des réseaux professionnels, entre particuliers. Ces derniers profitent-ils aussi de ce gel ?

O.F. Les ventes entre particuliers représentent en France environ 60% des ventes de véhicules d’occasion. Dans ce cas précis, les particuliers utilisent plutôt des valeurs de marchés, qui sont en général indiquées dans les sites d’annonces. Ainsi par exemple leboncoin a mis en place cette année la « Cote du marché par l’Argus » avec une fourchette de prix moyens constatés pour aider les particuliers dans leurs négociations entre eux. Les particuliers profiteront aussi du gel de la Cote Argus.

Le fait de figer la Cote Argus va permettre aussi de protéger le pouvoir d’achat de tous.

Que représente cette non-dépréciation pour les Français qui vendent leur véhicule ?

O.F. La Cote Argus de reprise permet aux professionnels et aux particuliers d’avoir une base référence pour estimer la valeur de reprise d’un véhicule. Ainsi, en tant que particulier, le fait que nous ayons figé notre cote référence de reprise, revient à avoir une conservation du pouvoir d’achat, ceci représente les 2 mois de confinement où la vie économique a été figée, les voitures n’ayant quasiment pas roulé. La dépréciation d’un véhicule dépend de plusieurs facteurs (type du véhicule, marque, demande, façon dont la voiture se comporte au fil du temps…), et n’est pas la même non plus tout au long du cycle de vie de la voiture. Lors des premiers 12/15 mois, elle est d’environ 2 à 2,5% par mois. Puis ensuite, on arrive à une décote moyenne de 1 à 1,5% par mois et plus le temps passe, moins la courbe de la décote est forte.

Une précision importante : nous parlons là de la Cote Argus qui est déterminée par nos experts, en toute neutralité et objectivité pour donner une base de valeur référence lors d’une reprise par un professionnel. Ce dernier est bien entendu libre de déterminer et d’ajuster son prix final de reprise, qui peut même être au-dessus ou en-dessous de la Cote Argus en fonction de l’état du véhicule.

Avez-vous mis en place d’autres aides pour soutenir les professionnels ?

O.F. Nos produits étant intimement liés à l’activité de nos clients, nous sommes nous-mêmes touchés économiquement par cette période de confinement sans ventes de véhicules. Nous accompagnons nos clients, au cas par cas, en fonction de leurs situations et de nos moyens, principalement en décalant des échéances de paiements de factures. Comme le font pour nous nos fournisseurs qui le peuvent. Et c’est pour cela que nous pensons que la contribution de notre Cote Argus « confinée » va apporter bien davantage en valeur que n’importe quelle autre aide, en permettant aux professionnels de figer pendant 2 mois correspondant au confinement la dépréciation de leurs véhicules. Nous allons pouvoir aussi construire avec les constructeurs et les concessionnaires qui le souhaitent des opérations futures de vente sur la base d’une communication «Argus +».

Des sociétés spécialisées dans le business des véhicules d’occasion ont avancé des perspectives. Comment les experts valorisation de L’argus appréhendent l’évolution du marché dans les prochains mois ?

O.F. Je pense qu’il serait imprudent de jouer en cette période à « Mme Irma ». Il est difficile de connaître à ce jour la réaction exacte des consommateurs dans les semaines et mois à venir, même si nous espérons qu’ils reviennent vite acheter des voitures. Ainsi le métier des experts de l’Argus est de donner la juste valeur des véhicules, avec du recul sur l’activité du marché. Nos experts ont toujours travaillé sur des constats de marché, sans agir dans la précipitation, en toute objectivité et neutralité. Et cette méthode nous a donné raison à plusieurs reprises dans l’histoire de la valorisation de l’automobile.

Notre valeur ajoutée est que nous associons technologie et expertise humaine, en corrigeant en permanence toutes les informations à disposition dans nos bases et sur le marché. Nous ne sommes pas dans un système boursier avec des ordinateurs qui se répondent en quelques secondes, sur la base d’algorithmes qui peuvent s’emballer brutalement, à la hausse ou à la baisse.

La voiture est le 2ème poste de dépense pour les ménages, après l’immobilier. De plus, chaque voiture est unique et la courbe de vie du véhicule varie dans le temps. La mission de l’Argus est donc d’aider les consommateurs et les professionnels à déterminer la bonne valeur de leurs véhicules.

Outre la Cote Argus, allez-vous réviser les valeurs résiduelles des véhicules ?

O.F. Là encore, nous allons observer les tendances de marché dans les semaines à venir, avec expertise, recul et neutralité, donc sans agir dans la précipitation.

Quels sont vos outils pour aider les professionnels à recalculer la valeur de leur parc VO ?

O.F. Nous avons différents outils de valorisation des parcs à disposition pour permettre aux professionnels d’estimer au mieux leurs valeurs de parcs VO, en fonction de leurs typologies (concessionnaires, loueurs, marchands, constructeurs….). Les professionnels se servent aussi de nos logiciels Planet VO, PVO2 ou Cardiff ; ceci pour déterminer les valeurs exactes des véhicules, avec notamment les données de transaction (= vrai prix de vente final des véhicules vendus), qui sont plus précises pour calculer leurs marges potentielles que des valeurs indicatives calculées sur la base d’annonces mises en ligne, avant toute négociation.  

Depuis le mois d’octobre 2019, et le rachat par le Groupe Leboncoin, vous êtes le nouveau directeur général du Groupe Argus. Après quelques mois, votre société est aussi, comme les autres acteurs de l’automobile, impactée par cette crise sanitaire. Quel est votre sentiment personnel sur la reprise de votre activité ?

Olivier Flavier, Directeur Général du Groupe Argus

O.F. Depuis le début du confinement nous avons en premier lieu pris toutes les mesures nécessaires pour protéger nos collaborateurs au sein de notre Groupe leboncoin. Ensuite, nous sommes restés en proximité avec nos clients afin de les soutenir du mieux possible, même si la plupart ont stoppé leurs activités pendant cette période de confinement.

Nous sommes tous dans un contexte économique très compliqué. Le Groupe Argus agit donc concrètement aux côtés des Français, professionnels et particuliers, pour limiter l’impact de la crise sur leur pouvoir d’achat. A l’instar de son actionnaire leboncoin qui a lancé pour les TPE/PME une offre de boutiques virtuelles gratuites leur permettant de maintenir une activité pendant le confinement, le Groupe Argus souhaite par cette mesure exceptionnelle de confinement de la Cote Argus encourager la reprise économique. 

Je pense que le futur appartiendra non pas aux sociétés les plus grosses ou les plus riches, mais à celles qui feront preuve de résilience, au travers de l’engagement, du pragmatisme et de la créativité de leurs collaborateurs.

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poissounet49 Le 28/04/2020 - 13:29
Je ne pense pas que cela va changer fondamentalement la situation financière de chacun, qu'il soit pro ou particulier, cela revient au même, par exemple un pro fera une reprise d'un véhicule pour l'achat en neuf et sera obligé de payer une cote figée, donc pas très intéressant et viendra grossir des volumes de véhicules d'occasions ! Tout sera dans l'offre et la demande du marché avec une subtile négociation sur les prix pratiqués.
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