La Citroën 2CV qui voulait traverser la Manche
Il y a un peu plus de vingt ans, deux courageux Bretons tentaient de traverser la Manche dans une Citroën 2CV transformée en petit hors-bord. La célèbre « Deuche » constitue-t-elle la base parfaite pour naviguer en bateau alors que la période estivale bat son plein ?
Passe-partout, la 2CV ? Sans doute, mais pas au point de traverser la Manche. Ce qu'ont pourtant essayé de faire deux courageux Bretons en 1989.
Tout le monde connaît la Citroën 2CV, ce véhicule hors normes lancé pour la première fois sur le marché en 1948. Commercialisée jusqu'en 1990, la voiture à tout faire de la marque aux chevrons aura eu le temps de s'écouler à 5 114 961 exemplaires dans le monde en 42 ans.
Son concept technique, unique au monde, autorisait une polyvalence impressionnante : malgré la puissance limitée de son petit moteur et sa conception simplifiée au maximum, la française offrait un confort étonnant et pouvait même sortir des sentiers battus (grâce à sa garde au sol importante, sa masse limitée et la course généreuse de ses suspensions). En revanche, la Citroën ne savait pas nager. Enfin, pas avant de passer dans le garage de deux Bretons particulièrement audacieux...
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La Deuche des mers
Le 21 juin 1989, un drôle de bateau se jette dans la Manche dans un but bien précis : rejoindre les côtes britanniques en passant par la portion de mer la plus large. 98 miles nautiques au total, soit un peu plus de 181 km à parcourir en six heures environ d'après les prévisions de l'équipage. Pour cela, l'embarcation dispose d'une carrosserie de Citroën 2CV fixée sur une coque de bateau. En lieu et place du petit bicylindre refroidi à air habituellement logé dans la voiture, dont la puissance n'excède pas 29 ch sur les variantes les plus puissantes, la « Deuche » des mers possède un bloc de 602 cm3 développant 65 ch. Avec un poids de 235 kg sur la balance en ordre de marche, cette étrange Citroën convertie à l'eau devait voguer à 23 nœuds, soit un peu plus de 42 km/h.
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Trop gourmande
Malheureusement, la 2CV aquatique doit composer avec des conditions de mer particulièrement difficiles. A cause de creux pouvant parfois dépasser les deux mètres, impossible d'évoluer à la vitesse maximale de 23 nœuds. Le rythme tombe vite à environ 7 nœuds et au bout de seulement 10 miles nautiques, le moteur commence à déjauger. L'équipage décide néanmoins de poursuivre courageusement la course en défiant les éléments mais les choses se compliquent encore davantage. Malgré la vitesse abaissée, la consommation de carburant de l'engin augmente. Ainsi, à 17 miles des côtes anglaises, la Deuche a déjà vidé en intégralité 110 litres de carburant embarqués dans les vedettes d'assistance. En panne sèche, les deux marins bretons sont contraints à l'abandon. Notez tout de même que cette drôle d'aventure a donné des idées à d'autres bricoleurs. Il y a quelques années, on trouvait un autre exemplaire de 2CV transformée en bateau à vendre sur Le Bon Coin. On a même recensé quelques courses de 2CV nautiques ! Décidément, la Deuche sait tout faire...
