La sécurité routière dans une impasse ?
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La sécurité routière dans une impasse ?

Malgré la présence accrue de cabinets radars, les automobiles se sont quelque peu relâchés sur la sécurité.

Par Vincent Desmonts
Publié le Mis à jour le

« Même s'ils demeurent meilleurs que ceux d'octobre 2003, jugés exceptionnels, les chiffres d'octobre 2004 sont très lourds : ces 16 morts et 325 blessés chaque jour sont intolérables. » Le ton du ministre des Transports, Gilles de Robien, est ferme, presque celui d'un professeur sermonnant un mauvais élève. En effet, si les chiffres de la mortalité d'octobre sont encore bons (- 1,4 % par rapport à l'année précédente), ils marquent un ralentissement par rapport aux - 10,2 % observés sur les dix premiers mois de l'année, comme si la courbe des tués sur la route atteignait un palier. L'objectif de 5 000 morts au maximum sur les routes françaises en 2004 apparaît du coup compromis : sur les douze derniers mois, nous en sommes à 5 239 victimes. La politique de sécurité routière aurait-elle atteint ses limites ?

Dégradation. Si les dernières statistiques de l'Observatoire des vitesses semblent prouver le contraire (les dépassements de plus de 10 km/h des limitations se font de plus en plus rares, y compris chez les motards), le dernier bilan de la Sécurité routière laisse planer un doute : En clair, en données corrigées des variations saisonnières, et en tenant compte de la météo, la situation tend à se dégrader depuis le printemps ! Et ce malgré la poursuite annoncée de l'implantation de radars automatiques, tant fixes et signalés que mobiles et plus discrets...

Effet d'annonce. De là à affirmer que ces équipements sont autant de « pompes à fric » destinées à remplir les caisses de l'Etat, il n'y a qu'un pas... Ce à quoi notre ministre oppose un démenti cinglant : les 208 radars automatiques implantés à ce jour n'auraient rapporté « que » 86 millions d'euros, alors même qu'ils auraient coûté, toujours selon le ministre, plus de 91 millions d'euros. « On est encore en déficit », plaide donc Gilles de Robien. Le ministre oublie toutefois de mentionner que le produit des amendes de circulation a augmenté de près de 20 % depuis l'installation des radars automatiques. Quant à l'annonce, à la fin de juin, par Jean-Pierre Raffarin d'une réduction de moitié des amendes pour les petits excès de vitesse (moins de 20 km/h), elle reste à ce jour lettre morte : le décret d'application n'est toujours pas paru au Journal officiel !

Dans sa guerre à l'insécurité routière, le gouvernement a récemment ouvert un second front, avec l'incitation à l'allumage des codes le jour. Est-ce pour mieux faire oublier que, sur l'autre front... rien de nouveau ?

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