Longtemps spécialité européenne, les compactes sportives se retrouvent peu à peu chassées du Vieux Continent par des normes sur les émissions de CO2 toujours plus strictes. Toyota a ainsi annoncé une bien triste nouvelle : sa GR Corolla ne débarquera jamais dans nos contrées. Les seules à s’en réjouir, ce sont ses concurrentes, déjà de plus en plus rares. Mais la japonaise aurait-elle vraiment eu les moyens de se frotter aux Volkswagen Golf R et Renault Mégane R.S. ? Nous allons tenter de le déterminer avec ce premier match virtuel.
Style : Grand méchant look pour la GR Corolla

L’actuelle Corolla affiche déjà une carrosserie moins anonyme que la plupart de ses devancières. Mais les versions hybrides vendues chez nous, y compris en finition GR Sport, paraissent bien sages à côté de cette variante sportive. Si les ailes copieusement élargies et les ouïes supplémentaires donnent déjà le ton, c’est surtout la triple sortie d’échappement qui devrait susciter l’attention. Elle n’a d’ailleurs pas qu’un but esthétique, puisqu’elle permettrait aussi de réduire la contre-pression pour gagner en puissance. Outre-Atlantique, ceux qui n’ont vraiment pas peur de se faire remarquer pourront même opter pour la série spéciale « Circuit Edition », dotée de petites écopes sur le capot et d’un grand aileron au-dessus du hayon.


En revanche, pour les adeptes de discrétion, la Golf R est nettement plus indiquée… même si elle a droit à une sortie d’échappement supplémentaire pour respecter la tradition des Golf badgées R. C’est le meilleur moyen de reconnaître cette version de pointe, qui reste sinon assez proche d’une « simple » variante TSI 150 R-Line. Un pack baptisé R-Performance peut cependant venir un peu encanailler cette robe en ajoutant notamment un imposant becquet au-dessus de la lunette arrière. Quant à la Mégane R.S., elle se situe entre ces deux extrêmes. Elle a en effet droit à une carrosserie élargie de manière plus subtile que sur la Corolla, à un grand extracteur accueillant une large canule d’échappement trapézoïdale et à un éclairage diurne en forme de drapeau à damiers.
Habitacle : une japonaise assez sage
Dans l’habitacle, la Toyota est loin d’afficher la même exubérance qu’à l’extérieur. L’ambiance générale se révèle même très sombre. Heureusement que le logo GR sur le volant à trois branches et le pédalier en aluminium sont là pour donner une touche de sportivité. Les sièges semblent même être moins enveloppants que dans une Corolla hybride GR Sport ! Mais la « vraie » GR a tout de même droit à une nouvelle instrumentation numérique de 12,3 pouces développée spécialement pour elle afin d’afficher des informations comme la pression du turbo.


Pas de quoi impressionner la Golf, qui dispose elle de deux dalles de 10 pouces quasi juxtaposées. Une interface 100 % numérique controversée qu’elle partage avec le reste de la gamme. Dans sa version R, elle y ajoute quelques touches de bleu et d’aluminium ou un volant à méplat. Sans oublier des sièges baquets, qui ne sont néanmoins pas revêtus de cuir en série. Cette fois, c’est cependant la Mégane R.S. qui affiche le plus vite sa différence avec les autres variantes essence par son repère rouge en haut du volant, ses surpiqûres de la même couleur, ses inserts de (faux) carbone ou encore ses grandes palettes fixes derrière le volant.
Moteur : Un trois-cylindres contre deux quatre-pattes

Dans ce chapitre si crucial pour une compacte sportive, la GR Corolla peut d’abord sembler battue d’avance. Elle est en effet la seule à se contenter d’un trois-cylindres, avec une cylindrée assez modeste de 1.6 l. Mais ce moteur, déjà fort de 261 ch dans la petite sœur GR Yaris, a ici encore gagné du muscle. Ce G16E-GTS développe désormais plus de 100 ch par cylindre, soit 304 ch, pour un couple de 370 Nm. Il n’a donc pas à rougir face au quatre-cylindres 1.8 l Turbo de la Renault Mégane R.S., gratifié de 300 ch et 420 Nm. En revanche, la Golf R garde une certaine longueur d’avance avec son « gros » quatre-pattes 2.0 turbo, fort de 320 ch et 420 Nm. En contrepartie, l’allemande est aussi la plus lourde du trio, avec 1 554 kg à vide alors que ses deux concurrentes restent sous la barre des 1 500 kg.
Châssis/transmission : une traction contre deux 4 x 4



Volant en mains, la rivale japonaise a donc de bonnes chances de se montrer plus divertissante. Elle reprend en effet la même transmission intégrale GR-Four que la GR Yaris, dotée de trois modes différents et capable d’envoyer jusqu’à 70 % du couple aux roues arrière pour offrir un tempérament proche de celui d’une propulsion. La Circuit Edition va même encore plus loin en y ajoutant deux différentiels autobloquants Torsen à l’avant et à l’arrière. Malgré un poids en hausse de près de 200 kg, on peut ainsi espérer retrouver une bonne partie des excellentes sensations offertes par la petite sœur GR Yaris Track, dotée de la même panoplie.

Mais c’est aussi dans la manière de passer les vitesses que la différence pourrait se faire, puisque la Corolla n’est disponible qu’avec une boîte manuelle à six rapports, avec une fonction simulant un talon/pointe automatique. Tout le contraire de ses deux adversaires, qui ont décidé de ne conserver qu’une transmission à double embrayage dans leur offre… en tout cas en Europe. Outre-Atlantique, où la Mégane n’est pas commercialisée, Volkswagen permet encore de commander avec un « bon vieux » levier. Un choix qui peut surprendre au royaume de la boîte automatique, mais qui est loin d’être inhabituel sur les sportives vendues dans le pays de l’oncle Sam.
Prix : un match impossible à arbitrer

Bilan : un match trop virtuel
Le trois-cylindres le plus puissant du marché, une transmission intégrale sophistiquée qui fait merveille sur la GR Yaris, un look bodybuildé à souhait… sur le papier, la GR Corolla a tout pour bousculer le segment des compactes sportives. Même si aucun chiffre de performance n’a encore été annoncé, ses caractéristiques semblent largement à la hauteur de celles des Volkswagen Golf R et Renault Mégane R.S. Il est toutefois impossible de départager des concurrentes pareilles sans en prendre le volant, de préférence sur route sinueuse et sur circuit. Un match bien réel que nous aurions évidemment adoré vous proposer, mais qui risque de rester bien utopique compte tenu de la décision de ne pas importer la GR Corolla en Europe. Qui se dévoue pour lancer une pétition afin de pousser Toyota à changer d’avis ?
Pourquoi un tel comparatif à l'encontre de la pensée unique ?