La vitesse, remède à la somnolence ?
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La vitesse, remède à la somnolence ?

La vitesse a-t-elle un impact sur la vigilance au volant ? Pour répondre à cette question, nous avons été en Allemagne réaliser ce reportage exclusif. Le résultat est édifiant.

Par Christophe Bourgeois, Photos : Georges Cousseau
Publié le Mis à jour le

Georges Cousseau


 
Il y a un an, jour pour jour, L’argus, en partenariat avec l'émission Direct Auto (Direct 8), avait réalisé un reportage similaire dont les résultats avaient fait beaucoup de bruit. Notre enquête, avec l’appui du Centre médical veille sommeil, avait établi qu’un conducteur s’était retrouvé en phase de somnolence durant onze minutes sur un trajet autoroutier entre Paris et Nice, soit 24 km avec un «fantôme » derrière le volant.
 
Fort de cette expérience, nous avons voulu cette fois savoir si la vitesse avait une incidence (ou non) sur la somnolence au volant. Car qui n’a jamais entendu une personne de son entourage affirmer qu’elle dépassait les limitations de vitesse sur autoroute pour ne pas s’endormir, fustigeant les 130 km/h réglementaires qui seraient inadaptés dans bien des situations.
 

Appareil de mesure


Pour tenter d’apporter une réponse médicale à cette question, nous nous sommes donc rapprochés d’Annie-Laure Frenkel, neurophysiologiste et de Marc Derri, technicien du sommeil au Centre médical veille sommeil, sis à Paris, dans le XVIIè arrondissement.
 

 
Marc Derri m’équipe d’un appareil de mesure qui est utilisé pour les personnes atteintes de troubles du sommeil. Ce dispositif est constitué de différentes électrodes qui mesurent l’activité cérébrale, les mouvements oculaires et le tonus musculaire. Ces électrodes envoient ces informations à un boîtier qui les enregistre.
 
Ma mission : rejoindre Berlin depuis Saarbruck par l’autoroute, soit environ 830 km. Pourquoi l’Allemagne ? Parce que la vitesse est libre sur certains tronçons d’autoroute, et que nous allons ainsi pouvoir tenter de savoir si un conducteur a plus ou moins de chance de somnoler lorsqu’il roule à des vitesses élevées, aujourd’hui prohibées en France.
 

 
Après une bonne nuit d’hôtel (et un pré-acheminement la veille par le train), je prends l’autoroute en pleine forme, vers 9h30. L’itinéraire retenu passe par Mannheim, Nuremberg, Bayreuth, et par Leipzig pour enfin arriver à Berlin. 
   

Murs de camions


Premier constat : les autoroutes allemandes jouissent d’une réputation usurpée. Travaux, bouchons… pendant les deux premiers tiers du parcours, la circulation est extrêmement dense. Compliquée. Et demande beaucoup d'attention. Difficile donc de rouler vite. Ma vitesse, lorsqu'elle n’est pas ralentie par des travaux qui font basculer le trafic sur les voies opposées, ne dépasse pas 140 km/h. Pendant toute la matinée, je n’ai jamais pu dépasser les 190km/h. J’ai néanmoins pu les atteindre en toute sécurité et en toute légalité. Et contrairement à l’année dernière, je n’ai ressenti aucune phase de somnolence, l’épaisseur du trafic demandant de la concentration. Mais au-delà de la perception, c’est mon équipement médical qui le déterminera. Pendant ces 400 km, je n’ai vu qu'une seule voiture de police et... pas un radar.
 
Après déjeuner je reprends la route et son flot de camions et de travaux. Mon coup de barre, lié à la digestion, se produira à Nuremberg. Ça tombe bien, je suis à l’arrêt, coincé dans les bouchons depuis un quart d’heure. Une centaine de kilomètres plus loin, la voie se libère. Désormais, moins de 350 km me séparent de Berlin. Ils seront avalés en moins de deux heures et demie. Je me sens en pleine forme, libéré du carcan du trafic.
 
La vitesse moyenne, qui avait à peine dépassé 105 km/h pendant la journée, grimpe rapidement. L’aiguille du compteur se bloque plusieurs fois à la vitesse de 240 km/h*. Le regard porte loin. Tout en surveillant les panneaux. Car contrairement à une autre idée reçue, la vitesse sur autoroute n’est pas toujours libre en Allemagne. De très nombreuses zones sont limitées entre 100 et 130 km/h et des panneaux à message variable adaptent la limitation de vitesse en fonction des conditions de circulation, de l'heure, de la météo… Une grande différence avec la France où l’on ne fait aucune distinction… Le temps est dégagé, tout comme l’autoroute entre Leipzig et Berlin, donc j’en profite.
 

Les mouvements oculaires enregistrés par le boîtier ne montrent aucun signe de somnolence. Je suis extrêmement concentré.


 

 
L’arrivée à Berlin, à la porte de Brandebourg, se fait alors rapidement. Durant ce voyage, je n’ai pas ressenti de fatigue particulière, mais une grande concentration liée au trafic sur une bonne partie de trajet. Et surtout une très grande liberté de pouvoir conduire sans être obligé de surveiller incessamment mon compteur de vitesse, et d’adapter en toute intelligence ma vitesse aux conditions de circulation. En toute sécurité. Pour moi et pour les autres.
 
(*) Donnée constructeur : 234 km/h vitesse maxi.

À la télé aussi
Retrouvez le reportage dans l’émission Direct Auto, diffusée sur Direct 8, le samedi 25 juin, à 18h40
 
 

et à la radio
Retrouvez les commentaires de Jean-Rémy Macchia dans sa chronique diffusée en Podcast sur le site de France Info.
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GLUCK Le 20/08/2017 - 11:31
Bonjour Répondre 9 mois après c'est pas mal mais si tu disais bonjour avant ce serai mieux et plus poli. A+
Hollyhollyo Le 20/08/2017 - 07:45
Je confime ce phonomene . Pas de. Vitesse = ronron = dodo
ljo050508631 Le 11/12/2016 - 12:22
Salut Pour ma part c'est une évidence. Avant je respectais strictement les limitations de vitesses et je m'endormais tout le temps au volant. Je n'étais pas concentré sur les dangers extérieurs mais sur le compteur de vitesse et les panneaux de signalisation ne comptant plus le nombre de fois ou je me retrouvais sur des tronçons sans savoir quelle était la vitesse autorisée. Finalement, j'ai opté pour une app qui donne les points de radar et je roule la nuit. Je fais du 130/140 de moyenne. On va dire, un bon 150 avec quelques courtes accélérations à 170. Je respecte les vitesses dans les zones de travaux. Par exemple, ça donne un Paris Tignes en 6h contre 7h30 en respectant les limitations. Je ne me considère pas comme un délinquant parceque je roule un peu au dessus des vitesses autorisées mais je sais que si je me fais attraper, la justice n'entendra pas ces arguments. Il faut dire qu'on est super désolé et qu'on s'est un peu laissé aller pour se faire plaisir pour une fois et se repentir. L'attitude du style je suis un super pilote moins dangereux à 180 qu'une mamie à 110, c'est le gnouf assuré. J'espère que Fillion qui est pilote changera ça s'il est élu. A Plus
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