La vitesse, remède à la somnolence ?
La vitesse a-t-elle un impact sur la vigilance au volant ? Pour répondre à cette question, nous avons été en Allemagne réaliser ce reportage exclusif. Le résultat est édifiant.
Georges Cousseau

Il y a un an, jour pour jour, L’argus, en partenariat avec l'émission Direct Auto (Direct 8), avait réalisé un reportage similaire dont les résultats avaient fait beaucoup de bruit. Notre enquête, avec l’appui du Centre médical veille sommeil, avait établi qu’un conducteur s’était retrouvé en phase de somnolence durant onze minutes sur un trajet autoroutier entre Paris et Nice, soit 24 km avec un «fantôme » derrière le volant.

Appareil de mesure
Pour tenter d’apporter une réponse médicale à cette question, nous nous sommes donc rapprochés d’Annie-Laure Frenkel, neurophysiologiste et de Marc Derri, technicien du sommeil au Centre médical veille sommeil, sis à Paris, dans le XVIIè arrondissement.


Marc Derri m’équipe d’un appareil de mesure qui est utilisé pour les personnes atteintes de troubles du sommeil. Ce dispositif est constitué de différentes électrodes qui mesurent l’activité cérébrale, les mouvements oculaires et le tonus musculaire. Ces électrodes envoient ces informations à un boîtier qui les enregistre.
Ma mission : rejoindre Berlin depuis Saarbruck par l’autoroute, soit environ 830 km. Pourquoi l’Allemagne ? Parce que la vitesse est libre sur certains tronçons d’autoroute, et que nous allons ainsi pouvoir tenter de savoir si un conducteur a plus ou moins de chance de somnoler lorsqu’il roule à des vitesses élevées, aujourd’hui prohibées en France.

Après une bonne nuit d’hôtel (et un pré-acheminement la veille par le train), je prends l’autoroute en pleine forme, vers 9h30. L’itinéraire retenu passe par Mannheim, Nuremberg, Bayreuth, et par Leipzig pour enfin arriver à Berlin.
Murs de camions
Premier constat : les autoroutes allemandes jouissent d’une réputation usurpée. Travaux, bouchons… pendant les deux premiers tiers du parcours, la circulation est extrêmement dense. Compliquée. Et demande beaucoup

Après déjeuner je reprends la route et son flot de camions et de travaux. Mon coup de barre, lié à la digestion, se

La vitesse moyenne, qui avait à peine dépassé 105 km/h pendant la journée, grimpe rapidement. L’aiguille du compteur se bloque plusieurs fois à la vitesse de 240 km/h*. Le regard porte loin. Tout en surveillant les panneaux. Car contrairement à une autre idée reçue, la vitesse sur autoroute n’est pas toujours libre en Allemagne. De très nombreuses zones sont limitées entre 100 et 130 km/h et des panneaux à message variable adaptent la limitation de vitesse en fonction des conditions de circulation, de l'heure, de la météo… Une grande différence avec la France où l’on ne fait aucune distinction… Le temps est dégagé, tout comme l’autoroute entre Leipzig et Berlin, donc j’en profite.
Les mouvements oculaires enregistrés par le boîtier ne montrent aucun signe de somnolence. Je suis extrêmement concentré.

L’arrivée à Berlin, à la porte de Brandebourg, se fait alors rapidement. Durant ce voyage, je n’ai pas ressenti de fatigue particulière, mais une grande concentration liée au trafic sur une bonne partie de trajet. Et surtout une très grande liberté de pouvoir conduire sans être obligé de surveiller incessamment mon compteur de vitesse, et d’adapter en toute intelligence ma vitesse aux conditions de circulation. En toute sécurité. Pour moi et pour les autres.
(*) Donnée constructeur : 234 km/h vitesse maxi.

Retrouvez le reportage dans l’émission Direct Auto, diffusée sur Direct 8, le samedi 25 juin, à 18h40

et à la radio
Retrouvez les commentaires de Jean-Rémy Macchia dans sa chronique diffusée en Podcast sur le site de France Info.