Le Tube. Le nouveau jouet fou des concepteurs de La Bagnole
Même si elle prend un peu de retard, la microcar La Bagnole semble plutôt sur de bons rails. Mais ses créateurs travaillent déjà sur un nouveau projet encore plus décalé : Le Tube. Une sorte de petite Caterham électrique qui promet des accélérations hors normes grâce à son poids plume.
Après l'étonnant quadricycle La Bagnole, la petite marque française KG Auto a imaginé un projet encore plus fou : Le Tube.
DR
Qui a dit que seuls les Britanniques avaient des idées un peu loufoques en matière d’automobiles ? Après La Bagnole, drôle de quadricycle aux airs de buggy, les Français de KG Auto sont de retour avec un nouveau projet encore plus délirant. Son nom, Le Tube, pourra évoquer à certains des souvenirs de vieille camionnette Citroën. Mais sa silhouette, ses roues qui ressortent de la carrosserie et sa philosophie rappellent davantage certaines productions d’outre-Manche, à commencer par la Caterham Seven. Une inspiration que ne réfute absolument pas Léo Choisel, le designer de ce drôle d’engin et cofondateur de la petite entreprise :
Dans La Bagnole il y avait du Defender et de la Jeep. Ce sont des voitures qui me passionnent et m’inspirent, donc forcément la Caterham était dedans.
Comme dans son précédent projet, on retrouve aussi des allures de gros jouet. Un parti pris encore une fois ouvertement assumé, comme en témoigne une phrase visible sur le site officiel du modèle : « On a longtemps rêvé de monter à bord de notre voiture radiocommandée, alors on l’a fait ! »
Beaucoup moins lourde qu’une Caterham !
Le profil du Tube explique aisément son appellation, mais il évoque aussi la Caterham Seven.
DR
Symbole de légèreté, la Caterham Seven est pourtant bien plus lourde que la nouvelle création de KG Auto.
Adrien Cortesi
Ce parallèle avec les voitures radiocommandées ne se limite pas à l’esthétique. Le Tube partage aussi avec certains de ces petits bolides un rapport performances-gabarit hors normes. Longue de 2,76 m, la nouvelle création de Léo Choisel et Florent Vitiello dépasse une Smart Fortwo de 6 petits centimètres tout en restant plus courte de 42 cm que son « modèle », la Caterham Seven. Mais son 0 à 60 k/h effectué en 2,8 s est bien digne d’une voiture sportive. Ce chiffre d’accélération est d’autant plus impressionnant que la puissance demeure très limitée. Les deux moteurs électriques directement reliés aux roues arrière n’excèdent pas 32 kW en pic (43 ch) et 16 kW (22 ch) en valeur nominale. En revanche, le couple est disponible sans temps de réponse et culmine à 700 Nm. Même s'il s'agit ici d'une valeur aux roues, alors qu'elle est d'ordinaire communiquée en sortie de moteur sur les modèles thermiques, cela promet des démarrages vraiment décoiffants. Léo Choisiel explique :
Le truc qu’on voulait, c’était aller au bout du package propulsion électrique en basse tension 48 V en tirant le maximum de puissance et en gardant notre philosophie de véhicule ultra-léger.
Le poids plume de 258 kg a en effet de quoi faire rougir miss Caterham Seven, dont la petite version 170 à trois cylindres est donnée pour 440 kg. Léo nous a pourtant confié que le chiffre réel, qui n’a pas encore été vérifié, pourrait même être encore plus bas que ça !
Une version tout-terrain à venir
Le cockpit s'annonce très dépouillé, assez étriqué, et il ne pourra accueillir qu'une seule personne à bord… du moins pour le moment.
DR
Ajouter deux passagers de chaque côté : l'idée de Léo Choisel nous a fait penser à certaines F1 triplaces, comme celle de l'école de pilotage LRS Formula.
LRS Formula
La future version tout-terrain n'aura également pas beaucoup d'équivalents, même si elle se rapproche de cette Ariel Nomad sur certains points.
Ariel
Il y a toutefois des contreparties à cette quête du gramme effrénée. En plus d’être dépouillé à l’extrême, Le Tube est pour l’instant un jouet qui ne se partage pas. Seul le conducteur peut s’installer à bord de son étroit châssis en aluminium. Léo Choisel et son acolyte ont bien une idée pour rendre son utilisation plus conviviale. Mais le jeune designer n’a pas pu s’empêcher de pouffer en nous la révélant, tant elle peut sembler farfelue au premier abord : « On voulait mettre deux sièges accrochés de chaque côté avec une structure tubulaire ! » Une disposition digne de certaines Formule 1 triplaces qu’on peut retrouver dans des écoles de pilotage. Jamais rassasiés, les deux compères veulent aussi proposer leur dernière création avec des pneus tout terrain et une garde au sol un peu rehaussée. Léo annonce :
Je pense que ça peut être très drôle. On pourrait typiquement se faire un circuit de voiture radiocommandée échelle 1, en terre, avec des bosses.
Cette fois, le concept se rapprocherait davantage d’une petite production britannique un peu méconnue, l’Ariel Nomad, mais en version 100 % électrique et encore plus légère.
Utilisation sur route interdite
Malgré une puissance limitée, ce poids plume au couple de 700 Nm passerait de 0 à 60 km/h en 2,8 s à peine. En revanche, il n'est pas homologué pour la route.
DR
Sur le papier, il y a donc bien des raisons de craquer pour ce jouet grand format. En revanche, il faudra oublier l’idée de pouvoir l’utiliser sur la route. Pour l’instant, la petite équipe de KG Auto ne prévoit pas de lui faire passer une quelconque procédure d’homologation. De quoi limiter fortement l’usage qu’on pourrait faire de cet objet roulant non identifié. Léo Choisel admet avec humour :
On ne sait pas encore trop à qui on va vendre ça et on ne sait même pas comment les gens vont s’en servir réellement.
Le projet n’en est d’ailleurs qu’à ses balbutiements : seul un prototype existe, et il n’a même pas encore de calandre. Il est donc encore trop tôt pour connaître une date de livraison, alors que La Bagnole vient de voir son lancement un peu retardé. Outre les clients en quête de sensations fortes, l’entreprise espère cette fois surtout séduire des écoles de pilotage. Le gabarit permettrait même d’utiliser Le Tube sur une simple piste de karting, comme il en existe beaucoup en France.
L'argus avait rencontré Léo Choisel et Florent Vitiello, les créateurs de La Bagnole et du Tube, lors du Mondial de Paris 2022. Les deux associés avaient pu exposer leur microcar au Salon.
Etienne Roville
Grâce à son look de buggy, sa conception minimaliste et son prix assez serré, La Bagnole a fait partie des coups de cœur de L'argus en 2022. Son lancement est désormais prévu pour juillet ou septembre.
Etienne Roville
Comme ce vivier d’acheteurs potentiels demeure assez limité malgré tout, seule une production très artisanale est pour l’instant prévue. L’assemblage se fera donc à la main plutôt que dans la nouvelle usine construite pour La Bagnole à Cluses, en Haute-Savoie, en partenariat avec le consortium industriel Savoy. Les plus observateurs auront d’ailleurs noté que le nom de la marque est ici KG Auto, alors que c’est Kilow pour le quadricycle aux look de buggy.
Le prix de l’artisanat
Cette fabrication « à l’ancienne » et en toute petite série explique un prix qui démarre à 20 000 € hors taxes. Cela peut sembler énorme pour une puissance aussi modeste et une petite batterie lithium-fer-phosphate de 55 ah qui garantirait « environ 45 minutes de jeu » seulement d’après le site officiel. La facture peut même encore grimper assez vite en choisissant des options comme l’aileron, la décoration façon camouflage ou les roues Konig Avon. Sans parler de la batterie 160 ah, qui offre 2 h/90 km d’autonomie environ pour 6 000 € HT de plus.
Vendue 20 000 € HT, la version de base est en aluminium brut, avec une petite batterie, des jantes en tôle et aucun aileron. DR
Il faudra compter un supplément de 740 € pour cette livrée façon camouflage de prototype ou pour le turquoise visible sur les premiers clichés officiels. DR
Les jantes Konig Avon augmentent le tarif de 3 000 € HT. DR
L'aileron arrière demande un supplément de 1 000 € HT. DR
Mais Léo Choisel nous a indiqué que les trois premiers exemplaires de La Bagnole, assemblés eux aussi à la main, avaient été vendus à des tarifs similaires. Comme la microcar électrique est désormais proposée pour à peine plus de 10 000 € TTC, on peut ainsi rêver que le prix du Tube diminue si l’engouement est au rendez-vous. Il suffirait pour cela que les automobilistes se montrent aussi fous que les créateurs du Tube… ce qui n’est pas gagné d’avance.
