Les cantonniers d'aujourd'hui
habillage
banniere_haut

Les cantonniers d'aujourd'hui

La France possède le réseau routier le plus dense d'Europe. Pour pouvoir y circuler en toute sécurité, son entretien permanent est indispensable. C'est le rôle des accoroutistes.

Par Patrick Lange
Publié le Mis à jour le

On les appelait autrefois les cantonniers. Avec plus d'un million de kilomètres à sécuriser, la profession et la législation ont grandement évolué. Considérés comme des faucheurs de marguerite, ces professionnels de l'entretien des routes et du paysage ont longtemps souffert non seulement d'un déficit d'identité mais aussi de reconnaissance et d'organisation.

Surprenante, au premier abord, l'appellation « accoroutiste » a été créée et déposée en octobre 2000 par Jacques Bachmann, fondateur de la société Noremat (lire encadré). « Aujourd'hui reconnue et libre de tout droit, cette appellation regroupe l'ensemble des activités liées au débroussaillage, au fauchage, à l'élagage des haies et des bordures, au curage des fossés et au profilage des banquettes (*) », précise-t-il. On y trouve non seulement les routes départementales, nationales, les chemins vicinaux et forestiers mais aussi les voies ferrées, fluviales et les aéroports. Devant l'importance des chantiers, la profession s'est organisée (lire ci-dessous) : « Nous assurons nous-mêmes 70 % des chantiers, explique M. Garapon, du Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Les 30 % restants sont confiés à des entrepreneurs privés. »

A chaque région ses spécificités.

La situation géographique et le climat imposent de surcroît une fréquence de passage plus ou moins importante. En raison de l'humidité du climat, les accotements situés sur la façade ouest de la France nécessitent ainsi des entretiens plus fréquents qu'en montagne. Les dépendances routières couvrent environ 3 500 km2, soit l'équivalent de trois cent mille terrains de football. Par département et par an, le coût de l'entretien routier (hors chaussées) est estimé à deux millions d'euros, l'équivalent de l'achat de deux cents voitures de service.

 

La sécurité, avant tout.

C'est un impératif, tout doit être fait pour éviter les accidents. Un panneau indiquant une sortie d'autoroute peut en être la cause s'il est masqué par un arbre mal élagué. Aperçu au dernier moment, la monotonie de la conduite aidant, il risque d'engendrer un brusque coup de volant dont les conséquences sont faciles à imaginer. Les accoroutistes doivent donc garantir le dégagement de la signalisation. Au-delà de 70 à 80 cm de hauteur, l'herbe peut masquer les panneaux. Il suffit qu'elle n'en atteigne que trente pour retomber sur la chaussée. Le fauchage régulier de la banquette s'impose donc. A cela s'ajoute la visibilité dans les virages et aux carrefours.

 

Prise de conscience.

Outre l'entretien, les accoroutiste travaillent également à la bonne gestion du patrimoine. L'élagage des arbres, en particulier, respecte les périodes de pousse. L'éducation civique fait aussi partie des missions de l'accoroutisme : des accotements régulièrement entretenus inspirent le respect et les automobilistes hésitent à y déverser des détritus (NDLR : jusqu'à de l'électroménager hors d'usage parfois découvert dans les fossés).

« Pour les accotements, nous effectuons trois passes par an, précise Pascal Chapelier, responsable d'exploitation à la DDE de Meurthe-et Moselle. La première, dès le mois de mai, les suivantes selon la repousse. Dès juillet, deux interventions sont faites dans les fossés. Les mois d'août et de septembre sont réservés aux passes au large (de 3 à 5 m). »

Enfin, la valorisation des paysages et l'entretien des chemins de randonnée transforment l'accoroutiste en véritable paysagiste. Vue l'ampleur de la tâche - qui consiste essentiellement à assurer la sécurité des automobilistes - le devoir du conducteur est, en contrepartie, de respecter les signalisations mises en place sur les chantiers mobiles.

Les professionnels de la route sont encore trop souvent victimes d'accidents : sur les routes des vacances, pensons-y !

(*) Les banquettes forment la bande enherbée se situant entre une route et un fossé d'évacuation des eaux pluviales. Sur une autoroute, derrière le rail de sécurité on parle d'accotement.

Soyez le premier à réagir
Envoi en cours