Les véhicules électriques doivent-ils avoir un style clivant ou pas ?
Le vertueux véhicule électrique doit-il se distinguer par une plastique fantastique ? Ou bien au contraire, doit-il faire profil bas et calquer son style sur celui d'un modèle thermique équivalent ? Voici quelque éléments de réponse...
Hormis la couleur, il n'y a aucune distinction esthétique entre la Peugeot e-208 (la version électrique en bleu) et la Peugeot 208 thermique (jaune).
A la fin des années 1990, lorsque les premiers véhicules hybrides sont apparus, ils se distinguaient sensiblement par leur design atypique.
Rappelez-vous de la première Toyota Prius en 1997 et de la Honda Insight en 1999. Des designs sans saveur presque pour s’excuser d’exister et de vouloir bouleverser un paysage automobile établi depuis plus d’un siècle. Puis, au fil des générations, les lignes ont gagné en audace quitte, parfois, à verser dans la surenchère. Un futurisme de mauvais goût aux yeux de certains.
“77 % des clients de véhicules électriques souhaitent un style identique à celui du modèle thermique équivalent“
Aujourd’hui, avec l’émergence du véhicule électrique, la question se pose. Doivent-ils adopter un style spécifique ? Ou bien, au contraire avoir une apparence identique à leur équivalent thermique ?
Selon notre Baromètre Energie de L’argus, parmi les intentionnistes de véhicules électriques, 77 % souhaitent qu’il n’y ait pas de distinction esthétique.
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Entre prudence et audace, les constructeurs ont choisi leur camp.
Les Peugeot 208 et Peugeot e-208 qui ne diffèrent que par quelques détails minimes (badges et couleur de calandre) seraient donc dans le vrai. Dans le groupe PSA, les DS3 Crossback et Opel Corsa suivent cette logique industrielle qui offre une grande flexibilité. Selon la demande du marché , il sera à tout moment possible de favoriser ou non la production des modèles électriques. Et si la demande reste faible, compenser en fabriquant davantage de modèles thermiques.
Nées thermiques, les Smart Fortwo et Smart Forfour viennent, à l’occasion de leur restylage, de prendre le virage de l’électrique. Il est donc logique que les déclinaisons thermiques et électriques soient en tout point identiques.

Mais l’on peut citer l’exemple inverse, au sein de l’Alliance Renault/Nissan, le duo Renault Clio 5 / Renault Zoé 2 n’ont pas du tout la même carrosserie. Mais cette stratégie est somme toute logique puisqu’il s’agit de modèles différents. Il en va de même avec la Nissan Leaf qui joue son va-tout sur ses lignes extravagantes.

Une politique que l’on retrouve dans le groupe Volkswagen avec des modèles conçus sur une plateforme technique modulaire spécifique (MEB) qui donne des proportions « spéciales » aux véhicules électriques. Les Volkswagen ID.3, Seat el-Born, Audi e-tron et Porsche Taycan, en témoignent. Les futures ID.1 et ID.2 suivront cette voie.
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Chez les premiums, deux écoles s’opposent.
Dans le cas de Mercedes-Benz, les véhicules électriques sont commercialisés dans une gamme spécifique baptisée EQ. Le premier modèle, le SUV EQC est très proche du Mercedes GLC dont il dérive techniquement. Il s’en différencie par le traitement des extrémités (phares, calandre et bouclier) qui adoptent également une signature lumineuse plus marqué. Un éclairage plus visible, c’est logique pour un véhicule électrique.
Tesla, marque électrique par excellence, propose un design assez traditionnel sur ses berlines Model S et Model 3. Seul le SUV Model X se montre un peu atypique avec ses portes Falcon Wings qui font le spectacle.

Chez BMW, la gamme « i » incarnée par les BMW i3 et BMW i8, joue à fond la carte de la différenciation. Livrées bicolores, style exacerbé, tout concoure à éloigner le véhicule électrique de la gamme thermique. D'ailleurs les futures réalisations électriques auront une haute calandre, pour abriter des câbles à haute tension ?
On retrouve la même logique chez Jaguar avec le SUV I-Pace (élu voiture de l'année 2019) qui n’a absolument rien à voir avec le F-Pace. L’I-Pace est assemblé dans une usine spécifique avec des coûts de production très élevés.
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