L'industrie automobile européenne amorce un redémarrage
L'épidémie de Covid-19 n'évoluant pas au même stade dans les pays européens, les industries automobiles ne perçoivent pas tous la même sortie de crise. Etat des lieux au 5 mai 2020.
Usine Mercedes de Düsseldorf où est notamment produit le Sprinter.
[Mis à jour la 06/05/2020] Selon les calculs de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), les fermetures au niveau européen ont entraîné une perte de 1,5 million de véhicules (voitures, camions, caravanes, bus et autocars). De plus, 1,14 million d'emplois directs et bien d'autres dans l'industrie auxiliaire ont été touchés. Ces chiffres ont été arrêtés au 9 avril et concernaient un arrêt de l'activité durant 18 jours ouvrés en Europe en moyenne.
En France, Toyota reprend son activité
Dans l'hexagone, où Emmanuel Macron a annoncé la poursuite du confinement jusqu'au 11 mai, la filière automobile appelait le 10 avril à une reprise progressive de l'activité.
Dans cette optique, Toyota a annoncé la réouverture de son usine d'Onnaing près de Valenciennes, spécialisée dans la production de la Yaris, à compter du 21 avril. "Nous devons produire et livrer 35 000 Yaris de la génération actuelle. Elles ont été commandées par des clients qui attendent leur livraison dans les prochaines semaines" écrit le président de Toyota Motor Facturing France, Luciano Biondo, dans un courrier adressé aux salariés et mis en ligne par plusieurs syndicats. Par ailleurs, la CGT qui a voté contre cette reprise d'activité s'insurge par la voix de son délégué Eric Pecqueur : "C'est un coup de couteau planté dans le dos de tous les soignants". Il dénonce "l'irresponsabilité des actionnaires, de la direction, et du gouvernement qui a donné son aval".
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Fiat entrevoit un redémarrage en Italie
Confiné en Italie jusqu’au 3 mai pour le moment, Fiat Chrysler Automobile négocie avec ses syndicats les mesures sanitaires à mettre en place dans le cadre d’une réouverture. En effet, initialement prévu pour se terminer le 13 avril, le confinement italien a été repoussé jusqu'au 3 mai, bien que les récentes données sur l’épidémie laissent présager un ralentissement de la propagation du virus.
Les syndicats de Fiat réclament un échelonnage des changements d’équipes et la mise en place de marquages au sol pour garantir une distance d’un mètre entre les ouvriers, a déclaré Raffaele Apetino, représentant du syndicat FIM de la métallurgie. Selon le syndicaliste, Fiat se serait montré disposé à accepter les propositions. Toutefois, le constructeurs n’a pas encore communiqué à ce sujet. Le redémarrage de la production de FCA concernerait les chaînes d’assemblage de la Jeep Compass et de nouveaux modèles hybrides à Melfi, dans le sud de l’Italie ; la production de véhicules utilitaires légers à Atessa, dans le centre du pays et le travail préparatoire à la fabrication de la nouvelle Fiat 500 électrique dans l’usine Mirafiori de Turin. Un total d’un peu moins de 10 000 employés sur les 55 000 présents en Italie seraient ainsi appelés à reprendre leur poste.
L'Espagnole n'est pas prête de redémarrer
Confinés jusqu’au 26 avril minimum, Les espagnols risquent de voir leur économie rester à l’arrêt encore quelques semaines car la courbe épidémique Covid-19 n’est toujours pas considérée comme aplatie. Selon le quotidien El Mundo, les mesures de confinement pourraient durer jusqu'au 1er juin dans un scénario favorable ou jusqu’au 3 juillet dans le pire des cas.
Cependant, le 9 avril, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, avait déclaré: "La première étape sera franchie la semaine prochaine avec la dé-discrimination des activités jugées non strictement essentielles décrétées il y a 10 jours" . C’est à dire que les activités non liées aux besoins fondamentaux des habitants devraient pouvoir reprendre cette semaine. Les usines automobiles attendent ainsi le feu vert pour rouvrir leurs portes, sous d'importantes mesures de sécurité pour éviter une deuxième vague de contamination.
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Les constructeurs allemands envisagent la production de pièces avant tout
Du côté des constructeurs allemands, Mercedes et Audi espèrent reprendre la production dans leurs usines européennes avant la fin du mois d'avril, même si tout dépend de ce que seront les mesures de lutte contre la pandémie dans quelques semaines.
Mercedes envisage, dans un premier temps, de rouvrir ses usines de groupes motopropulseurs, a déclaré la société mère Daimler dans un communiqué aujourd'hui, afin de constituer un stock de pièces essentielles pour les usines d'assemblage de véhicules, rapporte Autonews Europe. Dans cette optique, les usines de moteurs du constructeur automobile et son usine de batteries pour véhicules électriques de Kamenz commenceront à augmenter leur production le 20 avril, puis la production reprendra dans les usines Mercedes à Sindelfingen (Classes E et S) et à Brême (Classe C, GLC, EQC), mais pas avant le 27 avril.
Situation similaire pour Audi qui compte redémarrer son usine d'Ingolstadt (où sont fabriqués les Q2, A3, A4 et A5) le 27 avril. Depuis le 14 avril, l'entreprise a repris la production dans son usine de Gyor, la plus grande usine de Hongrie (13 000 salariés) afin d'approvisionner ses autres sites : "nos clients du monde entier attendent des voitures et nous devons être un fournisseur fiable", a déclaré le directeur d'Audi en Hongrie, Alfons Dintner, dans une vidéo diffusée lundi soir sur un site local d'information.
De son côté, Volkswagen, qui a fermé la majorité de ses sites jusqu'au 19 avril au moins, a annoncé le 8 avril une augmentation de la production à partir du 14 avril dans quelques usines de pièces détachées tournant actuellement à un rythme très réduit. Dans un communiqué du 15 avril, la marque a annoncé que la production reprendrait dans les usines de Zwickau et de Bratislava (Slovaquie) dans la semaine du 20 avril. Les autres usines en Allemagne et au Portugal, en Espagne, en Russie et aux États-Unis reprendront la production dans la semaine du 27 avril. Par la suite, dans le courant du mois de mai, la production reprendra successivement en Afrique du Sud, en Argentine, au Brésil et au Mexique. Ralf Brandstätter, directeur de l'exploitation de la marque Volkswagen, a déclaré : "Avec les décisions prises par le gouvernement fédéral et les gouvernements des Länder en Allemagne et l'assouplissement des restrictions dans d'autres États européens, les conditions ont été établies pour une reprise progressive de la production." Enfin, BMW a annoncé le 7 avril son intention de prolonger l'interdiction de production jusqu'au 30 avril.
Dacia le moteur de l’économie roumaine
En Roumanie, Dacia, le principal employeur privé, a annoncé le 8 avril une relance de sa production pour le 21 avril, malgré la poursuite du confinement, suscitant un espoir de reprise de l'activité. En effet, le site de production de Miovenie assurait à lui seul, en 2018, 2,7% du PIB roumain avec un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros, il est à l’arrêt depuis le 19 mars.
"La production démarrera progressivement sur la base du volontariat" et montera en puissance jusqu'au 4 mai, lorsque l'ensemble des quelques 15 000 salariés retourneront au travail, a indiqué Dacia dans un communiqué transmis à l'AFP. Toutes les mesures sanitaires requises ont été adoptées pour permettre la réouverture sans risque du site, en accord avec les partenaires sociaux, a souligné le groupe.
Hongrie, la porte vers une reprise d'activité pour les constructeurs
Le premier ministre hongrois Viktor Orban a imposé l'état d'urgence et ordonné des mesures de confinement qui ne concernent pas les entreprises, libres d'organiser leur activité dans le respect des règles sanitaires en vigueur.
Ainsi, Suzuki, Mercedes et Opel devraient suivre le mouvement initié par Audi à Gyor. Suzuki a indiqué dans un communiqué prévoir une réouverture le 27 avril de son usine à Esztergom, au nord de Budapest. De son côté, le géant Daimler AG (Mercedes) entend rouvrir le 28 avril son usine à Kecskemet. Quant à Opel (PSA), la direction a affirmé être prête à rouvrir son site de Szentgotthard sans toutefois donner de date précise pour la reprise du travail.
Du côté suédois, Volvo Cars va redémarrer la production dans son usine de Torslanda en Suède le 20 avril, après une courte période d'arrêt. "Nous avons la responsabilité envers nos employés et nos fournisseurs de relancer les opérations maintenant que la situation le permet", a déclaré Håkan Samuelsson, directeur général de Volvo Cars. "La meilleure chose que nous puissions faire pour aider la société est de trouver des moyens de redémarrer l'entreprise en toute sécurité, préservant ainsi la santé des gens et leur emploi". Quant aux autres sites du réseau mondial de fabrication de Volvo Cars, l'usine de Gand, en Belgique, rouvrira également le lundi 20 avril, mais avec une production réduite. L'entreprise prévoit actuellement de rouvrir son usine de Caroline du Sud aux États-Unis le lundi 11 mai.
Porsche amorce un redémarrage à compter du 4 mai
"Le redémarrage est un signal important - pour nos employés comme pour nos clients. Nous avons suivi et analysé la situation avec beaucoup d'attention dès le début et avons adapté les processus de manière flexible. Le moment est venu d'envisager l'avenir avec optimisme et de reprendre le travail - sous réserve de précautions particulières", déclare Albrecht Reimold, membre du directoire pour la production et la logistique chez Porsche AG. En effet, à partir du lundi 4 mai, Porsche relance la production en fonction des sites et des tâches. Toutes les mesures nécessaires ont été prises au préalable pour garantir une sécurité maximale aux employés et pour que la production puisse être augmentée par étapes jusqu'à la pleine capacité. Cette reprise concerne les sites de l'usine principale de Zuffenhausen et de Leipzig.
Le même jour, conformément au décret du 26 avril venant du premier ministre italien, Lamborghini devrait relancer sa production dans son usine de Sant-Agata Bolognese. Le 4 mai toujours, Bugatti reprend la fabrication de ses hypersportives dans son atelier de Molsheim. Après une pause forcée en raison de la pandémie de covid-19, quelques collaborateurs reprennent désormais le chemin de l’usine principale située en Alsace pour continuer de travailler sur les Chiron et Divo.
