DS 5 vs Citroën DS 23 Pallas : c'était mieux avant ?
Cette année, la Citroën DS fête ses 60 ans et la DS5 « restylée » devient le premier modèle de la nouvelle marque DS. La filiation est savamment cultivée. L'argus a souhaité célébrer ce passage de témoin sur le lieu même de la naissance de la DS originelle.
La Citroën DS 23 Pallas a convié son héritière, la nouvelle DS5 2015 sur son lieu de naissance.
Christophe Gasco
Quarante ans après l’arrêt de la chaine de production, la Citroën DS revient sur son lieu de naissance à Paris en compagnie de son héritière : la DS 5. Les temps ont bien changé, l’usine de Javel qui assembla de 1955 à 1975, 1 456 746 Citroën DS n’est plus. Ce temple industriel érigé il y a tout juste cent ans, est devenu en 1992, un lieu de promenade : le parc André Citroën. Ce lieu agréable en plein Paris accueille la DS d’hier et celle d’aujourd’hui. Cette dernière est une DS 5 Edition 55, une série limitée qui fait référence à la DS de 1955. La boucle est bouclée.
Retrouvez la vidéo Citroën DS 23 Pallas vs DS5
Le nec plus ultra de la DS et de la DS5

Nous avons convoqué la Citroën DS originelle et son arrière-arrière-petite-fille, la DS5. La première est un modèle DS 23 Pallas de 1973, la seconde, c'est la nouvelle DS5 qui arrive tout juste en concession.
L’une comme l’autre représentent les dernières évolutions de leur espèce. La DS 23 Pallas est en quelque sorte l’ultime développement de la DS, avec ses phares tournant carénés et la dernière planche de bord de la DS.


Tandis que la « nouvelle » DS5 – surtout ne l’appelez plus Citroën DS5 – puisque désormais DS est une marque à part entière dans le groupe PSA, adopte une calandre inédite, des phares full LED et la technologie connectée. Elle est l’incarnation du premium à la française et comme le dit le nouveau slogan « l’esprit d’avant-garde ». Chacune de nos deux protagonistes du jour recèle le meilleur de son époque.
Un style à l'avant garde pour les 2 DS


La DS classique fait toujours son effet, en témoigne le regard des passants de tous âges et particulièrement celui des enfants, qui n’ont d’yeux que pour elle. La Citroën DS est et sera toujours cette auto charismatique qui a marqué son époque dès le jeudi 6 octobre 1955 où elle déchaina la foule du salon de l’automobile.

La DS5 est elle aussi une auto atypique. Si sa présentation officielle en avril 2011 au salon de Shanghai n’a pas été aussi retentissante que celle de sa trisaïeule, l’auto n’en demeure pas moins un concept-car roulant avec une silhouette sans égal. Mélange de coupé et de monospace, la DS5 se démarque par son style flamboyant, sculptural et par ses détails graphiques.
DS 23 vs DS5 : des habitacles futuristes


La portière sans encadrement de la DS 23 s’ouvre, il faut alors enjamber le large longeron du châssis puis se laisser tomber dans un fauteuil ultra moelleux. Une sensation de confort qui relève davantage aujourd’hui du mobilier de salon que de l’univers automobile. Prévenante pour votre séant, la Citroën DS l’est aussi pour vos pieds puisque l’épaisse moquette au sol à un caractère quasi spongieux. La position de conduite assise comme sur une chaise témoigne évidement d’une autre époque.


Prendre place à bord de la DS5 requiert moins de gymnastique que pour la DS 23 toutefois la surprise arrive vite. Le pare-brise avancé tel celui d’un monospace avec les fenestrons latéraux donne une vision vers l'avant moins dégagée qu'à bord de l'ancienne dont les montants très fins ne sont aujourd'hui guère rassurant. Les toits vitrés au-dessus des places avant, scindé par une console au plafond de la DS5, font immédiatement pensé au cockpit d'un avion. Pourtant, contrairement à la Citroën DS conduite par Fantomas qui déploie ses ailes puis prend son envol, la DS 5 restera rivée au sol et ne décollera pas…
Démarrer une DS : quasiment un cérémonial


Pour commencer, la clé de contact s'insère à gauche de la colonne de direction. Une position tout à fait habituelle pour les possesseurs de Porsche 911, mais qui l’est beaucoup moins sur une berline. Ensuite, c'est le maniement du levier de vitesse au volant qui lance le démarreur. Deux fonctions en un accessoire qui traduisent bien la philosophie avant-gardiste de la DS pour laquelle, les ingénieurs se sont creusé les méninges pour innover dans les moindres détails. Après avoir déverrouillé le frein de parking par une commande actionnée du pied gauche – un dispositif toujours d’actualité chez Mercedes - il ne reste plus qu’à accélérer en douceur pour filer à un train de sénateur. Il faut garder à l’esprit que le moindre appui sur le « champignon » qui fait office de pédale de frein stoppera l’auto dans les plus brefs délais. Nécessité d’actionner vos orteils avec doigté...


La clé main libre de la nouvelle DS5 peut rester dans votre poche, nul besoin de l’insérer dans le tableau de bord. Pressez ensuite le bouton start, bien en vue sous la montre à aiguille qui semble d’une autre époque dans cette nouvelle DS5 chantre du tactile et du numérique, en prenant soin de maintenir le pied sur la pédale de frein. Prévenante, la DS5 écrit toutes les consignes de sécurité en rouge sur noir dans le combiné d’instrumentation. Positionnez ensuite le levier de vitesse de la nouvelle boite automatique EAT 6 sur D (lire notre essai de la nouvelle DS5 2015) , et le frein de parking à commande électromécanique se déverrouillera automatiquement. Vous êtes paré à rouler. J’ai failli oublier de régler les rétroviseurs extérieurs faute d’avoir trouvé la commande sur la contre-porte tout comme celle d’ailleurs des lèves vitres. La première se situe à gauche du volant sur le tableau de bord là ou précisément la plupart des constructeurs allemands implantent les commandes des phares. Les secondes sont sises au bas de la console centrale dont le dessin rappelle le mobilier des Porsches modernes.

Banquettes arrière : Chesterfield ou bracelet de montre ?

Il y a beaucoup d’espace à l’arrière de la DS Classique. Ce n’est pas pour rien que le Général de Gaulle l’adopta comme véhicule officiel mais aussi pour son usage personnel. Le « grand » Charles pouvait y loger sans encombre son mètre quatre-vingt-seize. Comme à l’avant les assises et la moquette sont moelleuses à souhait, l’enfoncement dans le fauteuil permet d'améliorer la garde au toit. La lumière ne manque pas non plus et la vision est à 360 degrés. Le haut vitrage latéral, la lunette arrière panoramique et la longue plage arrière apportent cette clarté. Cependant la forme fuselée de la DS dont les voies sont plus larges à l’avant qu’à l’arrière, ceci dans le but de magnifier les vertus de la traction avant, donne de l’étroitesse aux places arrière.

Descendre de la DS 23 pour s’installer aussitôt dans la DS 5 n’est une expérience valorisante pour cette dernière. Le contraste est saisissant et la raideur des assisses comme des dossiers surprend. Ce n'est qu'un sentiment relatif car à l'usage la sellerie de la DS5 n’a rien d'une planche de bois. La notion de confort a bien évolué en 60 ans. Autre griefs à l’encontre de la DS5, des vitres arrière – dont les commandes sont positionnées au bout de la console entre les sièges avant - qui ne descendent pas entièrement. Ceci obligeant François Hollande à saluer la foule le jour de son investiture par un toit ouvrant aménagé spécialement. Enfin, la DS5 plus courte de 27 centimètres que son « ancêtre » est moins généreuse pour l’espace aux jambes. La DS « moderne » tiens sa revanche en proposant plus de largeur et un toit vitré – fixe donc pour le commun des mortels – au-dessus des places arrière.
Rendez-vous en 2075 pour célébrer les 60 ans de la DS 5 !

A l'issue de cette rencontre, il n'est évidemment pas question de déclarer l'une où l'autre vainqueur mais tout simplement d'évoquer la continuité et la filiation légitime entre la DS dite aujourd'hui classique et la nouvelle DS5. Chacune à sa manière marque la paysage automobile de son temps avec chacune sa définition de l'avant garde. Reste une interrogation dans 60 ans quelle aura restera-t-il à la DS5. Largus.fr vous donne rendez-vous en 2075 ! Nous étions là il y a 60 ans en arrière retrouvez la présentation de la DS 19 en 1955 dans L'argus de L'automobile et des Locomotions.
Et pour coller à l'actualité du présent : retrouvez toutes les infos sur la DS Week.