Peugeot 205 GTI. L'icône avec un grand I
Même si elle n'a pas lancé la saga des GTI chez Peugeot, c'est bien la 205 qui a permis à ces trois lettres d'acquérir toute leur noblesse. Alors que le Lion renonce à ce précieux label, retour sur celle qui demeure la petite sportive française la plus populaire de tous les temps.
Deuxième épisode de notre saga Peugeot GTI avec la plus emblématique de toutes : la 205.
Sans vouloir lui faire injure, on pourrait presque accuser la 205 GTI d'être une suiveuse. Après tout, lorsqu'elle débarque, en 1984, la sochalienne ne fait que reprendre l'appellation "Grand Tourisme Injection" étrennée par une certaine Volkswagen Golf, huit ans plus tôt. Mais en appliquant la recette à la catégorie des citadines plutôt qu'à celle des compactes, Peugeot a vu juste. Moins chère et plus légère que l'allemande, qui a déjà commencé à s'embourgeoiser, sa bombinette va s'arracher à près de 300 000 exemplaires pendant ses dix ans de carrière. Un record qui ne sera jamais approché par ses nombreuses descendantes, ni par aucune autre sportive française, et une aubaine pour un constructeur qui avait un pied dans la tombe à cette époque.
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Signé Gérard Welter, le style moderne et apprécié du "Sacré numéro", discrètement encanaillé sur cette version sportive, est pour beaucoup dans ce triomphe commercial. Malgré son ralenti pas toujours stable en ville, la 205 GTI va ainsi réussir à séduire, même dans les beaux quartiers. Mais avec son comportement espiègle et ses moteurs rageurs, allant de 105 à 130 ch, elle se sentira beaucoup plus à l'aise sur les petites routes sinueuses, voire les spéciales de rallye. Près de 30 ans plus tard, elle est l'une des têtes d'affiche de la mouvance "youngtimers", ces modèles des années 1970 à 1990 qui vont quitter progressivement le statut de simple voiture d'occasion pour accéder à celui de véhicule de collection. Alors, forcément, quand Peugeot décide d'abandonner le label GTI, impossible de ne pas revenir sur celle qui symbolise pour toujours, mieux que tout autre, ces trois lettres en France.
205 GTI. Le tour du propriétaire.

Avec une diffusion aussi massive, la 205 GTI n'est évidemment pas rare. Et pourtant, si vous en cherchez une dans un état aussi irréprochable que celle que vous avez sous les yeux, ici, vous devrez vous lever de bonne heure. En effet, comme toutes ses congénères, la Lionne n'a échappé ni aux affres du tuning, ni aux accidents de la route, sans parler de la négligence de certains acheteurs de seconde main désargentés, lorsque sa cote est tombée au plus bas. Autant de déboires que cet exemplaire de 1989, propriété du musée de l'Aventure Peugeot à Sochaux, est parvenu à esquiver. Il présente aussi l'avantage de disposer du "gros" 1.9 de 130 ch, moins répandu que le 1.6 de 105/115 ch, et se targue même d'une dotation généreuse… pour l'époque : son toit ouvrant figurait alors sur la liste des options, alors que les vitres électriques et le verrouillage centralisé n'étaient de série que sur le moteur le plus puissant.


La robe blanche met, elle, bien en valeur toutes les spécificités de cette version sportive, à commencer par ce liseré rouge très en vogue dans les années 1980. Rouge, c'est aussi la couleur des lettres sur les montants arrière, qui rappellent la cylindrée et la version, tandis que les élargisseurs d'ailes sont un gimmick repris depuis 2019 par la deuxième génération de 208. Même s'il préfère désormais employer le label PSE, Peugeot est donc bien conscient que sa 205 GTI reste encore bien présente dans l'imaginaire collectif. Mais les temps ont bien changé : les déflecteurs chargés de bien plaquer les essuie-glaces de cet exemplaire, à haute vitesse, sont là pour témoigner d'une époque où les radars étaient beaucoup moins redoutables !

Avec sa moquette intégralement rouge, l'habitacle est aussi le reflet d'une période révolue. La planche de bord, redessinée en 1988, ne brille pas par la qualité des plastiques employés, et les selleries peuvent se montrer fragiles. Malgré l'état de conservation hors normes de cet exemplaire, quelques traces d'usure sont d'ailleurs visibles sur le bourrelet gauche du siège conducteur, une des "maladies" connues du modèle (lire plus bas). En contrepartie, le tissu "Ramier" très coloré vient ici apporter une touche de fantaisie supplémentaire, tout en faisant office de trait d'union avec la monstrueuse T16, cette grande sœur à moteur central arrière qui aura servi de base à de multiples victoires en rallye. Quant à l'instrumentation, elle se montre tout de même bien plus complète que sur la 205 Junior diesel de votre grand-mère. Température d'eau et d'huile, pression d'huile, compte-tours… Tout est réuni pour surveiller la santé du 1.9 à injection, capable, comme le 1.6, d'atteindre de très gros kilométrages, si on le traite avec un minimum de soin.
Les rivales de l'époque

La meilleure ennemie de la 205 GTI, c'est elle : la R5 GT Turbo, vendue de 1985 à 1991. Forte de 115 à 120 ch, elle préfère le turbo à l'injection.
Malgré une appellation commune, la 205 GTI ne s'est jamais mise en travers de la Golf : ce rôle, elle l'a laissé à la 309, plus imposante. Cela n'a pas empêché la petite sochalienne de devoir affronter une adversité aussi nombreuse que variée. Avec, en guise d'éternelle ennemie jurée, une compatriote aux manières plus rustres et à la fiche technique plus "rustique" : la R5 GT Turbo. Vendue de 1985 à 1991, elle extirpe 115, puis 120 ch du vieux Cléon fonte à carburateurs, en lui soufflant dans les bronches au moyen d'un turbo. Une formule à l'opposée de celle de la Peugeot, mais qui a aussi son charme… même si les adeptes de la "GTT" seront quasiment deux fois moins nombreux que ceux de la GTI, avec un peu plus de 162 000 exemplaires neufs écoulés.
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Du côté de chez Citroën, appartenance au même groupe oblige, on évitera de trop rouler sur les mêmes plates-bandes. Gare, toutefois, à ne pas négliger la Visa GTI, qui recevra le même train avant et le même 1.6 que sa cousine (105 puis 115 ch) dès 1984, avant de passer le flambeau à la très dépouillée AX Sport, en 1987. Avec ses 95 ch et ses carburateurs, cette dernière est toutefois plus proche de la 205 Rallye dans l'esprit, tandis que l'AX GTI apparue en 1991 se contente de 100 ch. La hiérarchie est bien définie.
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Mais en passant les frontières, on trouve aussi nombre de citadines énervées, que nous ne pourrons pas toutes citer. Entre une Fiesta XR2 au châssis dépassé, une Fiat Uno Turbo i.e; qui brille davantage par son pétillant moteur suralimenté que par l'efficacité de ses trains roulants ou une tardive Opel Corsa GSI à la cavalerie modeste, toutes subiront les coups de griffe de l'insolente Lionne. Y compris la Volkswagen Polo, qui n'aura pas le droit au label GTI avant 1999 : proposée de 1998 à 1994, sa version G40 n'est pas pour autant dénuée d'intérêt avec son original quatre-cylindres à compresseur volumétrique, développant de 113 à 115 ch. Mais, elle ne sera écoulée qu'à dose homéopathique.
Les grandes dates de la 205 GTI

Longue, la carrière de la 205 GTI a aussi été riche en évolutions.
- Mars 1984 : au Salon de Genève, Peugeot présente sa 205 GTI, alors uniquement animée par un 1.6 à injection de 105 ch.
- Décembre 1984 : Peugeot Talbot Sport propose un "kit PTS officiel" permettant de porter la puissance de 105 à 125 ch. Une rareté aujourd'hui très recherchée !

Pour Peugeot, le 205 est un numéro quasiment aussi important que le 007 pour James Bond.
- Mars 1986 : revu de la culasse aux bielles et pistons, le 1.6 grimpe de 105 à 115 ch. Il gagne en disponibilité à bas régimes, au passage.
- Décembre 1986 : la 205 grimpe encore en puissance et étoffe sa gamme, grâce à l'arrivée d'une version animée par un coupleux 1.9 de 130 ch. Cette variante s'offre également des jantes de 15 pouces et un train arrière revu, accueillant désormais des freins à disques. En revanche, son comportement est réputé plus "pointu" que celui de sa petite sœur 1.6.
- 1988 : premier discret restylage, essentiellement visible dans l'habitacle avec l'adoption d'une planche de bord redessinée.
- Juillet 1990 : deuxième lifting, un peu plus voyant à l'extérieur où les clignotants passent de l'orange au blanc, tandis que les feux arrière revus marient le rouge et le noir. La couleur de la planche de bord passe pour sa part au noir, et la très recherchée série limitée Griffe (3 000 exemplaires) fait son apparition.


- Novembre 1991 : elle ne s'appelle pas GTI, mais la 205 Gentry en est un peu le pendant chic, avec son 1.9 dégonflé à 105 ch, ses sièges cuir et ses boiseries.
- 1992 : la fin approche. Après l'arrêt du 1.6 en août, le 1.9 descend à 122 ch, "castré" par la pose d'un catalyseur dans sa ligne d'échappement un un taux de compression abaissé.
- Janvier 1994 : la production de la 205 GTI s'interrompt. En France, cela marque aussi la fin de ces trois lettres chez Peugeot, avant leur retour sur la 308 I en 2010, puis en 2013 sur une petite sportive, la 208 I.
Conseils d'achat et points à surveiller

Bonne nouvelle : en 1.6 comme en 1.9, les kilomètres ne font pas peur à cette bombinette. Les GTI dépassant les 200 000, voire les 300 000 km, sans avoir subi d'intervention mécanique majeure ne sont en effet pas rares. Eric Barthelat, membre du musée de l'Aventure Peugeot, nous incite à être plus vigilant sur la corrosion, même si la Lionne était plutôt bien protégée pour son époque : "Selon les régions, selon l'utilisation, il peut y avoir des surprises et elles sont rarement bonnes. Il faut être attentif aux soubassements, aux liaisons entre ailes arrière et bas de caisse, les points sensibles connus". Le train arrière peut également avoir tendance à s'affaisser suite à l'usure des roulements de bras, le ralenti se montre fréquemment instable et l'injection a tendance à s'encrasser. Quant à l'habitacle, il vieillit souvent mal, la faute à des plastiques assez basiques, à des moquettes parfois défraîchies ou encore à l'usure des sièges, particulièrement au niveau du bourrelet gauche côté conducteur.
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Gare, aussi, à l'historique douteux de certains exemplaires. Avec un comportement volontiers joueur, notamment sur le mouillé, et des propriétaires pas toujours expérimentés, nombreuses sont les 205 à avoir connu des accidents plus ou moins bien réparés. Il faudra aussi s'assurer que les caractéristiques du moteur, de la carte grise et de la plaque d'identification du véhicule concordent bien, les cas de transplantation ne manquant pas. Bref, autant que possible, mieux vaut se faire accompagner d'un connaisseur du modèle avant d'acheter, par exemple, en faisant appel aux divers clubs qui se consacrent à cette sportive, comme le 205 GTI Club de France ou le 205 GTI Classic Club. Des adresses qui pourront aussi s'avérer précieuses pour retrouver certaines pièces devenues rares.

Cet extrait de brochure met bien en avant le train avant et le moteur 1.6 à injection très modernes employés par la petite sportive Peugeot.
Les chiffres clés
- Production : de 1984 à 1994
- Usine : Mulhouse
- Nombre d'exemplaires : 294 514
La cote a fortement augmenté depuis quelques années. "Une très belle GTI avec moins de 100 000 km et un historique limpide se vend plus de 20 000 € en moins d'une demi-journée", avertit Eric Barthelat, alors que la série spéciale Griffe en état concours dépasse parfois les 40 000 €. Même si les 1.6 demeurent un peu moins chères que les 1.9, chaque version a ses inconditionnels, si bien qu'il devient illusoire d'espérer trouver un exemplaire bien conservé ou restauré à moins de 12 000 ou 15 000 €.


Pour les budgets plus serrés, les alternatives sont donc de "fausses" GTI : la Gentry, qui reçoit un 1.9 dégonflé à 105 ch en privilégiant le luxe au sport, ainsi que le cabriolet CTI. Ce dernier n'a toutefois "de GTI que le moteur et les sièges", nuance Eric Berthelat, tout en rappelant qu'il permet aussi de se faire plaisir. Mais attention, même pour ces deux ex-mal aimées, la tendance est à la hausse.
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Largus.fr remercie chaleureusement L’Aventure Peugeot Citroën DS et le Musée Peugeot de Sochaux (Christian Guillaume & Eric Barthelat).