Peugeot 206 RC. La dernière avec un moteur atmo !
À la fin des années 90, Peugeot tire un trait sur les GTI. Il n'abandonne pas le segment des bombinettes pour autant et revient avec des versions S16 ou RC. La 1ère à recevoir les initiales Racing Cup, c'est la 206. Un modèle d'autant plus marquant qu'il signe la fin des moteurs atmo chez Peugeot.
La saga des sportives Peugeot, entamée avec la 505 turbo en 1983, s’est poursuivie jusque dans les années 1990-2000 avec une succession de modèles au tempérament explosif. Parmi les plus célèbres : l’incontournable 205 GTI, qui n’est pas restée sans descendance. Avec la 206, lancée en 1998, le constructeur au lion fait son retour sur le segment des citadines vitaminées. Exit la dénomination GTI, abandonnée avec la 306. Dès lors, Peugeot inaugure le patronyme S16. La 206 en profite dès 1999. Forte de 137 chevaux, elle n’a pas tous les arguments pour concurrencer sa principale rivale, la Renault Clio RS (172 chevaux). En 2002, alors que le constructeur enchaîne les victoires en rallye avec la 206 WRC, il présente (enfin) une sportive extrême : la 206 RC.
Peugeot 206. Le tour du propriétaire

Ces deux lettres donnent le ton : le « R » pour Racing, le « C » pour Cup. La petite énervée est présentée au Mondial de Paris 2002, simultanément au restylage de la sage 206. Extérieurement, elle s’affranchit du modèle traditionnel (et de la S16) en adoptant des jantes de 17 pouces, un imposant becquet sur le hayon et un échappement avec une double canule ronde. La 206 S16 n’avait droit qu’à une simple sortie ovale. C’est soft pour une sportive. En revanche, dans l’habitacle les occupants sont tout de suite mis dans l’ambiance avec un pédalier alu et d’imposants sièges baquets en Alcantara/tissu alvéolé. C’est d’ailleurs la première fois qu’une sportive Peugeot de série profite de ce type d’assise avec renforts latéraux et appuie-tête intégrés. Notez que les sièges sont ajourés pour laisser passer des harnais… qui n’existent pas ! La 206 RC reste une quatre-places.


Aucun manomètre spécifique n’a été intégré au niveau des compteurs. En revanche, ces derniers sont cerclés de chrome, et la casquette qui les surmonte est habillée de cuir. Du côté des équipements, la citadine s’enrichit de la climatisation automatique, d’un autoradio CD et de rétros électriques. En bas, à gauche du volant, on note l’arrivée d’une touche « ESP ». Dans les années 2000, cet équipement se répand de plus en plus. Heureusement, sur la 206 RC (et contrairement aux autres modèles du Lion), il est déconnectable au-delà de 50 km/h. La petite sportive, déjà espiègle, devient alors d’une vivacité extrême. Au point que le train arrière ne demande qu’à passer devant, même sur une route sèche. Alors imaginez par temps humide… Elle est à réserver aux initiés de la conduite sportive, en manque de sensations.


Sous son capot, la 206 RC cache un 2.0 16S de 177 chevaux (EW 10J 4S). « C’est 50 chevaux de gagnés comparé à la 205 » souligne Éric Barthelat, du musée de L’Aventure Peugeot. Ce bloc développe un couple de 202 Nm, dont 80 % est disponible dès 2 000 tr/min. Certains lui reprochent son tempérament trop linéaire. Ce moteur a la particularité d’avoir commencé sa carrière chez Lotus. Les résultats n’étant pas à la hauteur des attentes de Peugeot, les ingénieurs maison ont repris le flambeau pour mettre au point ce qui sera le dernier bloc atmosphérique de l’histoire de la marque. Une mécanique résistante (quoiqu’un peu gourmande en huile) ! L’exemplaire d’Amandine S., prêté pour les besoins de notre reportage, totalise plus de 250 000 kilomètres au compteur.

Les rivales de l’époque

S’il ne faut citer qu’une rivale de la Peugeot 206 RC, c’est bien évidemment la Renault Clio RS. La sportive au losange fait son apparition en 1999, en même temps que la S16. Elle supplante très vite la petite lionne avec ses 172 chevaux et son comportement plus sécurisant. Si Peugeot revient dans la course quatre ans plus tard avec la RC, la firme de Boulogne-Billancourt a déjà un coup d’avance. En 2004, la Clio 2 (phase 3) RS débarque avec un moteur 2.0 16V amélioré. Sa puissance passe à 182 chevaux ! Avec son châssis aux petits oignons, qu’il est possible de perfectionner grâce à une nouvelle option sport, la citadine au losange reprend le leadership sur le segment des bombinettes.

Face aux deux françaises, il ne reste que peu de place pour les étrangères. La Mini Cooper S se pose toutefois en alternative de choix avec son châssis typé kart. La répartition des masses est excellente, avec ses roues flanquées aux quatre coins de la carrosserie. Elle embarque un moteur à compresseur de 163 chevaux associé à une boîte à six rapports. Son tempérament séduit autant que sa bouille ! Autre modèle à jouer les trouble-fête : l’Ibiza Cupra. La troisième génération du modèle ibérique profite d’un 1.9 turbo de 160 chevaux. Sauf qu’ici ce n’est pas de l’essence qui coule dans ses Durit. Un petit coup d’œil au compte-tours vous fera bondir : c’est effectivement un diesel ! Qui n’a pas à rougir de ses performances avec des reprises tonitruantes. Mais la sonorité du mazout gâche quelque peu le plaisir.

Grandes dates de la 206 RC
- 2003 : la 206 est restylée. Peugeot en profite pour lancer une version plus extrême de la S16. La RC gagne quelques appendices aérodynamiques et un moteur gonflé à 177 chevaux.
- 2006 : fin de la production du modèle sur les chaînes de l’usine de Ryton, au Royaume-Uni.

Conseils d’achat et points à surveiller
Envie de vous offrir une 206 RC ? Voici quelques conseils pour éviter les mauvaises surprises. Commencez par une analyse de la carrosserie et du train arrière. Si le modèle examiné hérite d’un carrossage digne d’une R8 Gordini, passez votre chemin. C’est signe qu’il faut le changer ! Examinez également le silencieux et plus globalement l'échappement. La rouille s'y plait. Le condensateur de climatisation, placé juste derrière le bouclier, est particulièrement exposé aux gravillons. Si aucune défaillance n’est visible, les mauvaises surprises peuvent intervenir au moment de faire la recharge en gaz de la climatisation (ou lors du test préalable)… À propos du bouclier, il a tendance à racler dans les parkings. Jetez un petit coup d’œil à son état avant d’acheter.

Attention ! Le 2.0 16S est particulièrement robuste, il peut-être un peu gourmand en huile. Dans l’habitacle, Peugeot note une faiblesse de la sellerie Alcantara. Les bourrelets côté porte finissent par se déchirer. Le mécanisme de basculement des sièges est aussi un défaut connu. Assurez-vous de ce bon fonctionnement. Enfin, l’arrivée de l’électronique embarquée n’a pas eu que des bons côtés. On relève quelques bugs de multiplexage (surtout avec la clim, les phares et les essuie-glaces auto), le rétro-éclairage de la planche de bord est parfois défaillant, tandis que certains modèles disposent d’aiguilles de compteur facétieuses. Elles tombent, pour finalement remonter l’air de rien !

Les chiffres clés
- Production : 2003-2006
- Usine : Ryton (GB)
- Nombre d’exemplaires : 13 436

La Peugeot 206 RC ne fait pas partie des exemplaires commercialisés à tour de bras. Les plus beaux spécimens s’échangent aujourd’hui sur le marché de la collection entre 10 000 et 12 000 euros avec un kilométrage inférieur à 150 000 kilomètres. Les exemplaires les plus plébiscités sont ceux de couleur rouge (rares) ou blanche (très rares). « C’est le soin apporté à la voiture qui fait toute la différence » détaille Éric Barthelat, du musée de L’Aventure Peugeot.. Certains exemplaires sont proposés à des tarifs moins élevés (7 000 ou 8 000 euros), mais un examen complet s’impose. La 206 RC était une base recherchée pour les préparations de tuning. La sportive reste un placement intéressant car, rappelons-le, c’est la dernière Peugeot à accueillir un moteur atmosphérique. Sa remplaçante, la 207 RC (que nous vous présenterons prochainement), reçoit un turbo. « La 206 RC a une vraie carrière chez les youngtimers, sans égaler la 205 GTI. Sa rareté en fait une pièce recherchée », conclut notre spécialiste.
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Largus.fr remercie chaleureusement Amandine S. pour le prêt de son véhicule, L’Aventure Peugeot Citroën DS et le musée Peugeot de Sochaux (Christian Guillaume & Éric Barthelat).