Peugeot 604 GTI. Rendez-vous manqué
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Peugeot 604 GTI. Rendez-vous manqué

Chez Peugeot, le chapitre 604 s'est refermé sur un modèle avec un blason devenu mythique, « GTI ». Si la berline n'avait rien du caractère rageur de sa petite sœur, la 205, elle a su séduire par son confort hors pair et son noble V6. C'était une vraie « GT » avec un petit « i ».

Publié le Mis à jour le

La Peugeot 604 GTI, c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué. Tout le monde s'accorde à dire que cette berline au V6 de 155 ch est arrivée 10 ans trop tard !

La 604, c’est un peu le vilain petit canard de chez Peugeot. Cette berline, aux prestations flamboyantes que l’on destine à « l’élite sociale », va vite tomber de son piédestal. Au cours de sa carrière (1975 – 1985), la 604 n’aura croisé la route que de 153 252 clients. Pourtant au sein de la lignée, certaines versions méritent le détour, comme celle qui a eu le privilège de terminer l’histoire : la GTI.

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Le design de la 604 GTI est, notamment, signé de Pininfarina.
Extérieurement, la 604 GTI la joue plutôt discrète. Pas d'aileron...

En juillet 1983, lorsqu’elle est présentée, le constructeur au lion n’est pas dans la meilleure des postures. Sa 604 essuie depuis ses débuts les critiques de la presse qui ne se prive pas de mentionner ses défauts (équipement et finition ordinaire, piètre qualité de fabrication) et celles du V6 PRV, qui équipe les SL (136 ch) et Ti/STi (144 ch) :  performances quelconques, consommation excessive (13 à 14 l au 100 km), sonorité sans âme… Peugeot accuse le coup, mais réagit et surtout surprend avec l’apparition de la 604 GTI. Plus GT que réellement sportive, à l’inverse des 205 ou 309, cette version va profiter d’évolutions profondes qui vont lui permettre de laisser son nom dans l’histoire.

604 GTI : le tour du propriétaire

Le style de la Peugeot est caractérisé par ses formes très carrées.

La Peugeot 604 GTI n’est pas la plus connue de la lignée des sportives Peugeot. Et pour cause, il n’y en a eu que 3 000 exemplaires ! Extérieurement, d’ailleurs, la lionne la joue plutôt sobre. Hormis un discret sigle sur la malle et deux sorties d’échappement spécifiques, elle reste digne de son rang. Cette grande routière luxueuse, fruit de la collaboration entre Paul Bracq (notamment) et Pininfarina, profite d’un design très carré, très, voire trop, typé années 70. Ce qui ne l’aidera pas au long de sa carrière. Elle doit faire face à des rivales aux lignes nettement plus profilée (lire plus bas).

La 604 GTI se rattrape avec un équipement particulièrement étoffé : sellerie en cuir, 4 vitres électriques, climatisation, toit ouvrant et même régulateur de vitesse. Mais la finition et la qualité des matériaux laissent à désirer. C’est d’ailleurs aujourd’hui un grief sur les modèles de collection (lire plus bas). Ne vous fiez pas au modèle, ici en photos. Cet exemplaire en provenance directe du musée de l’Aventure Peugeot est, littéralement, neuf. Il ne totalise que 226 km au compteur et « sent le neuf » !

Tous les équipements de confort sont réunis. Il y a un régulateur de vitesse, la climatisation...
Cet exemplaire du Musée de l'Aventure Peugeot est neuf. Il totalise 226 km au compteur.

La 604 GTI partage une architecture très proche avec la 505 Turbo. En revanche, alors que la 1ère étrenne un 4-cylindres, la seconde s’offre une mécanique plus noble. Réalésé, passant de 2,7L à 2,8L de cylindrée, le V6 gagne des manetons décalés. Sa puissance grimpe de 144 ch (sur les Ti/STI, qui profitaient déjà de l’injection) à 155 ch et son couple augmente de 217 à 238 Nm à 3 000 tr/min. Le bloc est associé à une boite manuelle (5 rapports) ou automatique (ZF). Mieux encore, cette version s’offre un différentiel à glissement limité et des trains roulants retouchés. Malgré tout, la berline n’a pas un caractère très sportif, mais plutôt typé confort. Elle aurait bien mérité quelques chevaux de plus et, surtout, aurait dû arriver bien plus tôt dans la carrière du modèle !

La Peugeot 604 GTI a aussi été détournée en version limousine par Heuliez.
François Mitterrand a particulièrement apprécié la 604 GTI pour ses déplacements privés.

Dans les dernières années de production, Heuliez se chargera de proposer une version limousine de la « sportive ». Ce modèle rallongé de 62 cm, ainsi que des versions GTI plus classiques, feront le bonheur de François Mitterrand qui les utilisera pour ses déplacements privés entre 1984 et 1986.
 

Les rivales de l'époque

Talbot Tagora SX

La 604 GTI n’a pas eu une carrière facile. Et pour cause, en plus de son arrivée tardive sur le marché, son style détonne face à la concurrence : allemande, mais aussi et surtout française. En interne, il y a la Talbot Tagora. Les deux modèles partagent le même bloc, mais celle-ci, dans sa déclinaison SX, profite de 10 ch supplémentaires qui en font alors la plus puissante des "PRV". Sa carrière s’achève l’année du lancement de la 604 GTI. Celles qui vont véritablement venir jouer les trouble-fêtes se nomment Renault R30 TX et Citroën CX GTI Turbo.

Renault R30 TX
Citroën CX GTI Turbo

La première hérite du même V6 PRV, mais il n’affiche que 144 ch. Son équipement est riche et digne de rivaliser avec la lionne : elle aussi profite d’un régulateur de vitesse et même d’un ordinateur de bord (en option). La version sportive de la berline aux chevrons est lancée en 1984. Point de noble 6-cylindres sous le capot, (il est réservé aux Peugeot et Talbot), mais un modeste 4 pattes. Gavé d’un turbo, cette mécanique d’origine Citroën revendiquait 168 ch (et 294 Nm). Contrairement aux 604 GTI et R30 TX, la CX GTI revendique son statut de modèle vitaminé avec de nombreux badges sur la carrosserie et surtout un aileron dans le prolongement de la lunette arrière. 

Si les constructeurs français s’efforcent de proposer des routières chics et sportives, c’est avant tout pour contrer la concurrence allemande dont les clients raffolent. A l’automne 1982, Audi lance la 3e génération de la « 100 ». Contrairement aux autres modèles de l’époque, c’est une traction. Elle hérite de lignes fluides et modernes, d’une finition flatteuse et surtout d’un inédit moteur 5-cylindres. S’il ne développe que 136 ch, son rendement met à mal celui du V6 PRV…

Chez BMW, apparait en 1981, la 2e génération de la Série 5 (E28). Dans sa déclinaison 525i, le 6-cylindres à injection électronique, développe 150 ch et affiche une consommation bien plus raisonnable que le V6 français. L’allemande propose aussi davantage d’équipements high-tech (ordinateur de bord, indicateur de maintenance…) et peut recevoir l’ABS (en option). Ses prestations routières font d’elle une référence.

BMW 525i (E28)
Mercedes W123 280 E
Dans ses rétroviseurs, la Mercedes W123 : énorme succès pour la marque à l'étoile avec plus de 2 millions d’exemplaires produits. Le 6-cylindres 2,8 l de la berline développe 140 ch (250) et là encore se montre particulièrement frugal. Le constructeur va même plus loin en proposant une 280 E (185 ch) dont les performances sont appréciables. « Elle aurait pu être digne d’une berline sportive avec une suspension raffermie » mentionnaient à l’époque nos confrères de Sport Auto.
 

Les grandes dates de la 604 GTI

La berline mesure 4,72 m de long pour 1,44 m de haut.

  • Juillet 1983 : la 604 phase II (reconnaissable à ses clignotants oranges) devient GTI avec la greffe du V6 PRV de 2 849 cm3. Il développe 155 ch.
     
  • Juillet 1984 : La berline s’enrichit d’un témoin de liquide de refroidissement au tableau de bord. La grille des vitesses n’est plus gravée sur le pommeau. C’est désormais une pastille. La 604 GTI gagne une nouvelle monte de pneus (205/60 au lieu de 195/60), toujours en 15'', qui remplissent un peu plus les passages de roues.
     
  • Novembre 1984 : sortie des ateliers Heuliez de l’ultime 604 GTI Limousine (version rallongée de 62 cm). François Mitterrand s’en offrira une version blindée.
     
  • 30 novembre 1985 : fin de de la production de la 604. La commercialisation se poursuit jusqu’en 1986 sur stock.
     

Conseils d'achat et points à surveiller

Le moteur est un V6 PRV à injection. Réalésé à 2,8L de cylindrée (2,7L pour les versions Ti et STI), il gagne des manetons décalés. Sa puissance culmine à 155 ch.

La Peugeot 604 GTI est rare à trouver. Redoublez de vigilance, donc, si vous tomber sur un exemplaire sur le marché de la collection. Il est nécessaire de procéder à quelques vérifications. Du côté du moteur, le V6 PRV fait partie de ses blocs capables d’encaisser des kilomètres sans broncher. En revanche, il est impératif de surveiller l’état des durits d’essence, qui deviennent sèches et poreuses avec l’âge, et de veiller à ce que le circuit de refroidissement ne soit pas entartré. Refermons le capot, et jetons un œil à la carrosserie. C’est habituellement la bête noire des modèles des années 70. Pourtant, la rouille sévit aussi sur la 604 GTI. Bien que cette version y soit un peu moins sensible que les premières générations, un examen drastique s’impose. Attardez-vous prioritairement sur le bas des portières, le fond du coffre ou les baies de pare-brise ou de lunette arrière. 

La 604 GTI profite d'un toit ouvrant. Vérifiez son étanchéité et les éventuels points de rouille sur l'encadrement extérieur.
Le coffre doit faire partie des éléments à ne pas négliger. Vérifier que la rouille ne grignote par la tôle.

Comme tout modèle de plus de 30 ans, veillez au bon état des selleries et autres moquettes. Les tissus d’époque sont rares, voire introuvables. Mais, ne vous arrêtez pas à un bourrelet qui s’affaisse. C’est plus simple à réparer. Dans l’habitacle, examinez aussi la planche de bord, les panneaux de porte et la console centrale dont les plastiques ont mal vieilli et peuvent se fendre. N’hésitez pas à faire part de vos interrogations ou doutes sur un modèle fraîchement chiné aux membres des clubs qui sauront vous aiguiller.

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Les chiffres clés

  • Production : 1983-1985
  • Usine : Sochaux
  • Nombre d'exemplaires : environ 3 000 unités

Pour un très bel exemplaire, comptez pas moins de 7 000 €. La 604 GTI fait partie de ses modèles assez peu diffusés (3 000 exemplaires), donc rares à trouver.
 


La saga des GTI

Ne manquez aucun épisode de la Saga des GTI sur L’argus.fr. Retrouvez l’intégralité des sujets en photos et vidéos consacrez aux modèles sportifs iconiques en cliquant sur les liens ci-dessous : 

Largus.fr remercie chaleureusement L’Aventure Peugeot Citroën DS et le Musée Peugeot de Sochaux (Christian Guillaume & Eric Barthelat).

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852852 Le 22/11/2020 - 15:11
J'ai roulé a l'époque en 604 SL qui avait de la classe à l'époque avec une finition en deçà des allemandes, mais surtout ce V6 râpeux. j'ai également eu une Alfa 6 avec un desing moins bien que la 605 (angulaire et lourd) mais dont le fabuleux V6 Alfa ,rachetait le reste de la voiture, dont la mélodie (surtout avec les carburateurs) était inimitable dans les montées en régime. Je n'aie jamais retrouvé sur aucune voiture avec cette envolée de vocalises; même sur le même moteur en injection (GTV6, 75V6 3L) l'antithése du PRV. seule la consomation était similaire (entre 12 et 19 litres de super sur autoroute à 190 compteur). Quand au BMW plus économique: là j'ai pas bien vu? Ceci dit j'ai aimé ces 3 voitures pour des raisons differentes, surtout c'était des propulsions, spectaculaire mais pas vicieuses et sans béquilles electroniques!
852852 Le 22/11/2020 - 15:11
J'ai roulé a l'époque en 604 SL qui avait de la classe à l'époque avec une finition en deçà des allemandes, mais surtout ce V6 râpeux. j'ai également eu une Alfa 6 avec un desing moins bien que la 605 (angulaire et lourd) mais dont le fabuleux V6 Alfa ,rachetait le reste de la voiture, dont la mélodie (surtout avec les carburateurs) était inimitable dans les montées en régime. Je n'aie jamais retrouvé sur aucune voiture avec cette envolée de vocalises; même sur le même moteur en injection (GTV6, 75V6 3L) l'antithése du PRV. seule la consomation était similaire (entre 12 et 19 litres de super sur autoroute à 190 compteur). Quand au BMW plus économique: là j'ai pas bien vu? Ceci dit j'ai aimé ces 3 voitures pour des raisons differentes, surtout c'était des propulsions, spectaculaire mais pas vicieuses et sans béquilles electroniques!
VotrePseudo Le 21/11/2020 - 19:46
L'argus arrive à nous mettre une photo de la 604 avec le capot mal fermé... Puis dénigre la voiture (perfs finition...) Alors certes les standards ont changé en 40 ans, mais pour l'époque cette 604 dessinée par Pininfarina avait une classe indéniable et des perfs correctes sans être dans le haut du panier. La clim, les 4 vitres électriques, étaient vues comme un luxe à l'époque. Son vrai défaut était sa conso élevée en V6, un moteur qui aurait du être un V8 mais choc pétrolier oblige, s'est vu raboté en V6 et n'était pas très optimisé.
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