Plate-forme MQB : stratégie modulaire
Pour nourrir ses ambitions de leader mondial, le groupe Volkswagen s'appuie sur une nouvelle plate-forme commune pour concevoir ses véhicules. Une sorte de vaste Lego qui va permettre de baisser les coûts tout en démocratisant les innovations.
La politique de plateforme n’est pas nouvelle au sein du groupe Volkswagen. Mise en place au début des années 1990, elle s’est accélérée en 2000 avec l’introduction de la notion de modules interchangeables.
Avec l’arrivée de la MQB en 2012 (plate-forme modulaire transversale), le groupe franchit une nouvelle étape et prend une longueur d’avance sur ses concurrents. Toutefois, sa mise au point n’a pas été un long fleuve tranquille.
Au départ prévu pour les moteurs thermiques, le projet a été réorienté afin d’intégrer la traction électrique et les variantes hybrides. La raison ? L’état-major n’a pas su anticiper la politique européenne de réduction des émissions polluantes et l’avènement des énergies alternatives.
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Par conséquent, ce changement de stratégie a retardé le développement des nouveaux modèles sur cette nouvelle base MQB, ce qui explique le recyclage effectué sur la Passat, le Touran, ainsi que le remplacement anticipé après quatre ans de la Golf VI. Il en est de même pour l’Audi A3 qui sera remplacée au printemps après neuf ans d’existence.
Mais le jeu en vaut la chandelle, car le groupe pourra produire plusieurs familles de véhicules (de la Polo à la Passat) sur une plate-forme unique, là où PSA (Peugeot-Citroën) en a besoin de trois.
Son développement associe la conception et la production. Ainsi, le nouvel outil industriel pourra fabriquer indifféremment une Volkswagen Polo, une Audi A3, une Seat Altea ou une Skoda Octavia sur la même chaîne, et ce dans treize usines dans le monde.
Une flexibilité rendue possible par la standardisation des pièces, des cotes et des process de fabrication (séquences de travail identiques pour le montage).
Rentabilité accélérée
Si l’investissement au départ est important, cette stratégie sera rapidement rentable. En effet, la MQB permet de réduire les coûts industriels de 20 % pour une productivité supérieure de 30 %.De leur côté, les clients bénéficieront de ces économies d’échelle, puisque de nouveaux équipements de sécurité et de confort, réservés aux modèles de haut de gamme, seront généralisés. Tel est le cas du détecteur de fatigue, de la reconnaissance des panneaux, du Park Pilot (vision à 360° du véhicule), du système proactif de protections des occupants, du freinage automatique d’urgence…
Mais pour répondre aux attentes de l’ensemble des marchés, la flexibilité de cette architecture modulaire va devoir permettre d’élargir les gammes de produits, notamment à des niches jusqu’alors inexplorées, à l’image du Volkswagen Cross Coupé, variante du futur Tiguan.
Mais outre la première place mondiale, le groupe a pour ambition de se doter du meilleur système de production au monde, un titre qui revenait jusqu’alors à Toyota…

Standardisation des pièces et du montage
L’exemple de ce support de planche de bord reflète la nouvelle stratégie. À l’heure actuelle, les cinq véhicules produits dans l’usine de Kaluga en Russie disposent de leur propre référence. Avec la plate-forme MQB, ils seront tous équipés de la même fixation, même si visuellement le tableau de bord n’est pas identique d’une marque à l’autre.Quatre plates-formes pour cinq marques
NSF : pour petit véhicule (Volkswagen up!, Seat Mii et Skoda Citigo)MQB : modulaire transversale (de la Polo à la Passat, Audi A2 et A3, Seat Ibiza, León, Altea…, Skoda Fabia, Rapid, Octavia…)
MLB : modulaire longitudinale (Audi A4, A5, A6…)
MSB : modulaire standard développée par Porsche (Cayenne, Touareg…).
Sept points qui font la différence
1. À essence ou diesel, le positionnement du moteur est uniformisé avec une inclinaison de 12° vers l’arrière. Par conséquent, tous les raccordements des éléments auxiliaires, la sortie d’échappement, les fixations des boîtes de vitesses… sont communs. Même chose pour les calculateurs électroniques.2. Deux innovations seront intégrées au niveau de la transmission : un blocage de différentiel électronique avant basé sur un embrayage multidisques, ainsi que le principe « free wheeling » (roue libre) avec coupure du moteur en décélération pour réduire la consommation.
3. Les roues avant sont avancées de 40 mm pour optimiser l’architecture intérieure et libérer de la place. Une nouvelle direction électromécanique plus directe fait son apparition.
4. La partie entre l’essieu et le pédalier est identique à tous les véhicules et ne varie pas, ceci afin de réduire les coûts.
5. Zone inférieure de la planche de bord, climatisation, chauffage, architecture électronique et électrique… sont standardisés.
6. Selon le gabarit du véhicule, la zone centrale et le plancher arrière peuvent varier en longueur et en largeur sans avoir à modifier l’architecture mécanique.
7. Pour diminuer le poids, qui est à l’origine d’un quart de la consommation, les ingénieurs ont mis la base MQB au régime. La nouvelle Golf sera plus légère d’une quarantaine de kilos.
