Pourquoi le prix des voitures neuves ne baissera pas
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Pourquoi le prix des voitures neuves ne baissera pas

Crise sanitaire, pénurie de semi-conducteurs, crise ukrainienne ou encore explosion du coût de l'énergie sont autant de causes à l'augmentation du prix des voitures neuves. Le contexte et les réglementations à venir ne devraient malheureusement pas enrayer cette tendance. L'argus fait le point.

Par Cambio
Publié le Mis à jour le

Le prix des voitures neuves atteint aujourd'hui des sommets. L'argus fait le point sur les raisons pour lesquelles ce n'est malheureusement pas prêt de changer.

Bentley

En 2020, la pandémie de COVID-19 a jeté les bases d'une crise économique mondiale dont le secteur automobile porte durablement les stigmates. A cet impondérable de santé publique se sont agrégés d'autres facteurs de nature diverse entraînant une augmentation importante du coût de production des voitures et donc de leur prix de vente au client final. La transition énergétique et les contraintes normatives qui l'accompagnent vont confirmer ce phénomène inflationniste de sorte que nous sommes aujourd'hui en mesure de l'affirmer : le prix des voitures neuves n'est pas prêt de baisser, bien au contraire.

La crise sanitaire : première cause de l'inflation 

La pandémie du COVID-19 a donné lieu à des confinements sources de ralentissements et même d'arrêt de production au niveau mondial. C'est ainsi que le secteur des semi-conducteurs a connu une dégradation importante de ses capacités de production alors même que la demande n'a cessé de croître au niveau international depuis plusieurs années. Et, effet pervers, les périodes d'isolement subies par bon nombre de travailleurs ont accentué la pénurie de semi-conducteurs notamment en raison des besoins accrus en matériel informatique. Les constructeurs automobiles, noyés dans la masse des industriels en manque de puces, ont été fortement impactés. En raison du principe de l'offre et de la demande, les prix de ces semi-conducteurs ont explosé sur le marché mondial sous l'action des brokers (courtiers) qui revendent aux plus offrants.

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La pénurie de semi-conducteurs engendrée par la crise sanitaire est un des facteurs de l'augmentation des prix.

Bosch

La baisse de la production et des ventes ainsi que l'allongement des délais de livraison des voitures neuves au niveau international ont engendré un bouleversement du modèle économique des constructeurs. Le PRF (prix de revient fabrication) de chaque véhicule a ainsi augmenté et les constructeurs ont du revoir les tarifs de leurs modèles. Si le marché du neuf reprend peu à peu des couleurs, l'âge d'or de l'automobile est révolu. Les constructeurs l'ont compris et privilégient par la force des choses les marges à la course aux volumes. Et cette tendance rend malheureusement l'automobile de plus en plus inaccessible. D'autant que d'autres facteurs maintiennent les prix à un niveau élévé.

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La chute de la production et des ventes ont fait grimper le prix de revient des voitures.

Lauren Lacoste

Une hausse entretenue par des impondérables économiques

La crise sanitaire relativement maîtrisée, ce sont d'autres facteurs qui ont pris le relai pour conforter la hausse des prix des véhicules à un niveau inédit. C'est tout d'abord le cas de la flambée du coût de l'énergie. Et paradoxalement, c'est la reprise économique post-crise sanitaire qui a engendré une hausse massive dans ce domaine. L'augmentation de la demande provenant de la plupart des pays du monde a conduit les pays producteurs à augmenter leurs tarifs pour ce qui est du gaz et du carburant. Les prix de l'électricité dont les cours sont en Europe liés à ceux du gaz ont directement été impactés.

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La reprise économique a été responsable d'une augmentation du coût de l'énergie.

Laurent Lacoste

Et la crise ukrainienne a fait irruption sur la scène internationale en février 2022, entraînant notamment une hausse importante du coût des matières premières largement utilisées pour fabriquer les voitures. Cuivre, étain, nickel, palladium, aluminium et surtout acier ont vu leur cours respectifs s'envoler, plaçant l'industrie automobile en contrainte en terme de coût et de capacité d'approvisionnement. Autre composante du prix d'une voiture, le coût du transport, a lui aussi bondi en raison de la flambée des prix des carburants et de la pénurie de chauffeurs routiers.

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L'augmentation du coût des matières premières causée par la crise ukrainienne : un autre impondérable qui fait grimper la note.

DR

Des normes européennes qui coûtent cher

L'horizon ne semble pas se dégager pour ce qui est du niveau des prix des voitures neuves. Les constructeurs automobiles vont désormais devoir composer avec des normes réglementaires qui vont avoir un impact sensible sur le prix de revient des voitures. La norme européenne « Global Safety Regulation II » dite GSR2 va tout d'abord entraîner des investissements massifs pour développer et munir de nouveaux dispositifs de sécurité tous les véhicules vendus sur le marché européen à compter du mois de juillet 2024.

Et ce n'est pas tout, la future Norme Euro 7 s'annonce extrêmement coûteuse pour les constructeurs qui font grise mine à l'approche de son entrée en vigueur fixée au 1er juillet 2025 pour tous les véhicules neufs vendus sur le Vieux Continent. Pour le seul groupe Renault, la facture induite par cette nouvelle réglementation devrait s'élever à plus d'un milliard d'euros selon Gilles Le Borgne, patron de l'ingénierie. Pour parachever ce tableau qui ne cesse de s'assombrir, l'industrie automobile européenne s'apprête également à relever le défi de la décarbonation de sa production qui lui est assigné par le « Green Deal » à partir de 2030.

L'avènement de l'électrique : une mauvaise nouvelle pour les prix

L'Europe l'a décidé : il ne sera plus possible de commercialiser des voitures thermiques neuves sur le Vieux Continent à partir du 1er janvier 2035. Si cette décision est vivement contestée, elle reste pour l'instant l'objectif affiché. Cette feuille de route s'impose donc à l'industrie l'automobile qui privilégie l'électrique pour satisfaire aux exigences de la législation européenne. Et c'est encore une mauvaise nouvelle pour les prix de nos autos. Car produire les batteries pour équiper ces nouveaux véhicules est très énergivore et donc très cher. Sans compter que la dépendance de l'Europe vis-à-vis de la Chine restera forte dans ce domaine pendant encore plusieurs années, et ce alors même qu'il s'agit de loin du composant le plus onéreux d'une voiture électrique.

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Produire des batteries pour les véhicules électriques nécessite beaucoup d'énergie et s'avère donc très coûteux.

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Les différents constructeurs européens sont contraints de réaliser des investissements colossaux pour développer des moteurs électriques et des batteries dont l'efficience devra sans cesse être accrue. Et la stratégie industrielle qui consistait jusqu'à présent à amortir une motorisation durant une dizaine d'années semble bel et bien terminé. La durée de vie d'un moteur électrique ou d'une batterie ne sera demain que de quelques années. Ce court-termisme industriel milite inexorablement en faveur d'un niveau de tarifs élevé qui ne retombera assurément pas de sitôt. 

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Des investissements majeurs attendent les constructeurs pour développer les batteries et les moteurs électriques de demain.

Grégory Pelletier

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Paulo56 Le 07/03/2023 - 10:28
Je pense tout la contraire ! le prix des voitures neuves va baisser ! on verra quand les gens n'achèterons plus.
philk Le 05/03/2023 - 20:34
Toutes ces raisons évoquées ne sont que prétextes. Il suffit de constater les profits phénoménaux réalisés par Stellantis et consorts...il serait plus honnête de dire que les constructeurs ont fait le choix de la rentabilité maximale au détriment du consommateur final, qui reste malheureusement l'éternel vache à lait...
philk Le 05/03/2023 - 20:34
Toutes ces raisons évoquées ne sont que prétextes. Il suffit de constater les profits phénoménaux réalisés par Stellantis et consorts...il serait plus honnête de dire que les constructeurs ont fait le choix de la rentabilité maximale au détriment du consommateur final, qui reste malheureusement l'éternel vache à lait...
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