Radars automatiques. Victimes d’une nouvelle vague de vandalisme !
L’argus a recensé une bonne trentaine de radars vandalisés depuis le début de l’année, laissant craindre que les cabines ne servent à nouveau de défouloir face à l’exaspération sociale actuelle. Sans compter les appareils volontairement coupés du réseau électrique par un syndicat…
Les radars automatiques restent sujets au vandalisme. Le climat social actuel (réforme des retraites, ZFE…) ne devrait pas arranger les choses.
Pascal Pennec - L'argus
Pauvres radars ! Au fil des crises qui secouent régulièrement le pays, ils sont devenus malgré eux un vrai baromètre du niveau d’exaspération des Français. Ils avaient « pris cher » en octobre 2013 lors du mouvement des Bonnets rouges et plus encore à partir de la fin 2018 avec le lancement des Gilets jaunes. Qu’en sera-t-il en 2023, alors que la colère s’amplifie contre la réforme des retraites et les ZFE, ces zones à faibles émissions désormais surnommées « zones à forts emerdements politiques » ?…
Bien entendu, aucune donnée officielle sur les destructions de radars fixes n’est communiquée. Il suffit toutefois de feuilleter les colonnes des faits divers des quotidiens régionaux pour constater une recrudescence des destructions plus ou moins sévères depuis le début de l’année 2023, sachant que le mouvement s’accélère nettement. Selon un pointage sans doute non exhaustif réalisé par L’argus, ce sont déjà une grosse trentaine de radars qui ont été victimes de dégradations, dont certaines ayant complètement détruit le radar. Pas étonnant que dans un tel contexte la mise en service des premiers radars urbains, qui devait intervenir en ce mois de mars, ait été repoussée sine die.
L’Ouest en première ligne
Pour le moment, le mouvement ne paraît pas encore national, se concentrant sur une dizaine de départements en majorité situés dans l’ouest du pays.
En janvier, tout a commencé avant les fêtes :
- dans les deux Charentes avec plusieurs actions sur l’île de Ré puis à Dirac ;
- dans les Yvelines, avec une cabine incendiée à Mantes-la-Ville le 3/1 ;
- en Moselle, où une tourelle a été abattue à Erstroff le 6/1 ;
- en Martinique, où cinq radars ont été brûlés (11/1).
En février, forte montée en puissance des actions. À commencer par :
- la Manche, où une tourelle a été détruite à Saint-Aubin-des-Préaux dans la nuit du 2/2 au 3/2, entre Avranches et Granville ;
- l’Orne, où deux tourelles ont été incendiées dans la nuit du 10/2 au 11/2 à Saint-Mars-d’Égrenne et à La Ferté-Macé ;
- la Moselle encore, où sept radars ont seulement été bâchés par les agriculteurs en colère (14/2) ;
- la Gironde, où un radar chantier a été détruit par le feu à Lanton (15/2) ;
- le Nord, avec plusieurs radars de la Sambre-Avesnois dégradés, dont ceux de Dourlers et d'Étrœungt (le 20/2) ;
- le Gard, avec deux incendies à Congénies et à Calvisson le 22/2 ;
- le Calvados, près de Vire, où un radar a été ravagé par le feu dans la nuit du 26/2 ou 27/2, l’autre tagué.
En mars, en seulement une semaine, la liste est déjà longue, témoin de la recrudescence des actes de violence.
- Dans le sud des Alpes, deux radars sont partis en fumée, l’un à Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes), l’autre à Mison (Alpes-de-Haute-Provence) le 2/3 ;
- dans le Loiret, le secteur de Montargis continue de défrayer la chronique avec le radar d'Amilly à nouveau tagué (4/3).
- Mais c’est bien la Normandie qui reste le secteur le plus chaud. Est-ce uniquement en rapport avec la radicalisation de la contestation à la réforme des retraites ou à cause de la mise en place de la ZFE cette semaine à Rouen ? Sans doute les deux.
- Ainsi, la série continue dans l’Orne, ce qui porte à cinq le nombre de radars détruits en quelques jours avec la tourelle de Putanges-le-Lac découpée à la base du mât dans la nuit du vendredi 3/3 au samedi 4/3, et un radar chantier renversé le jeudi 2/3 Tinchebray-Bocage.
Les radars de Mayenne privés de courant !
Pour compléter la série, notons cette action syndicale originale en Mayenne. De nombreux radars automatiques ne fonctionnent plus (le département compte une vingtaine de dispositifs fixes) car la CGT Énergie 53 a coupé leur alimentation électrique ! Les appareils ont été mis hors tension au nom « de la sobriété énergétique », selon le communiqué du syndicat à l'origine de cette action, afin de dénoncer le projet de réforme des retraites. Si un tel mouvement fait tache d’huile, voilà qui promet un sacré mois de mars, puisque la loi ne sera votée au Sénat que le 26. Et qu’en sera-t-il ensuite lorsque le texte reviendra à l’Assemblée en seconde lecture ?…