Renault 5 Turbo 3 E : au volant du concept-car taillé pour le drift !
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Renault 5 Turbo 3 E : au volant du concept-car taillé pour le drift !

« Née pour drifter » annonce Renault au sujet de son dernier concept-car, bientôt disponible en virtuel dans différents jeux vidéo. Encore un coup marketing ? Pas seulement : la R5 Turbo 3 E existe, roule et s’est même laissée conduire sur le circuit club de Magny-Cours. Expérience.

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Si l'autonomie des batteries ne pose pas de problème, leur chauffe nécessite de ne pas dépasser trois ou quatre tours à bon rythme sans pause.

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Accueil chaleureux sur le circuit club de Magny-Cours, où trônent six R5 Turbo d'époque comme neuves. Pas les moindres : une Turbo 1 bien sûr, une Turbo 2 évidemment, mais aussi deux versions de rallye (la Tour de Corse et la « Maxi 5 » !) et deux de circuit (la coupe d'Europe, proche de l’origine, et la Superproduction, poussée de 160 à… 370 ch). Une sacrée réunion de famille soudain troublée par l’arrivée silencieuse de la cadette, la Turbo 3 E. 

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Présentée en 1978 au Salon de Paris, la R5 Turbo a connu moult succès en compétition. La Turbo 3 E se limitera aux jeux vidéo… ou presque.

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Perchée sur son estrade, au concours d'élégance de Chantilly ou au Mondial de Paris, la R5 Turbo 3 E évoquait clairement ses aïeules. Mais plus sous nos yeux : feux rectangulaires, capot plat et ailes hypertrophiées, certes, mais des dimensions à l’échelle 1,5 au moins ! La Turbo 3 E est en fait 34 cm plus longue et 25 cm plus large qu’une R5 turbo originelle. Les pneus arrière en 325 mm et l’aileron démesuré façon proto de Pikes Peak achèvent d’éloigner ce drôle de cube de la réalité.

Pas virtuelle, la fiche technique R5 Turbo 3 E

L’auto sera disponible dans différents jeux vidéo (et différentes décos, revoir les explications de Gilles Vidal sur la R5 Turbo 3 E), mais son existence est bien réelle. Ainsi, contrairement à 99 % des concept-cars de Salon, le bolide roule ! Et pas à 15 km/h maxi. Vitesse de pointe ? 200 km/h. 0 à 100 km/h ? 3,5 s. Puissance et couple cumulés ? 380 ch et 700 Nm issus de deux machines électriques alimentant chacune une roue arrière. Je vous vois venir. Eh bien venez : l’avalanche de couple devrait suffire pour emballer les énormes pneus arrière, juste réduits de 325 à 265 mm de large en configuration d’essai.

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La Turbo 3 E repose sur un châssis tubulaire spécifique conçu par Ligier Automotive.

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Ouïes, flasques et aileron ont une fonction esthétique plus qu'aérodynamique.

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Comme si cela ne suffisait pas, Renault a monté un frein à main hydraulique au beau milieu de la console, parfaitement fonctionnel pour déclencher les dérives. Puis l’a gréé d’un petit bouton magique déclenchant… l’arrosage des pneus arrière. Dix fois vainqueur du Trophée Andros et copilote de luxe lors de notre essai, Yvan Muller nous explique avoir rapidement détourné cette fonction. « L’arrosage des pneus a été imaginée par crainte que l’auto peine à glisser, dit-il. Elle dérive en fait si facilement que le bouton sert plutôt à refroidir les pneus arrière. » Cocasse.

À bord

Avec 42 kWh de batteries sous le plancher et un pavillon resté à 1,32 m de haut, l’habitacle de la Renault 5 du futur semble bas de plafond. Y accéder impose donc une petite séance de contorsion, heureusement facilitée par le possible démontage du volant. Une fois installé, on a un peu les genoux sous le menton ! Sous les yeux, pas de compteurs à aiguilles mais une pléthore de petits afficheurs pixellisés qui évoquent l'univers des jeux vidéo vintage. Même constat concernant les couleurs, vives, comme le jaune couvrant la console et le rose teintant les vitres, pare-brise compris. À bord, on voit la vie comme dans la chanson d'Édith Piaf !

Bien sanglé dans mon siège baquet de compétition, je presse subtilement la pédale de droite, qui fait décoller le bolide dans de petits soubresauts. « Le repose-pied, à gauche, dispose d’une petite course morte. Mais attention, ce n’est pas une pédale ! Le frein reste au milieu… », prévient Yvan. Précision utile au volant du seul exemplaire de ce concept, reposant sur un châssis tubulaire spécifique et recouvert d’une carrosserie en fibre de carbone. En clair : la sortie de piste n’est pas une option. 

Au volant de la R5 Turbo 3 E

Trois tours, pas un de plus, soit 7,5 km pour approcher les limites du bolide. La relative progressivité de la pédale d’accélérateur tranche d’emblée avec celle des freins, à la course minimale et dépourvue de toute assistance. Première épingle à rythme prudent, je loupe le point de corde et dois donc patienter jusqu’à la sortie pour convoquer la cavalerie. Mordre la pelouse en sous-virage au premier tour, avouez que ça ferait mauvais genre.

Dépourvue de différentiel arrière, la R5 Turbo 3 E peine en effet à pivoter dans les virages serrés et doit donc être accompagnée avec les freins jusqu’au point de corde. On verra ça plus tard. La ligne droite apparaît enfin à travers le pare-brise rose. J’écrase le champignon, qui me comprime dans le baquet et fait siffler les moteurs. L’ambiance sonore navigue entre celle d'une Lotus à compresseur et celle d'une disqueuse à main... plus proche de la disqueuse et loin du calme qui règne à bord des électriques de série. Quel barouf ! Notre micro s’en souviendra (désolé pour vos tympans, chers spectateurs de la vidéo).

Sans sonner comme un V8, cette sirène participe à la sensation de poussée, aussi immédiate en sortie d’épingle que linéaire au fil de la ligne droite. La prise de vitesse est pourtant bien réelle et oblige déjà à « monter » sur la pédale de frein pour aborder le pif-paf au bon rythme. La direction directe et l’absence de roulis compensent la sensation de poids (moins d’une tonne sans les batteries, une tonne et demie avec !), mais pas tout à fait la tendance sous-vireuse.

Mes yeux visent la tige de frein à main entre les sièges… et mon esprit me remémore d’emblée l’interdiction de s’en servir. Dommage : un petit coup de frein à main suffirait à placer l’auto dans le bon sens puis à resserrer la trajectoire avec le train arrière plutôt que l’avant. Les dérives immédiates à la réaccélération en appui confirment que l'instinct de danseuse cherche à reprendre le dessus, comme nous le confirmera dès le tour suivant Yvan Muller, évidemment autorisé à nous faire admirer le paysage par les vitres latérales.

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Rendues célèbres par le génial Jean Ragnotti, les figures à 360° sont facilement réalisables en R5 Turbo 3 E. Même sur sol sec !

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Retour aux stands, échange de places, serrage accru des harnais, et c’est reparti pour un (seul) tour en passager du maestro. Dans la courbe parabolique qui s’y prête le mieux, Yvan tire brièvement sur le manche du frein à main, qui nous place immédiatement en dérive à 45° de la piste à plus de 120 km/h. Même pas peur : l’angle de braquage dépasse les 50°, comme celui de contre-braquage donc ! Malgré le vacarme ambiant, les hurlements des pneus prennent le dessus et mettent en alerte l’odorat en plus de l’ouïe. L’épaisse fumée des gommes brûlantes remonte par les vitres latérales ! Des vapeurs qui apparaissent roses au lieu de blanches, à la faveur du teintage des vitres. On évolue peut-être dans un jeu vidéo finalement. Quel engin.

Bilan du test R5 Turbo 3 E

  • Silencieuse, la propulsion électrique ? Pas en R5 Turbo 3 E ! Les moteurs sifflent énormément… mais pas autant que les pneus chantent quand ils encaissent les 700 Nm de couple immédiat. Un concept-car qui n’a pas que de la « gueule », c’est assez rare pour être signalé. Il n'a toutefois pas suffi à nous détourner d’une envie : celle d’enfourcher la « vraie » R5 Turbo d'époque. À suivre donc !

Fiche technique R5 Turbo 3 E

  • Longueur : 4,01 m (avec aileron)
  • Largeur : 2,02 m
  • Hauteur : 1,32 m
  • Empattement : 2,54 m
  • Châssis : tubulaire à fond plat (+ arceau de sécurité homologué FIA)
  • Poids : 1 500 kg (dont 520 kg de batteries)
  • Pneus avant : 225/35 R19 à l'avant, 325/25 R20 à l'arrière
  • Moteurs : 2 machines électriques
  • Puissance : 380 ch
  • Couple : 700 Nm
  • Batterie : lithium-ion 42 kWh
  • Temps de recharge de 0 à 100 % : 2 h sur chargeur 380 V-32 A
  • 0 à 100 km/h : 3,5 s
  • Vitesse maximale : 200 km/h
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Les formes sont proches. Pas le gabarit : le concept Turbo 3 E est 34 cm plus long et 25 cm plus large que la R5 Turbo d'époque !

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Gaijin777 Le 26/03/2023 - 04:05
Le drift, c’est bien cette activité qui balance des particules fines et autres gaz toxiques à plein wagons dans l’atmosphère, qui gaspille de l’énergie, fut elle électrique en l’occurrence, et qui n’a aucune retombée vertueuse, ni même concrète, sur la production automobile. Une activité nuisible dont les acteurs s’assoient sans vergogne sur les problématiques environnementales actuelles. C’est une honte.
Dominique95 Le 25/03/2023 - 14:54
Un concept sympa, pour drifter ça doit être génial, j’ai lu pas au niveau d’une tesla, je comprends pas le rapport entre un concept et une marque élu voiture à problème numéro un dans le monde, ensuite oui j’aime le thermique, je suis pilote rouleur essayeur, et donc je roule actuellement des VE, et sincèrement ça évolue vite! Encore une fois un concept génial, cette Renault 5 Turbo 3E, juste pour info les turbos 1 ou 2 dépassait pas les 200 km/h à moins de lui monter une boîte de Renault 30. Elles ont toujours été des voitures qui envoient, pas des championnes de vitesse. ??
Alain 65 Le 25/03/2023 - 14:14
IMPRESSIONNANT ! Et dire que RENAULT en a gardé encore bien plus sous le pied, comme ils savent faire ! ! ! Les Tesla et autres ont de quoi rougir avec leurs tristes et modestes prestations (pas d'après vente, rappels multiples, fiabilité répugnante, etc., etc., ....). Il faut dire que je me suis débarrassé de ma Tesla Model 3 Performance PUP après 1 an et demi après des déconvenues répétées avec seulement 17500 km !
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