Sécurité routière, le ministre met la pression
Devoir « souffler dans le ballon » pour pouvoir mettre le contact ? Le ministre des Transports, Gilles de Robien, en rêve ! Dans une interview accordée au Journal du dimanche, il a lancé un « appel » aux constructeurs afin qu'ils intègrent des éthylotests antidémarrages à leurs véhicules. Grâce à ce système, si le conducteur dépasse le taux légal d'alcoolémie, soit 0,5 g/l de sang, sa voiture refuse de démarrer. Mais ce n'est pas tout : Gilles de Robien a également préconisé l'installation en série de limiteurs de vitesse. « Malheureusement, cela reste aujourd'hui une option. Les constructeurs devraient les installer en série », a-t-il indiqué, tout en précisant que « cela éviterait aux autorités de le rendre obligatoire, une idée sur laquelle nous avons commencé à travailler ». La menace de modification de la législation est à peine voilée. Il est vrai que cet équipement reste encore assez rare : il n'est livré que sur certaines Renault (couplé au régulateur), Citroën et Fiat.
Norme hors norme. Louis Schweitzer, le P-DG de la marque au losange, a aussitôt répliqué en se déclarant « un peu perplexe » devant la mise au point technique de l'éthylotest antidémarrage, qui pourrait créer « des problèmes en situation d'urgence. » Quant au limiteur de vitesse obligatoire, le patron de Renault a rappelé qu'un pays « ne peut pas imposer une norme qui n'est pas décidée au niveau européen ». Du côté des radars automatiques, Gilles de Robien a annoncé qu'il y aurait « 450 unités à la fin de 2004, et un millier en 2005 », dont une « bonne centaine » de radars mobiles. Ce qui représente un important retard par rapport au calendrier initialement prévu : la barre des mille radars automatiques aurait dû être franchie à la fin de l'année.
En août, le ministre avait reconnu à demi-mot (L'argus no 3942) que les versions automatiques n'avaient plus tout à fait l'efficacité escomptée...
Expérience controversée. Enfin, alors que des milliers de motards manifestaient le week-end dernier contre l'allumage des feux de croisement des voitures en plein jour, le ministre a confirmé que l'expérimentation aurait bien lieu. Nous serons donc incités - il n'y aura pas d'obligation - à allumer nos feux dès le 21 octobre. Selon Gilles de Robien, « le système a prouvé, là où il a été mis en oeuvre, qu'il permettait de sauver des vies ». Au dire du ministre, cette mesure sauverait « entre 300 et 500 vies par an ».
Une estimation fragile, vu le peu de recul statistique dont on dispose en la matière...