Tesla Model 3 Performance : l'essai complet de la version 2021
La Tesla Model 3 évolue plus en profondeur qu'il n'y paraît, et son prix s'inscrit en forte baisse. Embarquement pour un essai routier de sa version ultime, Performance, qui impressionne par sa docilité au quotidien et sa sportivité époustouflante.
La Tesla Model 3 Performance voit son prix baisser sous la barre des 60 000 € en 2021, lui permettant d'accéder au bonus de 3 000 €.
Adrien Cortesi
TESLA Model 3 Performance
- - Moteur : Electrique
- - Puissance: 482 ch
- - Lancement : Octobre 2020
- - A partir de 59 990 €
- - 3000 € de bonus.
- Voir la fiche technique
Chute des prix, accès au bonus écologique, équipement, retouches visuelles, autonomie et même accélérations en hausse : le best-seller de Tesla s’est bonifié ces derniers mois sur beaucoup de plans. Nous avons choisi d’en profiter pour prendre le volant de sa version haut de gamme, Performance, forte de sa grosse batterie et de ses deux moteurs en configuration la plus puissante, avec des freins et suspensions adaptés à la mesure des performances annoncées : canons ! Annonçant 3,3 s de 0 à 100 km/h et 261 km/h en pointe, elle peut en effet rivaliser sur le papier avec des références comme la BMW M3, tandis que son autonomie généreuse permet d’envisager des voyages à son bord. De belles promesses pour ce modèle ultrapolyvalent, souvent choisi comme première voiture du foyer. La Model 3 (toutes versions confondues) est même la berline familiale (4,69 m) la plus vendue en France et le premier modèle électrique au monde en 2020. Pas moins.

Prix Tesla Model 3 Performance 2021
La toute récente baisse de prix spectaculaire de la Model 3 bénéficie à la version Performance à hauteur de 6 000 €. Cela lui permet de passer tout juste sous la barre des 60 000 € (précisément 59 990 €) et de profiter d’un bonus écologique de 3 000 €, à condition toutefois de ne prendre aucune option de peinture et de se satisfaire d'une version forcément blanche avec intérieur noir. Mais il reste possible d'opter a posteriori pour le déblocage des fonctionnalités de l’Autopilot amélioré (pour le même prix qu’à la commande, 3 800 €, avec le bénéfice du bonus !), incluant la confortable assistance à la conduite sur autoroute avec changements de voie et sorties, parking automatique et manœuvres commandées depuis l’extérieur.
La capacité de conduite entièrement autonome avec reconnaissance et réaction aux feux de signalisation et aux panneaux stop (plus tard, assistance à la conduite en ville) est, elle, en revanche très dispensable au regard de la coquette somme demandée de 7 500 €. Pour le reste, l’équipement de série se montre particulièrement complet, ajoutant depuis peu une pompe à chaleur pour une meilleure gestion des basses températures, un coffre motorisé et des doubles vitrages, tandis que les mises à jour à distance restent une constante.


Autonomie et temps de recharge
Tesla ne communique pas la capacité de ses batteries, mais on peut parier sur 74 kWh utiles, ce qui donne à notre version Performance une généreuse autonomie de 567 km WLTP (+ 37 km depuis le lancement). Lors de notre essai avec des températures printanières, l’ordinateur de bord a calculé une valeur de 502 km avec une consommation de 16 kWh/100 km (dans un parcours en milieu urbain, voire en conduite tranquille sur route) et 375 km avec 21 kWh/100 km (moyenne mixte de l’essai). Il faudra compter un peu plus de 300 km sur autoroute à 130 km/h (24 kWh/100 km relevés). Des résultats de très bon niveau qui offrent un beau rayon d’action à cette Model 3. Elle bénéficie naturellement aussi de l’immense avantage que constitue l’accès au réseau de superchargeurs intégrés à la cartographie Google Maps du GPS, qui affiche maintenant en temps réel leur disponibilité. Ils sont intégrés au calcul de la route, la batterie étant préchauffée en chemin pour y optimiser la charge.

L’accès y est ultra simple et se fait sans carte. La borne et l’auto conversent, puis la charge commence automatiquement. À noter que la dernière génération de superchargeurs (V3, au nombre d'une quinzaine début 2021) permet une charge à 250 kW pour les modèles Performance et Grande Autonomie, sans être divisée par deux si une autre voiture s’y recharge comme pour les V2. Résultat : 20 minutes suffisent pour passer de 10 à 80 %. Comptez une vingtaine d'euros avec un prix au kilomwattheure qui a augmenté pour se fixer autour de 0,36 €. Le réseau comprend début 2021 en France 87 stations pour plus de 770 bornes majoritairement à 150 kW (une quinzaine sur autoroute) et plusieurs centaines pour la recharge à destination (22 kWh), dans des hôtels ou des restaurants.
En Europe, on compte 580 stations et 5 580 bornes dans 29 pays. La prise CCS de la Model 3 la rend aussi compatible avec la majorité des stations des autres réseaux. Et à domicile, même sur une simple prise 220 V, une nuit suffira à recouvrer près de la moitié de l’autonomie disponible. C’est d’ailleurs le cas de figure le plus commun et celui encouragé par Tesla en usage quotidien ; la « supercharge », plus onéreuse, étant davantage dédiée aux voyages et aux moments d’urgence.


Au volant
Conduire une Tesla Model 3 est une expérience assez unique. D’abord, cette version Performance est capable de laisser sur place bon nombre de grandes sportives au démarrage, avec ses accélérations canons servies par une motricité parfaite grâce à sa traction intégrale. Heureusement, le châssis est au diapason. Et, avec un centre de gravité bas, elle ne laisse pas deviner sa masse de 1,9 t parfaitement répartie à 48-52 %. La direction franche et précise (mais un peu lourde) contribue à sa grande agilité, tandis que la sensation au freinage est plutôt naturelle. Malgré les roues de 20”, les pneus taille basse et les suspensions (classiques) rabaissées, le niveau de confort surprend, même au passage de nids-de-poule ou de ralentisseurs cassants. Avec le freinage régénératif enclenché, la décélération est forte et facilement modulable jusqu’à l’arrêt complet, en douceur et en silence en l’absence de tout bruit moteur. Seuls les remontées de roulement et les bruits environnants restent un peu présents, malgré l’adoption de doubles vitrages latéraux avant.

La seconde évolution du mode Piste permet de pousser à volonté le côté déjà ludique et mobile de l’auto, jouant sur la répartition de puissance avant-arrière, la force de freinage régénératif et l’action de l’ESP. Autant dire que, sur circuit, il y a de quoi au choix privilégier l’efficacité maximum (comme nous l’avons testé sur le Nürburgring) ou s’amuser généreusement, contrôlant assez facilement les dérives générées par les presque 300 ch disponibles au train arrière, le système poussant à fond la capacité de refroidissement des batteries et des freins. À noter qu'un Track Pack avec des plaquettes et liquide de frein haute performance, des jantes légères et des Michelin Pilot Sport Cup 2 sera disponible courant 2021.

Il n’y pas de moyen de jouer sur la répartition de puissance et la force de régénération en dehors de ce mode qui sollicite plus l’auto et s'avère incompatible avec les aides à la conduite, si précieuses au quotidien. Retour donc à la normale, si tel est le mot pour décrire cette auto pas comme les autres. Un excellent régulateur de vitesse adaptatif est de série (attention, la vitesse affichée n’a pas de marge optimiste comme ailleurs), et l’écran de bord affiche l’environnement de l’auto avec les véhicules de tous types, les piétons, etc. Dans les bouchons, le système se montre à la fois d’une grande douceur et d’une haute réactivité. L’auto redémarre seule, même après un temps d’arrêt bien plus long que chez ses concurrentes.
Avec l’option Autopilot améliorée, le suivi de file se montre très efficace, mais on est automatiquement centré dans sa voie, ce qui peut être gênant pour laisser passer des motos. Avec l’option supérieure, l’auto est capable de s’arrêter seule aux feux et aux stops (pas encore actionné en ville). C’est au-delà de ce que proposent les concurrents. Mais pour l’Europe, en revanche, pas question pour l’instant d’envisager la fameuse (et polémique) conduite autonome Full Self Driving Beta ou les fonctionnalités de Valet Parking, qui conduisent automatiquement comme aux États-Unis. Tant mieux peut-être, car nous avons relevé en une semaine d’essais plusieurs hésitations ou fausses alertes qui montrent que, si mûr soit-il, le système n’est pas encore parfaitement au point pour passer à une étape supérieure sur nos routes.
Dans l’habitacle

L'immense tablette de 15” a vu son affichage évoluer un peu. Toujours aussi claire, instinctive et réactive, elle ne fait pas trop regretter l'absence de touches physiques. L'application blanche barrant la planche de bord de notre version n'est pas aussi valorisante que le bois présent de série.




Concurrence
À ce jour, la Model 3 ne compte pas de réelle concurrente, mais cette situation va changer d’ici à 2022. Son opposante la plus directe pourrait bien être la Polestar 2, forte de sa plate-forme CMA partagée avec Volvo et Geely (sa maison mère). Elle déploie en effet plus de 400 ch et 660 Nm grâce à ses deux moteurs et 470 km d’autonomie, pour environ 60 000 €. On attend aussi l’arrivée dans le jeu de la Mercedes-Benz EQE (même si son gabarit devrait être un peu plus grand), une rivale affichant jusqu’à 500 ch de puissance et environ 600 km d’autonomie.


Avec ses lignes spectaculaires, la Hyundai Ioniq 6 aura elle aussi une carte à jouer parmi les berlines électriques sportives du marché. L’i4 M50 xDrive de BMW figure également parmi les grands challengers de la Tesla avec 544 ch et 520 km d’autonomie. Mais à gabarit et performances proches de la Model 3, elle est affichée 71 650 € minimum soit 13 660 € bonus déduit. Une sacrée marche, même à ce niveau de gamme.