Tesla Semi (2023). Le poids lourd électrique enfin commercialisé aux États-Unis
Présenté il y a plus de cinq ans, le premier poids lourd Tesla devait être commercialisé en 2019. Il aura fallu attendre cette fin 2022 pour voir les premiers exemplaires livrés outre-Atlantique et découvrir les caractéristiques spectaculaires de ce camion électrique.
Plus de cinq ans ont passé entre la présentation du Tesla Semi en 2017 et la commercialisation effective de ce camion électrique fin 2022.
Tesla
« Je ne peux pas croire que c’était il y a cinq ans. » Cette petite phrase, Elon Musk l’a prononcée dès l’ouverture du « Semi delivery event », la conférence organisée pour célébrer les premières livraisons du Tesla Semi. Le patron de la marque américaine faisait ici référence au temps qui s’était écoulé entre la première présentation de son poids lourd et sa commercialisation effective. Un délai qui peut sembler interminable, alors que la production était censée démarrer en 2019. L’apparence de ce mastodonte n’a pourtant guère changé dans l’intervalle. Quelques petites évolutions sont bien visibles, comme l’arrivée de véritables rétroviseurs. Une obligation pour cette version américaine, première à être commercialisée, car les miroirs ne peuvent pas encore être remplacés par des caméras outre-Atlantique. Mais l’allure générale n’a pas bougé. Le Tesla Semi conserve ainsi une silhouette assez galbée et épurée, avec un faciès dépourvu de calandre. Il parvient de cette manière à évoquer les voitures du constructeur, à l’image des Model 3 ou Model Y, tout en se distinguant radicalement de ses concurrents. Y compris dans l’habitacle, quasi dépourvu de boutons. La plupart des fonctions se commandent grâce aux deux écrans tactiles de 15 pouces qui entourent le conducteur.

Malgré les cinq années qui se sont écoulées depuis sa présentation, le Tesla Semi n'a pas beaucoup évolué. Visuellement, il se démarque toujours autant de ses concurrents. Tesla

Le Tesla Semi de 2017 arborait un look déjà proche de la série, mais il remplaçait les rétroviseurs par des caméras, ce qui est interdit aux États-Unis. Tesla
Un Paris-Marseille sans recharger
Le look extérieur inhabituel de la cabine n’a rien de gratuit. Il permettrait aussi d’optimiser l'aérodynamique. Le constructeur affirme que son camion est dessiné « comme une balle d’arme à feu, pas comme un mur de grange ». Cela permettrait de consommer moins de 2 kWh par mile parcouru en moyenne, soit environ 124 kWh aux 100 km. Même si ce chiffre peut paraître énorme face à celui d'une voiture 100 % électrique classique, qui passe sous les 20 kWh aux 100 km sans problème, il doit être relativisé. On parle ici d’un engin capable de tracter 37 t, ce qui fait forcément s’envoler la consommation. Comme de coutume chez Tesla, la capacité de la batterie n’est pas communiquée. Mais elle suffirait pour permettre à ce Semi de parcourir jusqu’à 500 miles d’une seule traite avec son chargement, soit plus de 800 km. De quoi relier Paris à Marseille sans ravitailler.
Un simple calcul laisse ainsi penser que cet accumulateur dispose de près de 1 000 kWh d’énergie. Un nombre évidemment colossal quand on pense que rares sont les automobiles particulières à dépasser aujourd’hui les 100 kWh ! La version Long Courrier du concurrent Mercedes eActros se contente, elle, de 600 kWh, ce qui procure environ 500 km d’autonomie. Un rayon d’action qui pourrait toutefois être aussi porté à 800 km chez la marque à l’étoile grâce à un système de remorques électrifiées.
De nouveaux superchargers surpuissants
Une batterie aussi grosse ne pose pas seulement des problèmes de poids ou de fabrication. Le temps nécessaire pour la charger pourrait également devenir rédhibitoire. Tesla a donc développé une nouvelle version de ses fameux superchargers, la quatrième depuis les débuts de ce réseau de bornes rapides. Dotée d’un nouveau système de refroidissement pour garder des câbles de taille raisonnable, cette V4 annonce une puissance de charge allant jusqu’à 1 mégawatt, soit un million de watts. On est bien loin des 250 kW des superchargers V3. Pour comparer, les stations les plus puissantes en France plafonnent aujourd’hui à 360 kW. Le Semi serait ainsi capable de récupérer jusqu’à 70 % de son autonomie en 30 minutes. Elon Musk a profité de l’événement pour annoncer que son pick-up Cybertruck, une autre arlésienne, serait également doté d'une recharge en 1 000 V et compatible avec ces nouvelles bornes. En revanche, les modèles actuels sont très loin de pouvoir accepter une telle puissance de charge.
Un « éléphant transformé en guépard »
Tesla oblige, ce Semi se veut aussi rapide en ligne droite. Grâce à ses trois moteurs électriques, il promet une puissance trois fois supérieure à celle d’un poids lourd diesel classique ! Même avec la remorque chargée, le 0 à 96 km/h ne demanderait ainsi que 20 s, comme annoncé dès la présentation de 2017.
C’est comme un éléphant qui se déplacerait à la manière d’un guépard, s’amuse Elon Musk.
Mais c’est surtout la possibilité de perdre beaucoup moins de vitesse que d’habitude lors des fortes montées qui devrait intéresser les chauffeurs. L’absence de boîte de vitesses à gérer et le freinage régénératif assez puissant sont également des avantages face aux semi-remorques thermiques. Tout comme les coûts d’utilisation : en se basant sur les tarifs pratiqués en Californie, Tesla annonce pas moins de 200 000 $ d’économie en carburant sur les trois premières années. Suffisant pour faire oublier une facture d’achat assurément supérieure ? Difficile à savoir, car la marque n’a pas révélé le prix de son dernier gros bébé, dont la date d’arrivée en France demeure inconnue. Seules les entreprises Pepsi et sa filiale Frito-Lay, premières livrées outre-Atlantique, pourraient peut-être nous en dire plus.
Semi has a tri-motor system & carbon-sleeved rotors just like Plaid. 1 unit for efficiency, 2 acceleration units for torque pic.twitter.com/MDn4cj0jzO
— Tesla (@Tesla) December 2, 2022

Sous la cabine, on trouve trois moteurs électriques et une énorme batterie. Comme à son habitude, Tesla n'a pas divulgué leurs caractéristiques. Tesla

D'après Tesla, les poids lourds ne représentent que 1 % des véhicules aux États-Unis, mais 20 % des émissions de CO2 et même 36 % des rejets de particules fines. Tesla