Voiture moyenne 2018 : prix en baisse, mais consommation en hausse
Voiture moyenne 2018. Effet malus, repli du diesel : la Voiture moyenne de L'argus a revu tous ses critères à la baisse. Même son prix, pour la première fois depuis 2008, avec un recul de 682 €. Retour à la raison ? Pas tout à fait, sa consommation a grimpé...
Portrait-robot de la voiture moyenne neuve 2018
SuzyLee
Il faut se pincer pour y croire : le prix de la Voiture moyenne de France, établi depuis 1953 par L’argus, a baissé en 2018. Et pas qu’un peu : 682 € de moins qu’en 2017 (– 2,5 %), à 26 035 €. Compte tenu de l’inflation (+ 1,9 % en 2018), le recul est encore plus net, avec 1 198 € (-4,5 %) à euros constants.
Pour mesurer la portée de cette inflexion, il faut regarder loin en arrière. La Voiture moyenne de France est inscrite sur une pente haussière depuis que l’automobile est devenue objet de consommation de masse, c’est-à-dire à partir des années 1960. Une seule brisure dans cette ligne ascendante en 2008 : – 1 056 €, à 18 962 €. Mais cette baisse était artificielle, procédant d’une survente ponctuelle de petits modèles provoquée par deux mesures : le bonus débutant, donc généreux, et la prime à la casse allouée par le gouvernement pour soutenir un marché menacé par la crise financière. Le prix de la Voiture moyenne a repris sa course en avant dès 2009 (voir la courbe ci-après) et a continué ensuite chaque année à grimper. Jusqu’à 2018.

Logiquement, l’engouement des Français envers les SUV (809 000 ventes, contre 688 000 en 2017, soit 18 % de hausse) aurait dû faire monter la note. Un SUV coûte en effet plus cher qu’une berline de même taille. Alors pourquoi ce subit revirement ? L’explication tient en deux mots : diesel et malus.
Transfert des achats vers le bas
L’être humain n’est pas spontanément raisonnable, surtout en matière d’automobile, objet chargé de sens et de passion. Et réduire les tarifs ne relève pas de la culture naturelle des constructeurs. Le recul du prix de la Voiture moyenne 2018 procède donc d’une cause extérieure. Le gouvernement a mis du temps à inverser le mouvement, mais l’arme fiscale qu’il a utilisée à dessein, l’écotaxe, et surtout la crainte de son augmentation fin 2018 à la faveur des nouvelles mesures officielles de consommation, jointe aux menaces de bannir le diesel en ville, a fini par produire son effet.
Car à bien observer la Voiture Moyenne 2018, ce ne sont pas tant les prix de chaque segment qui ont reculé. Ils ont certes baissé dans les grands SUV, citadines, polyvalentes, familiales et petits SUV, mais ont augmenté dans les grandes routières, ludospaces et SUV compacts. La cause du repli est donc à chercher ailleurs : un transfert des achats vers des catégories qui sont un cran plus bas. Ou vers des modèles de moindre prix au sein d’un même segment, comme chez les grands SUV. Quand le client passe d’un BMW X5 à un X3, d’un Audi Q7 à un Q5, le prix n’est pas le même. Idem quand il décide qu’un petit SUV lui rendra peu ou prou les mêmes services qu’un SUV compact. Or il y a 9 000 € de différence entre les prix moyens de ces deux segments.
À ce transfert vers le bas, motivé par la crainte d’une flambée du malus, s’en est ajouté un autre. Dopées par la prime à la conversion (1 000 € en 2018, voire 2 000 pour les foyers non imposables), les ventes de petits modèles ont flambé : + 24 % pour les citadines, + 5 % pour les polyvalentes. Enfin, dernier facteur, la poursuite du reflux du diesel : 47 % des ventes en 2017, 38 % en 2018.
Le seuil du malus se rapproche…
Cette lame de fond a entraîné tous les autres paramètres de la Voiture moyenne 2018 à la baisse : puissance (– 3 ch), longueur (– 2 cm), poids (– 13 kg). Un reste affiché à la hausse, et pas celui que le gouvernement aurait souhaité : la consommation… La translation des choix du public vers le bas n’a en effet pas suffi à contrebalancer un triple phénomène : vogue des SUV, plus énergétivores que les berlines (poids, toit élevé), recul du diesel et adoption, en septembre, d’un mode de calcul officiel enfin plus réaliste que l’ancien. Dès lors, la Voiture moyenne 2018 consomme 4,7 l/100 km, soit 0,1 l de plus que celle de 2017.
Le malus n’en souffre pas trop, car le gouvernement, effrayé par les conséquences sociales d’une montée trop brusque de l’écotaxe due au nouveau calcul de la consommation, a prudemment opté pour une norme intermédiaire dite « corrélée WLTP », en attendant la vraie norme WLTP. L’émission de CO2 de la Voiture moyenne (113 g/km) n’a ainsi augmenté que de 2 g par rapport à 2017 et reste, pour l’instant, en deçà du seuil déclencheur du malus (117 g/km). Mais il faudra bien un jour que l’état aille au bout de ses propres décisions et impose la norme WLTP. Là, ça fera mal... à moins que le public ne revienne vers les berlines, plus sobres que les SUV. Pas acquis, à en juger les résultats actuels… l
Comment L’argus procède

Pour tracer le portrait de la Voiture moyenne de France, L’argus utilise la même méthode depuis… 1953.
Pour chacun des 300 premiers modèles vendus dans l’année (soit au total 2,160 millions de véhicules et 99,4 % du marché 2018), L’argus relève, moteur par moteur, carrosserie par carrosserie, finition par finition, transmission par transmission, quinze caractéristiques majeures : dimensions, poids, cylindrée, puissance, consommation, prix… En pondérant ces 300 modèles par le nombre de versions vendues, et en laissant tourner ses ordinateurs, L’argus obtient la fiche signalétique de la Voiture moyenne de France et peut la comparer avec celles des années précédentes. Cette même méthode, en regroupant les modèles par catégories (citadines, polyvalentes…), permet d’obtenir la Voiture moyenne de chaque segment. L’argus retient depuis 2015 les voitures électriques dans le calcul de la Voiture moyenne, sauf pour trois critères : cylindrée, consommation, rejet de CO2.
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