Plan totalement en incohérence avec la Stratégie Nationale Bas Carbone pourtant présentée par le même gouvernement.
Trajectoire proposée par la Stratégie Nationale Bas Carbone pour atteindre la neutralité carbone (458 MtCO2eq en 2015 avec la répartition des émissions de 2017) :
– transport : 30 % (qui intègre le transport de personnes) soit 137 Mt en valeur absolue – à atteindre 4 ("décarbonation complète (à l’exception du transport aérien domestique)") soit une division par 40 environ,
– agriculture : 19 % soit 87 Mt en valeur absolue – à atteindre 47 soit une division par 2 environ,
– bâtiment : 19 % soit 87 Mt en valeur absolue – à atteindre 0 ("décarbonation complète"),
– industrie (hors énergie) : 17 % soit 78 Mt en valeur absolue – à atteindre 15 soit une division par 5 environ,
– énergie : 12 % soit 55 Mt en valeur absolue – à atteindre 0 ("décarbonation complète"),
– déchets : 3 % soit 14 Mt en valeur absolue – à atteindre 5 soit une division par 3 environ,
– importations 421 Mt en valeur absolue – à atteindre 0.
Il est prévu aussi de "maximiser les puits de carbone ((séquestration dans les sols, la forêt et les produits bois)" via notamment "Diminuer l’artificialisation des sols" et "Développer le boisement".
Pour le transport, le bâtiment et l’énergie, la décarbonation complète impose de faire appel uniquement à des énergies renouvelables.
Cependant pour en arriver là, il faut les développer, ce qui a une incidence sur les importations et l’industrie dont il faut pourtant réduire les émissions à 0 pour la première et par 5 pour la seconde.
De même il n’est pas envisageable d’alimenter les bâtiments en énergie renouvelable sans auparavant réduire leur consommation donc en les rénovant thermiquement de manière performante, ce qui a une incidence sur les importations et l’industrie dont il faut pourtant réduire les émissions à 0 pour la première et par 5 pour la seconde, ainsi que sur les déchets dont il faut pourtant réduire les émissions par 3.
Il est à noter que nombre de bâtiments sont soumis au bruit des infrastructures routières et qu’à ce titre il faut prévoir des matériaux acoustiques plus émetteurs à la fabrication et que leur rafraîchissement nécessitera une climatisation avec émissions à la fabrication et consommation. Beau cercle vicieux là-aussi.
Il ne faut pas négliger non plus le confort d’été dans les bâtiments basses consommations. Il faut éviter le cercle vicieux de la climatisation. Donc à ce titre il est préférable de végétaliser les villes en privilégiant la végétation de hautes tiges, ce qui représente des puits de carbone, ce qui permet de gérer les problèmes des îlots de chaleur réduisant d’autant le besoin de rafraîchissement.
Il faut donc bien intégrer que cela nécessitera des changements importants, indiqués par exemple par :
- "Favoriser le report vers les modes de transport de personnes et de marchandises les moins émetteurs (transports en commun, train) et soutenir les modes actifs (vélo…)",
- "Diminuer l’artificialisation des sols",
- "Maîtriser la demande en énergie via l’efficacité énergétique et la sobriété".
Changer sa voiture thermique par une voiture électrique ne sera pas suffisant. C’est là qu’il y a une grosse incohérence de la part de nos politiques, ils écrivent la loi, la vote, en ayant normalement compris les tenants et les aboutissants mais ensuite ils ne sont pas courageux pour tenir les discours nécessaires.
Mais si ils procèdent comme cela, c’est qu’ils savent que leurs électeurs ne veulent pas entendre les discours qui fâchent, qu’ils préfèrent croire que des petits gestes seront suffisants.
Pour ma part, je suis persuadé que l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone au plus tard en 2050, a le plus de chance d’aboutir en mettant le paquet sur le poste le plus émetteur celui des transports et lui faisant atteindre son objectif de décarbonation complète le plus rapidement possible et ce sans augmenter les émissions du poste industrie. Dans le même temps, il faut s’attaquer au poste bâtiments en veillant à ne pas augmenter les émissions du poste industrie. Là on aura forcément fait baisser le poste énergie que l’on pourra faire évoluer vers la décarbonation complète. Idem avec l’agriculture vers son objectif final.