Le discours de Catherine Girard, expert leader en matières premières et énergie dans le groupe Renault montre toute l'incohérence des décisions de l'UE.
Analysons la Stratégie Nationale Bas Carbone ici : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/strategie...
et sa la trajectoire proposée pour atteindre la neutralité carbone (458 MtCO2eq en 2015 avec la répartition des émissions de 2017) :
– transport : 30 % (qui intègre le transport de personnes) soit 137 Mt en valeur absolue – à atteindre 4 ("décarbonation complète (à l’exception du transport aérien domestique)") soit une division par 40 environ,
– agriculture : 19 % soit 87 Mt en valeur absolue – à atteindre 47 soit une division par 2 environ,
– bâtiment : 19 % soit 87 Mt en valeur absolue – à atteindre 0 ("décarbonation complète"),
– industrie (hors énergie) : 17 % soit 78 Mt en valeur absolue – à atteindre 15 soit une division par 5 environ,
– énergie : 12 % soit 55 Mt en valeur absolue – à atteindre 0 ("décarbonation complète"),
– déchets : 3 % soit 14 Mt en valeur absolue – à atteindre 5 soit une division par 3 environ,
– importations 421 Mt en valeur absolue – à atteindre 0.
Une voiture intéresse 3 à 4 postes :
- le poste transport,
- le poste énergie,
- le poste industrie,
- éventuellement le poste importations.
Une voiture électrique en remplacement d’une voiture à essence permet :
- la décarbonation du poste transport,
- la réduction par 2 à 3 du poste énergie (en France) dont l’objectif est la décarbonation totale.
Mais qu’en est-il pour le poste industrie (avec un objectif de division par 5) et éventuellement le poste importation (avec une objectif de 0) ? Prenons un exemple où il existe les deux versions, la DS3 CB assemblée à Poissy :
- essence 110 ch - 1170 kg = 6 450 kg CO2e à la fabrication,
- électrique (60 kW en P2 du CI) = 1 525 kg dont 330 de batterie soit 6 570 kg CO2e pour la voiture sans batterie et 10 000 kg CO2e pour la batterie (production des cellules en Chine - 5 000 si production française) soit au total 2,5 fois plus que la version essence (1,8 fois plus avec une fabrication française de la batterie), mais autant dire que les transhumance en voiture cela va être compliqué,
Comme la voiture électrique augmente le poste industrie (et importations), pour atteindre l’objectif visé, il va falloir réduire le nombre de véhicules produits (en France tout en privilégiant une production locale). Les émissions de l’industrie devant être divisées par 5 et la voiture électrique émettant 1,8 fois plus, il faut donc une division par au moins 9 de la production de voitures.
On peut faire d'autres calculs :
- Citroën AMI : on arrive à une division par au moins 2,5, mais autant dire que les transhumance en voiture c'est fini,
- DS3 CB alimenté au biogaz (qui permet aussi la décarbonation des postes transport et énergie) : mais comme il faut diviser par 5 les émissions de l'industrie cela revient à dire qu'il faut donc une division par au moins 5 de la production de voitures.
Dans tous les cas, on arrive donc à l'obligation de réduire la production de voitures, donc in fine, la nécessité de se les partager.
A ce titre, la voiture électrique est-ce vraiment la solution la plus pertinente avec la problématique de la charge ?