Chez Renault et Stellantis, le moral des salariés est en berne
Selon les syndicats des groupes automobiles Renault et Stellantis, les incertitudes liées à la pénurie de puces, la baisse des ventes, la suppression de postes et la transition énergétique plombent le moral des salariés français, qui sont « loin d'être sortis du tunnel ».
Les syndicats de Renault et de Stellantis s'inquiètent des risques psycho-sociaux.
Certains salariés français de groupes industriels automobiles s'inquiètent pour leur avenir. Entre le Covid-19, la pénurie des semi-conducteurs, la baisse des ventes de voitures, les suppressions de postes et la transition vers les véhicules électriques chez Renault comme Stellantis, l'accumulation des incertitudes plombe le moral des effectifs en France écrit ainsi l'AFP. Ces derniers sont même « loin d'être sortis du tunnel », selon les dires des syndicats. « L'avenir à court terme est très imprévisible. Les salariés n'en voient pas le bout, ça génère beaucoup d'inquiétude, d'angoisse et de risques psycho-sociaux » s'alarme Christine Virassamy, déléguée syndicale centrale CFDT de Stellantis.
Du jamais-vu
Dans les usines touchées par le chômage partiel, les salariés ne savent s'ils travaillent que « la veille pour le lendemain », ajoute-t-elle. « Les constructeurs apprennent au tout dernier moment les semi-conducteurs dont ils vont disposer » a expliqué Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA, qui rassemble la filière automobile en France), sur BFM Business. Concernant le manque de composants électroniques, Frédéric Lemaytch, syndicaliste CFTC à l'usine Stellantis de Poissy (Yvelines), affirme aussi que « personne ne s'attendait à ce que ça prenne une ampleur pareille ». Et d'ajouter : « On arrête des équipes complètes. C'est du jamais-vu, et on est loin d'être sortis du tunnel. Il va falloir que les choses évoluent, sinon l'élastique va finir par craquer. »
En parallèle de cette crise conjoncturelle d'approvisionnement, le monde de l'industrie automobile doit faire face à une « phase structurelle très lourde de transformation à la fois de son produit et de son modèle » vers la neutralité carbone rappelle Bruno Azière, secrétaire national de la CFE-CGC Métallurgie, à l'AFP. Car la conception d'un moteur électrique nécessite « six ou sept fois moins de pièces que celle d'un moteur thermique », précise-t-on du côté de Gabriel Artero, président de cette fédération syndicale.
Christine Virassamy estime que les salariés sont inquiets à juste raison. Elle indique même que, chez Stellantis, « tous les sites sur activité thermique entendent tout le temps qu'ils vont disparaître » et que la direction renvoie au prochain « plan stratégique », attendu pour fin 2021 ou début 2022.
Le plan Renaulution fera-t-il des dégâts ?
Du côté de chez Renault, la nouvelle stratégie est connue depuis janvier. Le plan Renaulution prévoit en effet la baisse du nombre de véhicules produits, la hausse de la rentabilité et de nouveaux véhicules 100 % électriques. En septembre 2021, la négociation d'un accord social pour la période 2022/2024 en France a été entreprise entre les syndicats et la direction. Les négociations ont démarré.
Si la direction dit vouloir « développer ses activités à forte valeur ajoutée » dans l'Hexagone et y embaucher 2 500 personnes, dont 2 000 pour ses usines, elle veut aussi supprimer 1 600 postes dans l'ingénierie et 400 dans les fonctions support. Deux activités déjà frappées par 2 500 suppressions d'emplois dans le plan d'économies lancé au printemps 2020 par Renault, un groupe en difficulté avant la pandémie.
Au centre technique d'essais de moteurs de Lardy (Essonne), « du travail a été retiré, et des projets ont été supprimés. Il y a de très fortes incertitudes pour une partie des salariés. On est inquiet pour la santé de certains, qui ne vont vraiment pas bien » alerte Florent Grimaldi, délégué CGT du site. Ceux chargés de la mise au point « des derniers moteurs thermiques ou hybrides sont surchargés de travail », mais ils sont « sans perspectives » car la direction « ne sait pas leur garantir l'avenir ».
William Audoux, responsable CGT, signale que du côté de la production, malgré les embauches annoncées, « c'est très tendu » à l'usine de Cléon (Seine-Maritime), où le personnel a débrayé deux fois ce mois-ci à cause des négociations sociales en cours. Et à Sandouville (Seine-Maritime), l'usine a fermé vendredi « pour 15 jours d'affilée », alors que « les carnets de commandes sont remplis (...). Les salariés s'inquiètent », pointe Fabien Gloaguen, délégué FO. Quant aux intérimaires, qui « ne bénéficient pas » de l'accord sur le chômage partiel, « ils ne seront pas payés ».
(avec AFP)