CO2 : Volkswagen émet des doutes sur l'avenir des petites voitures
Jürgen Stackmann, en charge des ventes, du marketing et de l'après-vente de la marque Volkswagen, estime que les véhicules électriques constituent la seule variable pour atteindre les objectifs de CO2 et que les petits modèles d'entrée de gamme ne font plus partie de l'équation industrielle.
Jürgen Stackmann, membre du directoire de la marque Volkswagen en charge des ventes, du marketing et de l'après-vente dans le monde
DIETMAR THEIS
De passage au sein du siège du groupe Volkswagen à Roissy, Jürgen Stackmann, membre du directoire de la marque Volkswagen en charge des ventes, du marketing et de l’après-vente dans le monde, s’est exprimé sur les objectifs en matière de rejets de CO2 assignés aux constructeurs en Europe. « Sans les modèles électriques, nous n’avons aucun chance d’atteindre les objectifs, c’est la réalité », a-t-il ainsi résumé. Un discours qui va naturellement dans le sens des lourds investissements et développements mis en œuvre par Volkswagen en matière d’électrification ces dernières années, symbolisés notamment par l’usine allemande de Zwickau, spécialisée dans la fabrication de voitures électriques, et le lancement cet été de l’ID.3, suivie en fin d’année 2020 du SUV ID.4.
80 000 unités de l’ID.3 en 2020

La marque a livré plus de 70 000 véhicules électrifiés en 2019, contre 50 000 l’année précédente. Ses principaux marchés de vente étaient la Chine, la Norvège, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni. A l’échelle mondiale, Volkswagen a annoncé récemment un objectif d’un million de voitures électriques produites d’ici à fin 2023 et 1,5 million en 2025. En 2020, en Europe, elle se fixe pour objectif de doubler son mix de véhicules électrifiés, pour atteindre une part de 4% de ses ventes globales. Volkswagen entrevoit notamment un volume d’environ 80 000 unités pour ID.3 cette année. Jürgen Stackmann indique que 37 000 pré-commandes de l’ID.3 ont été enregistrées à ce stade et estime qu’entre 10% et 20% n’aboutiront pas à un achat définitif. Le site de production de Zwickau devrait afficher une capacité annuelle de 330 000 véhicules électriques par an.
Les petits modèles « sacrifiés » sur l’autel du CO2
Les clients européens s’inscriront-ils dans ce plan ambitieux ? Si le dirigeant allemand a affiché son optimisme sur le sujet, estimant que la problématique reposera davantage sur les capacités de production que sur la demande, il a aussi rappelé la complexité de jongler entre les objectifs européens, les réglementations en vigueur dans chaque pays et la demande du client final. « Notre plan n’est pas de demander aux distributeurs de réduire la vente des modèles les plus émetteurs de CO2 mais de continuer à commercialiser ce que les consommateurs veulent. Cela me paraît compliqué de dire à un client qui souhaite acquérir un modèle du segment A qu’il a besoin d’un véhicule du segment C ». Alors que les yeux sont braqués sur les émissions moyennes de CO2 pour éviter de payer des pénalités, Jürgen Stackmann a cependant admis que les petits modèles "bon marché", dotés de motorisation à essence, étaient devenus compliqué à maintenir pour les constructeurs automobiles sur le plan industriel et économique.