Constructeurs automobiles. Des nouveaux logos à gogo
Image. Une vague de nouveaux logos a déferlé dans le secteur automobile ces derniers mois. Que se cache-t-il derrière ces changements d'identité ? Pourquoi maintenant ? L'argus a tenté de comprendre la stratégie de renouvellement des emblèmes de Peugeot et de Renault. Deux approches différentes.
Peugeot a dévoilé son nouveau logo le 25 février dernier
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De la virgule pour Nike, en passant par la pomme croquée d’Apple, le crocodile de Lacoste ou le “M” de McDonald’s, les logos sont ancrés dans l’imaginaire collectif et donc nos habitudes de consommation, tant ils incarnent à eux seuls l’identité visuelle des marques auprès du public. Abstraits, mascottes ou pictogrammes, ce sont les premiers éléments distinctifs qu’un client voit ou se remémore. Il ne s’agit pas que de beaux visuels, mais ils fondent le socle de l’entreprise et sont porteurs de sens : activité, services, valeurs, style…
Il est donc important de faire le bon choix quant à sa création et même à son renouvellement. Si dans l’automobile, les constructeurs modifient rarement leur emblème, le secteur a tout de même connu son lot de changements à partir de 2020 pour les marques étrangères qui ont fait quelques ajustements (voir encadré), jusqu’à opérer une rupture en 2021 pour les françaises. L’une étant plus timide que l’autre.
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Un chantier titanesque

En parallèle des axes de travail, c’est à la révélation du prototype de la future Renault 5 Electric que se laissait alors entrevoir ce nouveau losange, stylisé à la manière de celui de Vasarely dans les années 1970. Notons que le premier losange est apparu en 1925 pour finalement ne plus jamais quitter le constructeur, lequel fêtera ses 100 ans en 2025. Une forme reconnaissable qui a connu quelques petites évolutions dont la dernière a eu lieu en 2015. Neuf réinterprétations au total, mais sans trop permettre le changement non plus. « La neuvième est la bonne !, affirme un porte-parole de Renault. Depuis le début, les réflexions ont toujours été engagées autour de ce sujet, cependant les dernières ont été un peu plus profondes. Luca de Meo est arrivé avec son plan Renaulution qui se devait aussi de porter une nouvelle identité visuelle en même temps que le traitement d’autres points stratégiques industriels ou commerciaux. Ce logo doit accompagner dans son ensemble et de toute sa force ce nouveau virage que le groupe est en train de prendre. Puisque quoi de mieux qu’un nouveau logo pour illustrer cette nouvelle ère ? »
Mais pourquoi rester discret ? Renault s’est contenté d’une communication sobre, peut-être pour ne pas attirer les foudres de certains : le groupe a accusé une perte historique de 8 milliards d’euros en 2020… « Au vu de l’état de santé de Renault, nous privilégions la discrétion dans l’idée d’échelonner le projet de façon mesurée et de ne pas en faire un show. Renaulution doit poser les jalons, les annonces étant plus importantes. Le changement de logo est la cerise sur le gâteau. »
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Le lion est mort, vive le lion !

Selon Thierry Lonziano, directeur marketing monde de Peugeot, la marque planchait sur cette nouvelle identité depuis plus de trois ans. « Il y a une dizaine d’années, Peugeot s’était engagé dans une logique de monter en gamme et de conquête client à l’international en privilégiant qualité, technologie et plaisir. Nous avons ressenti ce besoin pressant de préparer la marque au futur et de la projeter vers 2030, en confirmant cette stratégie d’une part et en la basculant vers l’électrification d’autre part. Nous voulons être acteur et s’ancrer dans la modernité tout en préservant notre héritage. Il nous fallait donc l’exprimer par un nouveau visage. Ce nouveau logo fait le lien entre une marque qui a 210 ans et qui se prépare pour les 210 prochaines années. Qualité d’exécution sans compromis, universalité et intemporalité, il s’agit du logo qu’on aurait toujours dû avoir. »
Contrairement à Renault qui a peu communiqué, Peugeot se devait absolument de s’accorder pleinement avec le lancement de la nouvelle 308 (et sa commercialisation en septembre 2021), porte-drapeau de la marque et chef de file du segment C, pour exprimer sa vision le plus rapidement possible.
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Simplicité ou audace ?

L’argus s’est également glissé dans les coulisses de la création du nouveau lion avec Mathieu Riou Chapman, le responsable de l’identité de Peugeot. « Nous avons voulu conserver le système héraldique, mais ne plus avoir le lion en pied afin de se focaliser sur sa tête, comme pour une photo d’identité. De plus, grâce à un cadrage serré on identifie mieux, de loin, un visage qu’une personne dans son ensemble. Nous voulons être compris de manière universelle. Si le décodage est facile en France, il demeure difficile à l’international ; ce nouveau logo va nous faciliter la tâche. Aujourd’hui le flat design est une tendance lourde. Après la vague de la 3D, nous revenons à des formes affinées. Nous avons pris beaucoup de hauteur et une orientation digitale naturelle. Mais il ne fallait pas perdre le caractère et la force de notre emblème par une pure abstraction. Notre objectif a été de prendre du recul et de ne pas suivre bêtement la tendance qui n’aurait conduit qu’à injecter un vernis de modernité. »
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Un nouveau départ pour Renault

Il est entré de plein fouet dans la séduction et leur offre ainsi un bijou comme l’avance Thierry Lonziano. « Nous voulons plaire au plus grand nombre, satisfaire notre clientèle fidèle et en conquérir une nouvelle, et nous voulons détonner dans un moment où beaucoup de constructeurs font le choix de logos minimalistes. Nous assumons pleinement notre différence et notre personnalité. Ce logo définit bien nos valeurs ». Le porte-parole de Renault assure quant à lui, que ce logo va « marquer le temps. C’est celui du Renault technologique, il est plus moderne, plus vibrant et il va donc porter tous ces changements en interne comme à l’extérieur de l’entreprise ».
Les logos en concession

À fin 2019, Renault comptait plus de 10 800 sites dans le monde (réseau primaire et secondaire). « Nous n’avons pas encore chiffré l’investissement, mais nous travaillons sur une solution abordable et intelligible pour les concessionnaires qui souhaitent se mettre aux normes », ajoute le porte-parole.
Peugeot est bien plus pressé : à partir d’aujourd’hui, tout véhicule sortant étrennera le lion revisité. La mise à jour du réseau concerne 100 % du réseau français primaire et une partie du réseau agent d’ici 2021, tout comme l’Europe. Pour le reste du monde, elle sera actée d’ici à 2022 ou 2023 selon les dates de lancement de la nouvelle 308. Notons qu’il y a déjà 25 sites convertis en avril dont 2 en France, près de Montargis et de Dijon. Peugeot dénombre au total 7 300 sites au niveau mondial, dont 5 400 en Europe, tous réseaux confondus. « Les sites équipés permettent d’officialiser le déploiement et de se rendre compte physiquement du changement. Les concessionnaires vont pouvoir adapter leurs affaires. Mais ils sont déjà tous impatients, voulant être à tout prix les premiers à adhérer au nouveau concept. Nous sommes contents de cette adhésion complète, ils sont conscients de la valeur que ça va leur apporter en termes d’images et les coûts sont très raisonnables dans ce contexte de marché actuel. Nous avons travaillé pour qu’il n’y ait pas d’inflation, ce sont exactement les mêmes que ceux du lion actuel. Et côté produit, quand c’est conçu dès le départ et intégré dans le cahier des charges du véhicule, finalement cela ne coûte pas plus cher d’avoir un nouveau logo. Si on devait travailler sur des véhicules existants ce serait une autre histoire et techniquement pas forcément faisable ».
