Contrat Stellantis. Le nombre d'investisseurs va diminuer de 15 à 20%
Résilié il y a un an, le réseau de distribution du groupe Stellantis devrait signer le nouveau contrat d'agent commissionnaire fin 2022, début 2023. A travers ce nouveau modèle, le constructeur anticipe une réduction de 25 à 30% des mètres carrés et du nombre de points de vente à horizon 2026.
Dans un an, les marques Peugeot et Citroën seront commercialisées par un même investisseur dans plus de la moitié des villes françaises.
Plus d’un an après la résiliation des contrats de vente et de distribution de services des marques du groupe Stellantis, le constructeur a souhaité faire le point et clarifier la situation au sujet des futurs contrats. Passés les premiers mois d’incompréhension et de tension, les distributeurs des marques ont commencé à être impliqués fin 2021 dans le chantier de construction des « nouveaux modes de fonctionnement opérationnels ». Stellantis rapporte que plus de 200 collaborateurs des différents réseaux de distribution ont été intégrés dans des groupes de travail, sur des sujets relatifs aux approvisionnements, aux stocks, aux reprises, à la facturation… « Il y a eu beaucoup d’interprétation sur notre volonté de disrupter ou de commercialiser des voitures sans les distributeurs. Or, nous voulons mener cette transformation avec le réseau, assure Guillaume Couzy, responsable de Stellantis pour la France. Le réseau est dans un état d’esprit bien différent de celui dans lequel il était il y a un an parce que nous avons globalement été au rendez-vous des engagements que nous avons annoncés, parce que nous avons travaillé de façon collaborative sur les processus et de façon consultative sur les contrats et le business model. La relation est assez apaisée et constructive ».
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Une ébauche du contrat remise bientôt aux membres du réseau

« Le modèle de distribution sélective actuel n’est plus possible du fait de notre part de marché supérieure à 40% dans la vente de véhicules utilitaires », explique Guillaume Couzy. Dès juin 2023, le nouveau modèle d'agent commissionnaire sera effectif pour la vente des voitures des marques DS, Alfa Romeo et la gamme de véhicules utilitaires. Les nouveaux contrats encadreront la vente de l’ensemble des marques et des modèles du groupe Stellantis à compter de 2026. « Nous souhaitons tester ce nouveau modèle grandeur nature sur une partie significative de notre activité avant de le mettre en œuvre sur l’ensemble du périmètre trois ans après », explique le dirigeant.
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Facturations et commissions
Dans le cadre de ce contrat d’agent commissionnaire (ou « retailer »), les distributeurs continuent de facturer les clients et de « conserver le chiffre d’affaires ». Ils sont également rémunérés dans le cadre de commissions sur les « services rendus » dans le processus d’achat, à savoir les essais, les livraisons, les commandes… auxquelles peuvent venir s’ajouter des rémunérations variables liées à la qualité de service et à la performance. Le niveau de la commission n’a pas encore été fixé (il devrait se situer en moyenne autour de 5%) mais sera vraisemblablement supérieur pour les marques premium par rapport aux généralistes. « Les réseaux de distribution automobile dégagent des rentabilités qui se situent en moyenne autour de 1%, selon les marques. Nous voulons montrer à nos réseaux que nous souhaitons à travers ce nouveau modèle maintenir un niveau de rentabilité assez proche de celui que nous connaissons aujourd’hui, mais avec moins d’incertitudes, car les risques seront moindre de leur côté, et avec davantage de rémunérations fixes par l’intermédiaire de commissions et moins de rémunération variables », détaille l’ancien directeur général de Peugeot France.
La diminution des risques liés à la vente (stock, transport…) et aux investissement spécifiques (publicité, formation, identité visuelle, équipements…) constituent deux avantages en faveur des distributeurs, selon Stellantis. Dans le cadre du nouveau contrat, ces coûts, non négligeables, seront donc supportés par le constructeur. « L’intérêt financier pour nous est loin d’être évident, répond Guillaume Couzy. L’enjeu est évidemment de réduire les coûts de distribution pour l’ensemble de la chaîne de valeur ».
80% des opérateurs multimarques dans un an

Quelles seront les répercussions de ce changement de distribution pour les réseaux des marques du groupe Stellantis ? Certaines sont déjà visibles depuis un an à travers les opérations de cessions et de rachats, qui devraient se poursuivre dans les prochains mois. A travers cette transformation, le constructeur entend accélérer l’optimisation des réseaux, augmenter leur chiffre d’affaires à travers l’apport de nouvelles marques et abaisser les coûts fixes. « Avec ce modèle d’agent commissionnaire, nous ne remettons pas en cause le fonds de commerce du distributeur, c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi cette approche », affirme le dirigeant. Dans un an, Stellantis annonce que plus de 80% des opérateurs seront multimarques. Les groupes qui distribueront à la fois les marques ex-FCA et ex-PSA représenteront plus de 50 % des volumes. Par ailleurs, dans plus de la moitié des villes couvertes en France, les marques Peugeot et Citroën seront commercialisées par le même investisseur. « Tous ces changements n’entraineront pas de baisse de notre maillage ou des points de contact avec les clients », promet Guillaume Couzy.
L’empreinte immobilière sera en revanche réduite, de l’ordre de 25 à 30% des mètres carrés et du nombre de sites à horizon 2026. Le constructeur informe qu’il travaille sur différents scénarios afin de mutualiser la représentation des marques, comme des « cluster premium » rassemblant DS, Alfa Romeo et Lancia, ou encore le rapprochement de marques répondant à une clientèle et des tranches de prix distincts.A LIRE. Stellantis entame l'intégration des marques dans un showroom commun
Entre 15 et 20% du réseau n'adhère pas à la transformation
Stellantis table sur environ 200 investisseurs d’ici à fin 2023, soit une contraction de 15 à 20 % par rapport à il y a trois ou quatre ans. « La mise en œuvre de ce projet implique sur la période de 2021 à 2023 un certain nombre de négociations avec nos investisseurs qui accélèrent la transformation et la concentration. Une grande partie d’entre eux se projette dans l’avenir et souhaite profiter des opportunités, tandis que d’autres, soit entre 15 et 20% du réseau, n’adhèrent pas à cette transformation et vont céder leurs affaires », détaille le responsable de Stellantis France. Il convient de rappeler que le constructeur n’a pas adressé de lettres d’intention à certains membres de son réseau pour poursuivre le partenariat, et ce sur des critères de performance, assure-t-il.