Contrats Stellantis. « Moins d'inquiétude dans le réseau Peugeot »
habillage
banniere_haut

Contrats Stellantis. « Moins d'inquiétude dans le réseau Peugeot »

Le dirigeant d'un grand groupe de distribution automobile, qui représente les panneaux Peugeot, Citroën et Opel, s'exprime suite à l'annonce de Stellantis de résilier les contrats des réseaux de concessionnaires et d'agents en Europe en 2021.

Publié le Mis à jour le

Les distributeurs et agents Peugeot, qui doivent transformer leurs concessions pour adopter la nouvelle identité de la marque, vont se voir résilier leurs contrats de distribution en juin 2021

Au début de l'échange, ce patron d'un grand groupe de distribution automobile était d'accord pour que son nom soit cité dans un article. Après réflexion, considérant que « la période est compliquée et qu'il est préférable de ne pas trop s'exposer », il nous a demandé que ses propos restes anonymes. Il livre un regard lucide et assez direct sur les changements en cours et à venir dans les réseaux des marques du groupe Stellantis.

À LIRE. Stellantis. Les réseaux de distribution des marques seront résiliés

« Nous savions que les contrats de distribution allaient changer »


« Nous ne pouvons pas dire que nous avons été pris de court. Nous savions que les contrats de distribution allaient changer et cela fait déjà quelque temps que Carlos Tavares annonce ici et là que le coût de la distribution, qu’il estime à 30 %, est trop important pour les constructeurs. Il y a moins d’inquiétude chez Peugeot que dans les réseaux Citroën et Opel. Déjà, nous ne sommes plus beaucoup d’investisseurs dans le réseau (68). Celui-ci est mature, solide financièrement, il a des fonds propres et gagne des parts de marché tous les ans. Demain, nous pouvons intégrer sans bouleversement dans nos structures les marques Opel ou FCA. Ce n’est pas compliqué de libérer des mètres carrés aujourd’hui car nous en avons trop. De plus, c’est Guillaume Couzy qui est à la barre de Stellantis pour la France et ce dernier a une bonne maîtrise des réseaux PSA. Enfin, tous les agents de marque seront aussi résiliés alors qu'il est demandé dans le même temps à ceux du réseau Peugeot d’investir pour mettre à l’image leur garage ».


« 1+1 ne fait pas deux »

Comme d’autres opérateurs, le dirigeant anticipe une accélération inévitable des rapprochements entre les opérateurs des marques du groupe Stellantis.

Au total, le réseau FCA dénombre 365 points de vente en France en 2020 (filiales, agents, points relais inclus). Il s'appuie sur 82 investisseurs.
« En Europe, un peu comme pour les usines de Stellantis, il y a trop de concessions et d’investisseurs. À l’avenir, Stellantis souhaite disposer de 2 à 3 interlocuteurs par département ou par région, pas plus. Il y aura des opportunités pour certains. Le concessionnaire qui ne se verra pas renouveler son contrat mais qui souhaite poursuivre dans l’automobile va aller chercher un autre panneau, et cela va faire le jeu des marques chinoises. Aujourd’hui, le groupe qui détient le contrat de pièces de rechange Distrigo est celui qui aura le plus de chance d'être encore là dans dix ans. Opel a perdu les pièces et Fiat va les perdre à son tour, résultat ils gagnent moins d'argent. Dans les deux marques, il ne restera peut-être plus qu’un tiers des opérateurs historiques. Le groupe Stellantis a pour ambition de peser 40 % du marché automobile. Aujourd’hui, il se situe à 36 % et je pense qu'il sera à 30 % dans quelques années. Quand Peugeot et Talbot ont fusionné (en 1978), la première pesait 16 % du marché et la seconde 8 %. L’addition des deux marques a fait au final… 16 %. Ensuite, PSA a intégré Opel, qui faisait entre 3 et 3,5 % du marché et visait 5 %. Aujourd’hui, la marque pèse tout juste plus de 2 % des immatriculations. Conclusion : 1+1 ne fait pas deux ». 

« Les ventes en ligne lancées par Peugeot ne marchent pas du tout »

Parmi les raisons qui justifient la résiliation des contrats de distribution, Stellantis avance notamment « les comportements d’achat omni-canaux, y compris l’expérience de la vente en ligne, qui ont modifié les habitudes d'achat des clients ainsi que leurs modes de consommation ». Sur ce point, le patron de groupe émet quelques réserves.

« Il faut savoir que les ventes en ligne lancées par Peugeot l’an passé ne marchent pas du tout. D’une part, le constructeur n’est pas bien organisé sur le sujet, d’autre part, le client en dehors de Paris n’est pas encore prêt à acquérir une voiture sur Internet. Nous sommes dirigés par des dirigeants qui sont basés à Paris et qui devraient descendre un peu plus souvent dans les concessions en Province. La Citroën Ami ne devait pas être distribuée dans les réseaux au départ. Heureusement que les concessionnaires sont là aujourd’hui pour gérer les nombreuses campagnes de rappel sur la voiture et assurer le service après-vente ».

À LIRE. Citroën Ami. Une grande majorité de ventes en ligne
Tags