De l'importance des experts pour endiguer les fraudes
Dans le cadre de son 10e congrès, l'Alliance nationale des experts en automobile est revenue sur le rôle et la nécessaire impartialité des experts dans un contexte où les fraudes ne cessent de grimper.
CLEMENT CHOULOT
Il y a quelques jours, l'Alliance nationale des experts en automobile (ANEA) a annoncé son intention de se porter partie civile dans le procès des 5 000 VO indûment remis en circulation. Celui-ci se tiendra la semaine prochaine. Comparaitront les garagistes ainsi que les trois experts qui avaient été interpellés en Île-de-France l’été dernier pour avoir maquillés en voitures d'occasion des véhicules gravement endommagés. Il est notamment reproché aux experts d’avoir délivré pendant au moins trois ans des certificats de complaisance permettant la remise en circulation de véhicules, sans même les avoir examinés.
Inévitablement, ce sujet a largement alimenté les discussions du congrès annuel de l’ANEA, qui s’est tenu ce vendredi 18 mars. Comme un symbole, le thème choisi était le suivant : « L’expert en automobile, un sachant impartial plus que jamais utile et nécessaire ». Une impartialité qui s’impose dans un marché automobile toujours plus confronté aux fraudes, de toute nature et surtout de plus en plus sophistiquées.
L’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (ALFA) rapporte que 26 975 dossiers relatifs à l’automobile ont été relevés en 2014 en France, soit une économie réalisée de 101 millions d’euros. Principale fraude constatée : les vrais/faux accidents de stationnement (sans tiers identifiés), visant à faire passer une manœuvre ratée en un choc causé par un autre conducteur (48 % des cas). Viennent ensuite les vols (12%), les sinistres matériels (11 %) ou encore les bris de glace (4 %). L’agence rapporte que près de trois quart de ces fraudes ont été démantelées par des experts automobiles, loin devant les gestionnaires et les collaborateurs des compagnies d’assurance (17 %).
La fraude au compteur coûte cher
De son côté, l’Automobile club association (ACA) révèle que 3 000 dossiers ont été traités par son service juridique l’an passé, dont plus de 50 % concernaient des contestations relatives aux infractions du code de la route et au permis à points. Les autres dossiers enregistrés portaient sur l’application des garanties contractuelles, le vice-caché, le respect des délais de livraison, la délivrance du certificat du véhicule ou encore les fraudes aux kilomètres. Ce dernier cas continue d’alerter les associations automobiles mais aussi les pouvoirs publics. L’Automobile club association rapporte que 280 000 à 625 000 fraudes au compteur kilométrique, en moyenne, sont dénombrées chaque année sur le marché français, soit un coût estimé de 488 millions d’euros. Selon l’association, ces fraudes couvrent entre 5 à 12 % des ventes de voitures d’occasion en Europe. Dans le cadre d’une transaction, le fraudeur gagnerait en moyenne entre 3 000 et 4 000 euros par véhicule.