Fin du thermique en 2035. Une aubaine pour les constructeurs chinois ?
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Fin du thermique en 2035. Une aubaine pour les constructeurs chinois ?

Mobilians considère que l'interdiction de vendre des voitures neuves équipées de moteurs thermiques à compter de 2035, approuvée par les députés européens, renforcera les inégalités sociales en matière de mobilité et fragilisera la souveraineté économique européenne au profit des acteurs chinois.

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Si le règlement européen est définitivement adopté, courant juillet, seules les voitures neuves 100 % électriques pourront encore être vendues en Europe

Les organisations professionnelles automobiles ont vivement réagi au vote des députés européens en faveur de l’interdiction de la vente de voitures à essence et diesel neuves, hybrides comprises, en 2035 dans l’Union européenne. Ce texte, qui prévoit une baisse de 100 % des émissions de CO2 pour les voitures neuves et pour les véhicules utilitaires en 2035, induit donc la fin des ventes de véhicules hybrides rechargeables à cette même date, ainsi que celle des moteurs E85, GPL et GNV. Mobilians, au même titre que la PFA, déplore ce « choix unique » en faveur de la motorisation électrique.

Les voitures hybrides, même rechargeables, seront interdites en 2035 si la mesure entre en vigueur.
« L’Europe sera le seul continent à s’imposer une stratégique unique et un carcan au lieu d’opter pour une transition progressive, qui serait pourtant plus soutenable, tant pour les usagers eux-mêmes que pour les acteurs de la filière, soulève l’organisation. Il est dommageable que le Parlement européen n’ait pas considéré que ce texte pouvait être un outil de transformation historique du secteur en diversifiant les énergies tout en permettant d’accroître la souveraineté de nos États européens. » La possibilité d’intégrer des carburants de synthèse dans le mix énergétique a été rejetée lors des débats parlementaires. « Une solution pourtant vertueuse sur le plan environnemental, juge Mobilians. Une telle alternative serait industriellement crédible et permettrait de s’appuyer sur un réseau de distribution existant, sans nécessiter de recréer un réseau d’infrastructures de recharge. »

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Un choix qui renforcera les inégalités sociales

L’organisation professionnelle n’hésite pas à parler d’un « tournant historique » et d’une « décision lourde de conséquences, qui aura un coût important pour la collectivité et un impact sans précédent sur la filière automobile et les usagers ». Elle considère que le choix du tout-électrique renforcera les inégalités sociales en matière de mobilité et mettra à mal la souveraineté économique de l’Union européenne.

« C’est aussi le choix d’une mobilité réservée aux plus aisés. Les véhicules électriques sont significativement plus onéreux que leurs équivalents thermiques malgré une politique de subventions, et la parité des prix entre véhicules électriques et véhicules thermiques ne sera pas atteinte avant plusieurs années. La forte augmentation du prix de l’électricité – multiplié par plus de 4,5 entre juillet 2020 et juillet 2021, donc avant la crise russo-ukrainienne – et des matières premières “ conventionnelles ” comme l’aluminium, devrait rendre encore plus insoutenable la facture. Le coût d’une telle réglementation pour la collectivité sera extrêmement élevé », prévient Mobilians.

La menace des constructeurs chinois

La marque MG Motor appartient au groupe chinois SAIC, lui-même groupe automobile d'État.

Avant l’échéance de 2035, de premiers objectifs intermédiaires ont été fixés sur les niveaux de CO2 des véhicules neufs vendus dans l’Union européenne : – 20 % pour les VP et – 15 % pour les VUL dès 2025 ; – 55 % pour les VP et – 50 % pour les VUL en 2030. « Ces échéances ne reposent sur aucune évaluation de la faisabilité technique dans un calendrier aussi resserré. Dès lors, il est difficile de ne pas craindre une déstabilisation complète de l’ensemble de la filière, fragilisant d’autant la souveraineté économique européenne au profit des nouveaux acteurs chinois massivement subventionnés – en fermant les yeux sur les conditions de production de ces véhicules et le bilan carbone de véhicules “ propres ” parcourant des dizaines de milliers de kilomètres », soulève Mobilians, qui juge primordiale la mise en œuvre d’un plan d’accompagnement et de transformation de la filière. Celle-ci permettrait « d’éviter de tirer un trait sur l’un des derniers secteurs d’excellence en Europe, ce qui aggraverait par là-même notre déficit commercial ». L'organisation considère que le « Fonds pour une transition juste » prévu pour 2021-2027 par l’Union européenne (17,5 milliards d’euros sur sept ans, dont moins de 1 milliard pour la France) « ne constituera pas une réponse suffisante au plan de transformation de la filière. Il est urgent que l’Europe se dote de dispositifs financiers à la hauteur des enjeux et d’un plan de transformation global : transition des activités – à commencer par la distribution d’énergie –, évolution des compétences des salariés, transformation de l’outil industriel et serviciel, accélération du déploiement de bornes de recharge dans tous les territoires… Ces nombreux chantiers, d’une ampleur inédite, devront être menés de front pour être à la hauteur de ces enjeux ».

Le règlement européen, après décision du Parlement européen, sera ensuite examiné par le Conseil de l’Union européenne. Celui-ci devrait adopter sa position à la fin du mois de juin, avant qu'un consensus ne soit recherché courant juillet entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil.

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