Fin du thermique, Euro 7… Les constructeurs automobiles face aux atermoiements de l’UE
Depuis fin février, l’incertitude plane au-dessus des constructeurs automobiles présents en Europe. Alors que se profilaient une interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs à partir de 2035 et l’introduction d’une sévère norme Euro 7 entretemps, tout semble remis en question.
L'indécision politique pourrait avoir de lourdes conséquences sur les constructeurs automobiles européens, qui investissent massivement dans l'électrique.
Wildrif Veris - L'argus
Le temps politique se montre rarement compatible avec les impératifs industriels. Sauf que, cette fois, des décisions stratégiques et des milliards d’euros d’investissements sont en jeu. La survie de certaines entreprises l’est également.
Alors que l’Union européenne s’orientait vers une interdiction de la vente des véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035, mais aussi vers l’introduction d’une sévère norme antipollution Euro 7 entretemps, les constructeurs automobiles ont tous revu leurs plans et multiplié les investissements pour s’adapter. Mais depuis fin février 2023 tout semble remis en question, et l’incertitude plane.
Une position claire est « indispensable »
D’abord, le vote final actant la mort des moteurs à combustion, qui devait se tenir initialement le 28 février, a été reporté sine die à la suite du changement de position de l’Allemagne. Nos voisins d’outre-Rhin, attachés à la neutralité technologique permettant de laisser la porte ouverte aux carburants synthétiques, se sont ainsi joints à l’Italie, à la Pologne et à la Bulgarie, également opposées à l’interdiction des véhicules à moteur thermique en Europe en 2035. Regrettant un blocage de « l’avancée des discussions », Mobilians estime que « l’absence d’accord provoque incompréhension et manque de visibilité pour l’ensemble de la filière ».
En conséquence, le syndicat professionnel français appelle à « fixer un cadre réglementaire clair, au regard de la vitesse des investissements exigés de la part des acteurs de la filière, et à étudier une ouverture à des solutions alternatives à court terme, alors que la clause de revoyure en 2026 semble très tardive ». Mobilians doit participer, le 21 mars, à une réunion d’échanges entre le ministre Bruno Le Maire et les acteurs de la filière automobile. Le syndicat affirme en effet qu’une « position claire de la France est indispensable ». Sur la même longueur d’onde, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) réclame « une résolution de l’impasse actuelle ». Ceci, alors que « la transformation fondamentale de l'industrie automobile européenne nécessite une sécurité de planification ».
Euro 7 en question
En parallèle, les ministres des Transports de huit pays européens ont exprimé quelques jours plus tard leurs inquiétudes face au projet de norme antipollution Euro 7. Ce dernier est en effet jugé par les constructeurs comme contre-productif puisqu’il nécessiterait de lourds investissements, soit autant d’argent qui ne serait pas fléché vers l’électrique. Lors d’un point presse organisé lundi 13 mars, le ministre tchèque Martin Kupka a fait état de sa position, ainsi que de celle de ses homologues de sept autres pays (Allemagne, Pologne, Italie, Slovaquie, Roumanie, Portugal et Hongrie).
« Nous nous opposons à la proposition à cause de ses conséquences négatives pour l’industrie et nous demandons à la Commission de la modifier » a-t-il déclaré à l’AFP, évoquant également une disposition « irréaliste et contre-productive ». Ils adoptent en cela la même position que de nombreux constructeurs, qui craignent un trop fort renchérissement des prix des véhicules mettant à mal un marché européen déjà compliqué.