Fusion FCA-PSA : les chiffres clés et les principaux chantiers
Après un premier tour de table infructueux, FCA et PSA ont repris contact, officialisant une démarche devant aboutir à une fusion « entre égaux ». Forcément stimulant, le chantier ne sera pour autant pas sans périls.
La répartition des ventes de FCA et PSA dans le monde au premier semestre 2019
Après l’échec des discussions avec Renault, Fiat Chrysler Automobiles a repris contact avec PSA et, cette fois, le rapprochement déjà envisagé début 2019 a de très grandes chances d’aboutir. En effet, le conseil de surveillance de PSA et le conseil d’administration de FCA ont rapidement indiqué dans un communiqué commun qu’ils étaient « convenus à l’unanimité d’œuvrer en vue d’une fusion à 50-50 des activités des deux groupes » : « Les deux conseils ont donné à leurs équipes respectives le mandat de finaliser les discussions et conclure un protocole d’entente (“memorandum of understanding”) dans les prochaines semaines. » Rien à voir, soit dit en passant, avec le communiqué de presse très détaillé rédigé par FCA lors de l’épisode Renault, document qui précisait les banques d’affaires en charge du montage financier et qui envisageait une extension de la fusion à l’échelle de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
Un montage complexe

Un duo John Elkann-Carlos Tavares

En volume de production, l’ensemble FCA-PSA se situerait de facto au quatrième rang mondial du secteur automobile, derrière Toyota, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et le groupe Volkswagen. FCA a vendu 4,8 millions de véhicules en 2018 et PSA, 3,9 millions, soit un total de 8,7 millions. Cet ensemble deviendrait aussi le numéro deux sur le marché européen, dominé par le groupe Volkswagen. Le chiffre d’affaires consolidé s’élèverait à près de 170 Mds€, le résultat opérationnel courant à plus de 11 Mds€, sur la base de résultats 2018 agrégés (hors Magneti Marelli et Faurecia), pour plus de 400 000 salariés.
Des réseaux américains pour Peugeot

Un portefeuille de marques étoffé
Par ailleurs, des arbitrages ou des développements communs seraient à envisager au gré d’un portefeuille de marques décliné comme suit, selon l’ordre alphabétique : Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram Trucks et Vauxhall. « Des projets peuvent rapidement être déployés au Brésil, où Fiat est très bien implantée, en Afrique du Nord, via PSA, en Russie et, bien entendu, en Asie, Chine en tête, où les deux groupes sont décrochés », évoque un consultant, en rappelant que Fiat et « ses marques européennes » doivent aussi stopper leur recul en… Europe.
Le nœud du haut de gamme
A première vue, les groupes semblent se marcher sur les pieds au niveau des produits, mais la situation est en fait plus nuancée. FCA a des positions fortes sur le segment A, où l’effet d’échelle devient indispensable, mais aussi sur les trucks américains (en fait, des gros pick-up), tandis que PSA brille dans le mainstream européen et peut faire valoir la plateforme CMP, qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle Punto, mais représenterait surtout un raccourci pour l’électrification.
L’équation du haut de gamme sera aussi à résoudre, car Jeep a progressé par le bas et les marques Alfa Romeo, Maserati ou DS n’ont pas été à la hauteur de leurs ambitions. « Pour le point de vue français, cette association permettrait aussi à PSA de ne pas être trop contraint, pour des raisons financières, sur sa variété et sa profondeur de gamme », glisse notre consultant.
Des faiblesses...
En schématisant, dans cette projection de fusion, on peut dire que la carte géographique est plus en faveur de PSA, qui apporte une contrepartie technologique. « Cependant, le chantier resterait pharaonique, souligne un expert, car les deux groupes ont d’importantes faiblesses. » FCA constitue un redoutable objet financier poli par feu Sergio Marchionne, mais cette efficacité s’est réalisée au détriment des plans produits. Par exemple, la marque Fiat n’a lancé que cinq des huit modèles qui étaient prévus dans son plan 2014-2018, un plan qui devait voir les volumes du groupe passer de 4,5 à 7 millions de véhicules. Las... Et que dire d’Alfa Romeo, voire de Maserati.... et pas les mieux-disants en R&D
En outre, aux Etats-Unis, la poule aux œufs d’or n’est pas éternelle, car FCA profite de modèles polluants exploitant des technologies anciennes. Le groupe a d’ailleurs dû s’acheter à prix d’or un accord avec Tesla pour ne pas exploser à l’aune des futures réglementations sur le CO2. « De même, PSA n’est pas le groupe le mieux placé dans l’optique des échéances CAFE et les déclarations parfois très agressives de Carlos Tavares sont là pour en témoigner », souligne un expert. D’une manière générale, les deux groupes ne sont pas les mieux-disants du secteur au niveau de la R&D. Enfin, l’opération implique d’harmoniser d’autres dossiers. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut citer la gouvernance de l’ensemble, car les cultures financières diffèrent. Les exigences et les usages actionnariaux d’Exor n’ont rien à voir avec ceux de PSA, groupe qui a l’un des plus faibles taux de distribution du secteur.Un volet social piégeux
