La France autorise le rétrofit électrique
La transition vers un parc automobile 100% électrique n'en est qu'à ses débuts malgré les efforts des constructeurs et des pouvoirs publics. La faute souvent à un coût trop élevé des véhicules électriques neufs. Le rétrofit apparaît alors comme une bonne alternative. Mais en quoi consiste-t-il ?
Transition-One
L'heure est à l'homologation
L’association Aire pour Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique porte ce projet et constitue le principal interlocuteur avec les constructeurs et les pouvoirs publics. Elle est constituée de onze entreprises dont Retrofutur, Transition One et IAN Mini, toutes spécialisées dans le rétrofit sous des angles différents (voitures anciennes, citadines, etc.). Son président Arnaud Pigounides, également fondateur de Retrofutur, n’attend que le feu vert du gouvernement afin de se lancer dans les homologations de véhicules. « Nous supposons que début mars nous aurons une signature du ministère et une parution au Journal Officiel. A partir de là nous (les entreprises de rétrofit NDLR) pourrons commencer à homologuer des véhicules, donc prendre des rendez-vous avec l’UTAC puis le CNRV pour certifier les véhicules sur lesquels nous avons déjà travaillés », a expliqué le président de l’association Aire. Précisions qu’une fois un modèle de véhicule homologué, l’entreprise de rétrofit peut en transformer autant qu’elle veut.
« Nous voulons faire du rétrofit quelque chose de très sérieux et de très sécurisé, c’est pourquoi nous prenons le temps de travailler sur chacun des modèles que nous allons faire homologuer », a-t-il ajouté. Ainsi, un véhicule rétrofité, entraînera une modification de la carte grise en électrique et une vignette Crit’Air zéro. Aymeric Lideau, secrétaire général de l’association Aire et fondateur de Transition-One s’enthousiaste : « on nous lève deux barrières, d’un côté on nous permet de ne plus demander l’autorisation à un constructeur avant de rétrofiter un de ses véhicules et de l’autre, nous ne sommes plus obligés d’homologuer le véhicule en entier après l’avoir rétrofité. En retour, on nous impose un challenge qui est d’utiliser des batteries ECE R100 rev2 quand les constructeurs sont sur des ECE R100 rev1. Ce sera une sorte de test grandeur nature de ces nouvelles batteries. »Le gouvernement marque ainsi sa volonté de voir la pratique du rétrofit se démocratiser en permettant aux rétrofiteurs de ne plus dépendre de l’aval des constructeurs. Toutefois, les installateurs devront tout de même respecter des normes comme le PTAC (Poids Total à Charge) par exemple.

Une prime est en discussion pour aider à développer la pratique
De plus, l’association a entrepris des discussions avec le ministère des Finances quant à la création d’une prime permettant de financer en partie le rétrofit d’un véhicule. « Nous savons que le secteur du rétrofit va bénéficier d’une prime mais nous n’en connaissons pas encore le montant » a commenté Aymeric Libeau. A ce sujet, la métropole de Grenoble a déjà annoncé sa volonté de faire bénéficier les particuliers et les entreprises d’une prime allant de 4 000 € pour un utilitaire et 6 000 € au-dessus de 2,5 tonnes et jusqu’à 7 200 € pour un véhicule particulier sous condition de ressource, dans le cadre du rétrofit.

Transition-One, l'ambition écologique
Transition-One est une start-up orléanaise fondée par Aymeric Lideau en 2018, dans le but de répondre à une urgence climatique. « Nous avons tout intérêt à cumuler toutes les solutions, que ce soit l’électrique neuf, l’éthanol et le rétrofit. », précise-t-il. Son entité, qui a déjà levé des fonds en faisant entrer Car Studio (l’incubateur de start-up du groupe Mobivia) comme actionnaire, a un business plan bien établi : Les citadines ! Le fondateur s’explique : « il y a déjà une majorité de rétrofiteurs qui agissent sur de la voiture ancienne dans une optique écologique mais également de préservation du patrimoine. Avec Transition-One, nous travaillons plutôt sur de la petite voiture récente, âgée de 5 à 12 ans et qui rejette entre une et 1,7 tonne de CO2 sur 10 000 kilomètres. Notre but est avant tout la mobilité écologique. » Mobilité, écologie et rapidité d’installation, sont les maîtres mots de Transition-One. Pour le moment, la start-up est capable de rétrofiter un véhicule en un peu moins de huit heures, déjà très rapide. Et pour 5000 euros. Toutefois, son fondateur projette de le faire en quatre heures grâce à des rétrofiteurs bien formés. Pour cela, Aymeric Libeau a pour ambition de fonder une Rétrofit Academy dans le but d’initier aux bonnes pratiques de l’électrification de voitures. Cela va de pair avec le modèle économique de la start-up, qui est de passer par un réseau d’installateur avec un maillage national. La priorité étant toujours d’être au plus proche des clients. L’enjeu maintenant c’est d’établir un processus pour former vite et bien les installateurs et leur permettre d’entretenir leurs compétences tout en pratiquant leur métier. « La France est un terrain d’essai pour nous », ambitionne Aymeric Libeau. La start-up souhaite s’étendre sur le sol européen et 100 000 véhicules rétrofités sur quatre ans. « Ce serait beaucoup pour nous mais pas énorme à l’échelle de l’Europe ou la France qui comptent respectivement 260 millions et 4 millions de véhicules. Donc les constructeurs n’ont pas à avoir peur de nous ! ».
>> Trois questions à :
« Nous proposons un kit et la main-d’œuvre à 13 900 euros », Joël Ricoveri, responsable technique du 2CV Mehari Club Cassis.
Qu’est-ce que 2CV Mehari Club Cassis ?
Une entreprise qui compte plus de 70 personnes et qui existe depuis plus de 30 ans. Notre métier premier est la fabrication et la vente de pièces détachées pour 2CV et Mehari. Et depuis 2017, nous nous sommes peu à peu tournés vers le véhicule neuf électrique car nous fabriquons et commercialisons notre auto 100% électrique, qui est notre Mehari Eden. Mais nous avons aussi le rétrofit comme activité récente.
Que représente le rétrofit pour vous ?
Nous comprenons que les mentalités évoluent et qu’il est de plus en plus délicat de rouler avec un véhicule ancien dans les grandes villes. Le rétrofit est donc la possibilité de convertir un véhicule thermique historique, en l’occurrence ce qui nous concerne des 2CV ou Mehari, en voiture électrique. Nous proposons alors un kit qui comprend une batterie et un moteur électrique, une BMS (liaison), trappe, etc.
Comment procédez-vous ?
Nos spécialistes agréés réceptionnent le véhicule en question, à savoir tous les véhicules qui ont une plateforme commune à la 2CV, et démontent le moteur thermique pour y intégrer notre kit. Environ trois jours suffisent pour réaliser cette prestation. A noter que l’autonomie atteint 130 à 140 km et que le temps de recharge se fait en 3h30 sur une prise secteur. Le prix est de 13 900 euros, main-d’œuvre comprise (hors prix véhicule). Nous estimons et espérons une aide de l’Etat qui sera autour de 5 000 euros pour les acheteurs. Nous attendons le feu vert mais les commandes sont déjà ouvertes.
