La fusion entre FCA et Renault en suspens
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La fusion entre FCA et Renault en suspens

L'offre de rapprochement proposée par Fiat Chrysler Automobiles à Renault, le dimanche 26 mai 2019, semblait bénéficier d'un alignement des planètes favorable. Pourtant, une semaine après, FCA s'est retiré du projet.

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Jean-Dominique Senard, président de Renault et John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli et actuel président d'Exor (qui détient FCA)

Thierry Buyse

FCA s'impatiente. Contre toute attente, Fiat Chrysler Automobiles a annoncé dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 juin 2019 le retrait immédiat de son offre de fusion avec Renault.
Alors que la création de ce géant de l’automobile aurait permis de devenir le troisième groupe mondial (8,7 millions de véhicules vendus), voire le premier, si l’ensemble avait intégré Nissan et Mitsubishi dans un second temps, le constructeur automobile italo-américain a fait savoir que même s'il "reste fermement convaincu de l'intérêt de son offre, les conditions politiques n’étaient actuellement pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement". Les discussions entre Renault et FCA ont donc capoté en raison d'une "position soudaine et incompréhensible de Bercy. Les exigences de chacun auraient conduit à cette situation dommageable pour toutes les parties", a affirmé à l'AFP une source proche de l'italo-américain.

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Bruno Le Maire a pris acte de cette décision

Faute d’obtenir un engagement rapide du groupe français, la décision aurait été prise après que l’Etat actionnaire à 15% eut demandé un report du vote du conseil d’administration de Renault sur le projet afin d’obtenir le soutien de Nissan. L'Etat cherchait également à obtenir des garanties sur l’emploi et les sites industriels en France ainsi que sur le versement de dividendes aux différents actionnaires.

Et en effet, quelques minutes seulement avant ce coup de théâtre (pour le coup officiel), Renault a fait part dans un communiqué distinct publié après six heures de réunion, que "le conseil d’administration n’a pas été en mesure de prendre une décision en raison du souhait exprimé par les représentants de l’Etat français de reporter le vote à un conseil ultérieur". Les administrateurs s’étaient réunis pour la deuxième journée d’affilée "afin de continuer à étudier avec intérêt la proposition de FCA concernant une potentielle fusion à 50/50".

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Le jeudi 6 juin 2019 au matin, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, a pris acte de la décision de FCA de se retirer du projet présenté dimanche 26 mai. Le projet avait pourtant été bien accueilli jusqu'alors par les actionnaires et analystes financiers. A la suite de ce retrait, les titres des deux constructeurs automobiles Renault et FCA se sont enfoncés respectivement de près de 7% à Paris et de 3% à Milan.

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"Décision précipitée de FCA"

Bruno Le Maire, s'exprimant au nom de l'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, avait posé quatre conditions à son feu vert dès la semaine dernière. Les trois premières étaient respectées (gouvernance équilibrée entre les groupes, garantie pour l'emploi et les sites industriels en France, participation au projet européen d'Airbus des batteries pour les VE). Restait à s'assurer que cette fusion respecte l'alliance avec Nissan et Mitsubishi. Il fallait notamment "l'aval explicite de Nissan". Et il avait mis en garde contre toute "précipitation". "Prenons le temps, pour faire les choses bien. C'est une opération de grande ampleur", avait ainsi déclaré le ministre. 

Le projet prévoyait la création d'une holding basée à Amsterdam et détenue à parts égales par les actionnaires de Renault et FCA.

La famille Agnelli, qui possède 29% de Fiat Chrysler, aurait vu sa part mécaniquement diluée à 14,5%, mais serait restée de loin le premier actionnaire, pesant près du double de l'Etat français qui serait tombé à 7,5% du capital.

L'actuel président de FCA John Elkann, petit-fils de l'emblématique président de Fiat Gianni Agnelli, était pressenti pour présider la nouvelle entité, tandis que son homologue chez Renault Jean-Dominique Senard aurait assuré la direction exécutive.

La fusion aurait créé un groupe de plus de 30 milliards d'euros de valorisation boursière, produisant 8,7 millions de véhicules par an. En y ajoutant les volumes de Nissan et Mitsubishi, les deux alliés japonais de Renault, l'ensemble aurait représenté près de 16 millions de véhicules par an, loin devant Volkswagen et Toyota (environ 10,6 millions chacun). L'idée était d'atteindre une taille critique permettant de financer sans problème les ruptures technologiques qui bouleversent l'industrie automobile : électrification, véhicules connectés, autonomisation de la conduite, mobilités partagées.

(avec AFP)